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Multiaccès: une histoire de coût

Les architectures 3-tiers du web se prêtent mieux à la publication d’un même contenu sur différents périphériques. Elles limitent les investissements et les temps nécessaires au développement d’une nouvelle logique applicative.

Selon le cabinet d’analyse GfK, seulement 20 % du milliard d’internautes en 2005 utiliseront un ordinateur. Les autres seront équipés de périphériques mobiles, téléphones et assistants personnels de poche (40 %), consoles de jeux (22 %) et décodeurs numériques (13 %). Dans son étude, Les perspectives du contenu payant en Europe, le cabinet Jupiter estime qu’en 2006 le marché du contenu sur mobiles générera 3,3 milliards d’euros contre 1,7 milliard d’euros sur PC.

Automatiser la publication

De plus en plus d’entreprises adaptent en effet leur existant au multiaccès grâce à des solutions capables de récupérer les développements et de les transformer en fonction du périphérique ciblé. Critique, cette récupération peut peser très lourd sur des projets pour lesquels il faut compter au moins 70 000 euros (licences et mise en ?”uvre). Ce coût est un élément d’autant plus important que, comme le souligne Antoine Boulin, directeur des opérations de BuyCentral, site spécialisé dans la comparaison de prix, “la rentabilité du modèle économique est loin d’être assurée”. La société a d’ailleurs abandonné son projet de publication sur WAP. “Nous avons testé la plate-forme MoVie d’Ubicco et les résultats, d’un point de vue purement technique, étaient plus que probants, explique Antoine Boulin. Nos applications ont été développées pour le web et passer du HTML à une autre forme de publication est très facile à réaliser.” La plupart des solutions de publication multiaccès se greffent en effet sur le serveur d’applications ou le serveur web afin de récupérer la logique applicative. Des feuilles de style transforment ensuite le contenu en fonction du périphérique ciblé. Cette approche favorise la récupération de développements existants, évitant de perdre du temps et de l’argent en codage d’applications spécifiques. Spécialisées dans le multiaccès, les solutions de Wokup!, par exemple, se greffent sur les serveurs d’applications compatibles J2EE. Les pages HTML renvoyées par le serveur d’applications sont donc traduites en WML (Wireless Markup Language), une transformation du contenu étant opérée au passage afin de tenir compte des capacités d’affichage et d’ergonomie du périphérique. “Grâce aux feuilles de style, nous avons divisé les temps de développement par cinq, ce qui induit une économie importante sur le coût global du projet”, explique Philippe Noléo, chef de projet sur le portail WAP et PDA d’Orange MIB destiné aux clients du réseau Orange et qui agrège des informations émanant de différents partenaires. “Il ne nous a fallu que deux mois pour mettre en ?”uvre les services WAP avec une équipe de dix personnes alors que le portail regroupe des contenus variés, tels que des actualités, des outils de calculs financiers et même des bandes dessinées. La richesse du catalogue des feuilles de style de Wokup!, spécifiques à chaque périphérique, a pesé dans le choix de notre solution.”Mais toutes les architectures existantes ne s’appuient pas forcément sur un serveur d’applications. L’entreprise doit alors attaquer directement la source de données, solution plus onéreuse car la logique applicative doit alors être redéveloppée. Client depuis près de dix ans de 123Multimédia, qui loue sa propre plate-forme multiaccès et développe des applications qu’elle commercialise auprès de ses clients, Telefun, filiale d’Orbus et éditeur des produits interactifs pour les radios SkyRock et Chante France, insiste sur l’indépendance entre les couches données, traitements et publication. “Ce n’est qu’à cette condition qu’on peut appliquer différents traitements à une même source de données en fonction du périphérique cible tout en minimisant les coûts de développement, estime Franck Cheneau,directeur opérationnel de la société. Mais cette indépendance ne signifie pas ” étanchéité ” entre périphériques. Il faut absolument préserver la possibilité de coupler les médias. Par exemple, un joueur doit pouvoir opter pour le support qui lui convient, conserver les points acquis sur le web ou le Minitel et récupérer le jeu au stade où il en était.”

Ne pas mésestimer les tests

La seconde difficulté rencontrée, également facteur de coût, tient à la jeunesse des supports et à leurs capacités ergonomiques réduites. Pour Philippe Noléo, “il ne faut pas sous-estimer l’étape de maquettage pendant laquelle l’entreprise va tester différents scénarios pour vérifier l’adéquation de son application au périphérique ciblé. Il ne suffit pas de reproduire le contenu web tel quel sur un téléphone mobile. Chaque périphérique a ses spécificités et ses contraintes”. Afin d’aider ses clients, Wokup! a élaboré une sorte de charte de règles à respecter sur les nouveaux périphériques.Telefun a, lui, choisi de partager les risques en louant sa plate-forme et en codéveloppant ses applications pour Minitel et serveur vocal avec 123Multimédia plutôt que de tout gérer en interne. “Toutes les applications sont développées en partenariat : nous établissons le cahier des charges, 123Multimédia développe à ses frais et exploite ensuite l’application auprès d’autres clients, explique Franck Cheneau. Ils nous proposent aussi des applications génériques que nous personnalisons.”

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Marie Varandat