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Network Appliance se lance malgré lui dans le SAN

Le champion du NAS attaque, contraint, le marché du Fibre Channel. Objectif avoué : générer plus de revenus.

Vous avez critiqué pendant des années le SAN, et en particulier le Fibre Channel (FC). Aujourd’hui, vous lancez une baie FC. Comment expliquer ce paradoxe ?Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je me sens bizarre… En effet, pendant cinq ans je n’ai fait que dénigrer le SAN ! Je vous répondrai par une anecdote. Il y a dix-huit mois, lors d’une réunion de notre conseil d’administration, Don Valentine, le président de Cisco, nous a demandé si nous avions des clients qui utilisaient FC. Nous lui avons alors répondu que certains d’entre eux aimeraient qu’on leur vende du FC, mais que nous pensions qu’Ethernet était meilleur. Don nous a alors donné le conseil suivant : “Dans cette économie, si vos clients sont prêts à vous donner de l’argent, je vous recommande de le prendre.” C’était si simple ! Finalement, la question n’est peut-être pas de savoir ce qui est meilleur, mais ce que le client préfère avoir.Vos perspectives de croissance n’étaient-elles pas limitées dans la mesure où le NAS n’est pas vraiment adapté à des bases impliquant de fortes capacités de stockage ?Je ne suis pas d’accord. Certains de nos clients utilisent nos systèmes pour stocker des bases avoisinant le petaoctet. En fait, toutes les applications peuvent tourner dans les deux modes ?” SAN ou NAS. L’une des rares exceptions porte sur Exchange 2000, qui ne fonctionne qu’en mode bloc. Dans ces conditions, il est vrai qu’il leur est difficile de faire totalement confiance à une entreprise qui ne propose qu’un seul modèle ?” en l’occurrence, le NAS.Votre manque d’expérience dans la connectivité et l’intégration de SAN ne risque-t-il pas de vous pénaliser ?Notre expérience en la matière n’est pas totalement vierge. D’abord parce que, depuis plus de cinq ans, nous utilisons des disques FC et que, par conséquent, nous devons équiper nos machines de cartes HBA (Host Bus Adapter ?” NDLR) d’origine Emulex ou QLogic. Ensuite parce que, depuis un à deux ans, nous nous connectons à des commutateurs FC pour sauvegarder les données de nos serveurs de fichiers vers une bandothèque connectée au SAN. Enfin, pour ce qui concerne l’intégration, la plupart de nos partenaires ont des compétences dans les SAN. Il n’en demeure pas moins que nous sommes intéressés par des partenariats avec les revendeurs de baies Clariion d’origine EMC, qui vivent mal la concurrence de Dell.Vous proposez à la fois des interfaces iSCSI (*) et des interfaces FC. Allez-vous privilégier les SAN sur IP par rapport aux SAN sur FC ?Non. Notre virage vers FC est venu d’iSCSI. Au même titre que NFS, CIFS, FTP, HTTP et, maintenant, TCP, nous voyons iSCSI comme un nouveau protocole IP, que nous souhaitons pousser. Or, nous avons réalisé que nous pouvions encapsuler du SCSI sur FC de la même manière que nous l’avions fait sur IP avec iSCSI. Au final, c’est le client qui choisira la couche de transport.Votre nouvel outil d’administration, Data Fabric Manager, ne fonctionne qu’avec vos systèmes. Vous ne vous lancez donc pas dans un framework d’administration multi-plate-forme ?Non. Les constructeurs ne devraient pas administrer le matériel des autres. En ce qui nous concerne, nous adoptons la même attitude que Cisco : il livre ses outils pour ses propres machines, mais s’en remet à des éditeurs comme HP, Computer Associates ou Tivoli pour gérer des parcs de routeurs hétérogènes. De la même façon, nous préférons passer par des partenaires. Au dire des analystes, EMC ne peut pas gagner face à ces éditeurs qui ne sont pas seulement positionnés dans le stockage. Car les utilisateurs ne se satisfont pas de solutions cantonnées au stockage. Ils veulent qu’elles soient également ouvertes au réseau, aux systèmes Unix ou aux mainframes…Pensez-vous dissocier un jour votre logiciel de votre matériel ? Autrement dit, proposer des têtes NAS qui fonctionneraient au-dessus d’un SAN ?Nous n’en parlons pas aujourd’hui, mais nous y pensons. Vous posez en réalité la question de l’intégration du SAN et du NAS. En fait, je pense que, dans cinq ans environ, il n’y aura plus de raisons de séparer les deux architectures. Le fait de les réunir dans une même boîte générera des économies en termes d’administration, d’espace de stockage, de formation, etc.(*) La norme iSCSI n’étant pas complètement aboutie, Network Appliance propose, en attendant, son propre protocole pour encapsuler les blocs SCSI sur IP.

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Vincent Berdot