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Mon serveur à moi

Pour jouer ou stocker des données, de plus en plus de particuliers s’offrent un serveur hébergé dans un datacenter. Le marché, tiré par des coûts toujours plus bas, croît à toute vitesse. En attendant les pays émergents.

Dallas. La capitale du Texas, le pays de ‘ Deubliou ‘, des cow-boys et… des serveurs. A la sortie de la ville américaine, dans des hangars reconvertis en datacenters, des dizaines de milliers de
machines, reliées au réseau à plusieurs gigabits par seconde, inondent Internet de données.Dans toutes les périphéries des grandes villes américaines, on trouve des dizaines de datacenters identiques, entassant (parfois à même le sol) des centaines de milliers de serveurs. Que contiennent-ils ? Les
bases de données de grandes entreprises ? Les serveurs de messagerie des plus grands groupes de communication ?Non, pas du tout. La plupart d’entre eux sont loués à des particuliers, des gens normaux comme vous et moi. Certains de ces serveurs sont utilisés comme des serveurs de jeux, d’autres pour stocker des fichiers (rien
d’illégal… on présume), bref du tout-venant numérique.Le coût de ces serveurs, aux États-unis, a largement baissé. Il y a encore deux ans, il fallait débourser 150 dollars chaque mois pour s’offrir un petit chez-soi virtuel. Aujourd’hui, certaines sociétés comme
ServerPronto.com et EV1.net cassent les prix, avec des machines sous Windows (donc accessibles à tous) bien configurées pour seulement 39 dollars.En Europe, une tendance identique se dessine. Amen a récemment lancé des machines sous Windows Server 2003 à 49 euros pour 1 000 Go de données transférées chaque mois. L’allemand 1&1 est en passe de
l’imiter. Ce qui met le serveur à la portée de tous, ou presque.Comme tout un chacun possède aujourd’hui une page perso ou un blog, parions que, dans les années à venir, chaque internaute aura un serveur, bien rangé, climatisé et entretenu par des personnels compétents. Une immense
opportunité d’affaires pour des start-up : la bande-passante ne coûte plus rien ou presque aujourd’hui (faillites des opérateurs télécoms aidant), les serveurs d’entrée de gamme non plus (déconfiture de certains
constructeurs).Et l’on trouve quantité de matériels réseau sur le marché gris, ainsi que des salles blanches libres un peu partout. Une seule inconnue subsiste : une fois que les pays émergents seront reliés au réseau, qu’est-ce-qui
les empêchera de venir concurrencer les cow-boys de Dallas, en proposant des serveurs deux fois moins chers (c’est une règle lorsque vous êtes un pays émergent, vous devez être deux fois moins cher !) ?Dans quelques années, peut-être que tous ceux qui en ont les moyens auront leur serveur à Delhi, tandis que les plus pauvres dormiront dans les grands hangars désaffectés de la banlieue de Dallas. Espérons que la climatisation sera
arrêtée…* Rédacteur en chef délégué de L’Ordinateur Individuel

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Alain Steinmann*