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Municipales : les candidats à la traîne sur le web !

Pierre Guillou coache les hommes politiques sur leur stratégie de web campagne. Si les candidats ont compris l’importance d’être présents sur internet, ils restent méfiants vis-à-vis d’outils qu’ils ne maîtrisent pas encore. Interview.

Pierre Guillou dirige la société Idéose qu’il a fondée en 2009 pour conseiller et former élus et collectivités locales au web. Il est sollicité depuis l’année dernière pour des sessions de coaching à destination des candidats aux municipales.

01net : Qu’y a-t-il de nouveau dans cette campagne municipale 2014 ?

Pierre Guillou :  Les candidats ont désormais à peu près tous une présence sur Facebook, Twitter, ainsi qu’un site Internet. Ce package apparaît maintenant comme une obligation minimale : c’est une première. La plupart utilise aussi le web comme outil de veille. Et cela ne dépend pas forcément de la taille de la ville. Je compte dans mes clients le maire d’une ville de 5000 habitants, par exemple.

Est-ce que les candidats comptent tous des spécialistes du web dans leur équipe ?

Non, les responsables numériques sont réservés aux campagnes des grandes villes. Parce que les autres candidats n’en ont pas forcément les moyens et qu’il y a encore une faible compréhension de l’apport potentiel du web comme outil de travail. Alors, la stratégie web échoit parfois au responsable informatique ou à celui qui aime bien aller sur Facebook, malheureusement. C’est dommage parce qu’avec davantage de professionnalisme, on peut faire beaucoup. Mais en France, les hommes politiques continuent encore trop de faire des campagnes à l’intuition. Sauf que cela n’est pas très efficace de distribuer 1000 tracts au hasard dans la rue !

Qu’est-ce que le web permet de faire, justement ?

De qualifier les bases de données. Ne serait-ce que sur un e-mailing, on peut savoir qui a ouvert, qui a cliqué sur les liens, etc.. On peut aussi savoir qui a liké tel contenu sur Facebook, par exemple. De cette manière, on sait si les gens ciblés ont été atteints par un message. Il y a beaucoup d’outils statistiques à exploiter.

Avez-vous repéré des usages innovants ?

Pas encore. Youtube et Dailymotion sont utilisés comme plateformes de stockage de vidéos et parfois Flickr pour les photos. Je rencontre des résistances quand je propose d’utiliser Google Hangouts. Là encore, il y a réticence à faire de la vidéo en live parce que cela représente une certaine prise de risque. Et puis cela demande de la préparation et du temps. Je pense aussi que la géolocalisation des photos sur Instagram est sous-exploitée : elle permet de montrer, par exemple, sur une carte, que le candidat est allé partout dans une ville.

Les candidats sont-ils rompus aux réseaux sociaux ?

Non. La plupart du temps, c’est quelqu’un de leur équipe qui gère pour eux leurs comptes et parle en leur nom. Ils n’ont pas encore compris que c’est à eux aussi de dialoguer avec le public. A part certains, comme Anne Hidalgo, par exemple qui se prête au jeu en tweetant des coulisses avant une émission TV. Il y a deux explications à cela. Beaucoup ont peur de perdre le contrôle en s’exprimant sur les réseaux sociaux. J’avais un client qui avait fait une bourde en postant un message sur Facebook. Sa première réaction a été de vouloir fermer les commentaires ! L’autre raison, c’est qu’ils ont une image erronée de ce que peut apporter Facebook ou Twitter qui ne sont pour eux qu’un moyen de faire du buzz. C’est une erreur. Mais je pense que cela va changer même si cela va prendre encore un peu de temps.

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Amélie Charnay