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NSA : la surveillance téléphonique doit être « amendée » pas « supprimée »

Un ancien haut responsable des renseignements américains estime que le programme de surveillance des données téléphoniques doit être amené mais surtout pas fermé, car il revêt une valeur « inestimable ».

Michael Morell est l’ancien numéro deux de la CIA et était sorti de l’ombre en octobre dernier pour dire tout le mal qu’il pensait d’Edward Snowden lors d’une interview télévisée accordée à CBS. Pour lui, l’ancien prestataire de la NSA n’est ni un whistle blower, ni un héros, mais plus certainement un traître à la patrie. Une des dernières tâches en tant que numéro 2 de la CIA a été pour Michael Morell de dresser une estimation des dégâts causés par les révélations d’Edward Snowden.

Une valeur inestimable

Quoi qu’il en soit, Michael Morell a estimé, hier, mardi 14 janvier 2014, que le programme controversé de « métadonnées » téléphoniques de la NSA devait être amendé, mais pas supprimé. Une prise de position qui n’est pas anecdotique à trois jours de l’annonce de réformes de la NSA que devrait proposer Barack Obama.
Michael Morell, ancien directeur adjoint puis par intérim de la CIA, témoignait devant le Sénat américain avec les quatre autres experts membres de la commission chargée par le président Obama de formuler des propositions de réforme. Leur rapport, rendu public en décembre, préconise 46 changements plus ou moins importants. « Il suffit que le programme soit utile une seule fois pour qu’il soit inestimable », a déclaré Michael Morell lors de l’audition. « Il a le potentiel d’empêcher un attentat catastrophique aux Etats-Unis ».

Plus de transparence et de contrôle

Mais les experts ont estimé en décembre que le programme, qui permet à l’Agence nationale de sécurité (NSA) de stocker cinq ans de données sur l’ensemble des appels téléphoniques passés aux Etats-Unis (numéros appelés, horaires, durée, mais pas le contenu des conversations), devait être modifié pour en améliorer la transparence et empêcher de futurs abus.
Selon eux, le stockage de ces données doit se faire chez les opérateurs et non plus dans les serveurs de la NSA. La NSA n’y aurait accès qu’après validation d’un juge. « Notre inquiétude, fondée sur notre histoire constitutionnelle, est que l’Etat peut faire bien plus de mal en abusant des informations en sa possession que ne le peuvent des entités privées », a expliqué Geoffrey Stone, professeur de droit à l’Université de Chicago et expert des questions constitutionnelles. « Nous estimons donc que l’Etat ne devrait pas avoir en sa possession ces informations car il existe toujours la possibilité que quelqu’un, un jour, y voit l’opportunité de récupérer des informations pour salir des individus, des organisations ou leurs associés. C’est un danger que nous voulons éviter », a-t-il ajouté.

Des frontières ténues

L’administration Obama, comme celle du président George W. Bush, à l’origine du système, considère que le stockage des métadonnées ne constitue pas une violation de la vie privée puisque les conversations ne sont pas enregistrées. Selon Michael Morell, la frontière entre « contenu » et « métadonnées » est toutefois ténue. « Il s’agit plutôt d’un continuum », a-t-il souligné. « Quand on a le détail des appels téléphoniques passés par un individu donné, on peut apprendre énormément de choses sur cette personne ». Après plusieurs mois de réflexion, déclenchée par les révélations de l’ex-consultant de la NSA Edward Snowden depuis juin, Barack Obama présentera vendredi à Washington ses pistes de réforme des programmes de surveillance américains.

En attendant la classe politique américaine se déchaîne, certains souhaitant non seulement des réformes profondes mais une révision complète des modes de fonctionnement interagences. L’objectif étant que les informations soient plus cloisonnées et donc mieux protégées. Des sénateurs ont même porté plaintes contre la NSA pour violation de la vie privée, notamment. A la plus grand colère d’autres sénateurs qui voient dans ces prises de position une trahison indigne d’un élu américain…

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Pierre Fontaine, avec AFP