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Numérisation du Patrimoine : le chantier le plus long de l’Administration

Généralisée et coordonnée par le ministère de la Culture dès 1996, la numérisation des collections publiques fait l’objet d’une nouvelle impulsion.

Un très vaste chantier informatique, celui de la numérisation du patrimoine culturel, est piloté depuis 1996 non par la Direction des systèmes d’information (DSI) du ministère de la Culture, mais par une mission de recherche composée
d’une quinzaine d’ingénieurs . Il a vocation à ne pas avoir d’échéance.L’été dernier, le ministre Jean-Jacques Aillagon a décidé de donner un nouvel élan à ce programme en augmentant de 40 %, en 2003, les crédits qui lui étaient alloués et en valorisant le contenu numérisé sur le futur portail
Culture.fr, dont la mise en service est prévue pour ce printemps(1). L’enveloppe dévolue à la numérisation des fonds iconographiques, sonores et vidéo de l’Etat passe ainsi de 1,22
à 1,8 million d’euros, et les subventions liées à celle d’autres fonds progressent de 600 000 à 800 000 euros(2).

Diffuser la culture française au-delà des frontières

La numérisation, tâche qui consiste à concevoir des fichiers images, audio ou vidéo de documents choisis en établissant un lien avec des fichiers texte, n’est pas une fin en soi. L’objectif est de ‘ rendre ce
patrimoine culturel accessible au plus grand nombre, de porter la culture française au-delà des frontières. Internet constituant aujourd’hui un formidable vecteur pour cette diffusion,
comme le souligne Jean-Pierre Dalbera, chef de la
Mission de la recherche et de la technologie (MRT) du ministère. Il s’agit également d’exploiter ces ressources pour l’éducation, la recherche, le tourisme culturel…, et de fournir le contenu de base pour la vente de produits
dérivés, tels que CD-ROM, cartes postales ou catalogues d’exposition. ‘
Les établissements publics comme la Bibliothèque nationale de France (BNF), l’Institut national de l’audiovisuel (INA) ou la Réunion des musées nationaux (RMN), pionniers de la numérisation, tirent, en effet, une part importante de
leurs recettes de cette commercialisation. Comme l’a souligné le rapport Ory-Lavollée, paru en début 2002, les deux premiers demeurent les seuls à disposer d’‘ un véritable plan de numérisation et de diffusion intégré à leur projet
d’établissement ‘.
Ces grandes structures possèdent par ailleurs une organisation dédiée.Personne ne connaît cependant avec précision la taille du chantier. Au ministère de la Culture, on indique, par exemple, que la seule médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine comprend plusieurs dizaines de millions de
photographies. Le Patrimoine se compose également de manuscrits ou d’ouvrages que les bibliothèques et musées ne peuvent plus mettre à la disposition des chercheurs en raison de leur fragilité. En font également partie les Archives nationales ­
parmi lesquelles des anciens plans cadastraux ­, des registres paroissiaux, des archives sonores, des films, etc. On expérimente actuellement l’intégration, dans les fonds numérisés, d’édifices patrimoniaux en 3D.Après la phase des pionniers, une étape importante du chantier a été franchie en 1996 avec le lancement d’un plan national de numérisation des fonds appartenant à l’Etat. La MRT a ainsi financé à 100 % les initiatives de structures­
centres de documentation des Directions régionales des affaires culturelles (Drac), services d’archives, bibliothèques ou musées ­ dotées de moyens plus modestes que ceux des grands établissements publics. Elle a attribué des subventions aux autres
projets ­ fonds publics des collectivités locales ou privés d’importance nationale. Le processus s’est peu à peu industrialisé ­ notamment lorsque la société Jouve a remporté son premier marché national en 1998. L’opération de numérisation
proprement dite est en effet, dans les deux tiers des cas, sous-traitée à l’extérieur.

Des outils en ligne pour accompagner les utilisateurs

Depuis 1998, le développement d’internet a permis à la MRT de mieux encadrer la décentralisation des opérations. A l’intention des services utilisateurs ­ aujourd’hui, par exemple, une Drac sur deux dispose d’un responsable impliqué
dans la numérisation ­, la MRT a ainsi mis en ligne différents outils, comme l’annuaire des fonds français numérisés avec leur localisation. Ce qui permet, entre autres, d’éviter des doublons. Les utilisateurs y trouvent, notamment, des informations
juridiques ­ on numérise, en effet, en priorité des ?”uvres libres de droits, puisque la plupart de ces documents ont vocation à être ensuite diffusés sur l’internet ­ et des informations techniques ­ préconisation du standard XML (eXtensible
markup Language) pour faciliter l’échange et le partage de dossiers, par exemple.La mise en ligne de ces données complète des actions de formation des utilisateurs assurées par le ministère. ‘ Pour les services dépendant de l’Etat, nous avons recommandé l’envoi d’agents en formation. Des stages
différents étant prévus pour le responsable du service, le documentaliste et le photographe ‘,
précise Jean-Pierre Dalbera. Sur les aspects fonctionnels, les ingénieurs de la MRT ont pris en charge la formation de la première
vague d’utilisateurs dans les sites culturels décentralisés. Ces derniers ont ensuite formé leurs collègues. Dans les services, le chantier de la numérisation des collections a fait surtout évoluer le métier de documentaliste et de photographe.
Aujourd’hui, cinq cents personnes environ ont été formées.(1) Le ministère disposera de deux sites :l’un ‘ institutionnel ‘, l’autre ‘ documentaire ‘. Ce dernier regroupera toutes les informations sur la vie culturelle française.


(2) Ces sommes ne comprennent pas le budget ‘ numérisation ‘ des grands établissements publics, ni les aides des collectivités locales.

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Christine Peressini