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Malgré ses performances, AMD reste rare en entreprise

La qualité des processeurs AMD n’est plus à démontrer. Mais le manque de plates-formes professionnelles fonctionnant avec des K6 ou de l’Athlon, pousse les entreprises à s’équiper en Intel.

Dans le petit monde des fabricants de processeurs, Intel garde une position dominante. Certes, la course au gigahertz a été gagnée par AMD, mais le marché des entreprises reste la chasse gardée du fabricant du Pentium et du Celeron. Et l’on trouve peu de petites et moyennes entreprises équipées de portables, ordinateurs de bureau ou serveurs fonctionnant avec des processeurs AMD. Sont-ils victimes de leur image grand public ? “Le K6 est bien adapté aux produits multimédias et donc à une utilisation familiale”, estime Fabrice Martin, responsable micro des Bijoux Altesse, PME située en Ardèche et employant 360 personnes, pour un chiffre d’affaires de 202 millions de francs (31 millions d’euros). Un appel à un revendeur suffit pour confirmer cette étiquette. Dès qu’une grande marque propose un ordinateur avec un processeur AMD, il s’agit de la gamme grand public. “Notre parc de 80 machines est composé presque en totalité d’ordinateurs équipés de processeurs Intel. La raison n’est pas forcément liée à l’utilisateur, mais plutôt au choix que nous proposent les constructeurs”, explique Fabrice Martin.
Nous achetons notre matériel informatique dans une centrale d’achat. Elle ne nous propose que du matériel de marque, donc à 100 % équipé d’Intel”, remarque, lui aussi, Guy Forafo, responsable du parc micro de la caisse d’allocations familiales du Calvados, située à Caen (650 personnes).

L’équipement suit le marché

À la direction de la recherche de la SNCF, située dans le 8e arrondissement à Paris (80 personnes), la configuration du parc bureautique est identique. “Nous avons récemment éliminé nos derniers 486. Aujourd’hui, en bas de gamme, nous avons du Pentium à 133 MHz et de plus en plus de Pentium 360 MHz. Nous nous équipons avec ce que nous trouvons sur le marché…”, raconte Alain Berguerand, responsable informatique à la direction de la recherche de la SNCF. Quant aux stations Unix, utilisées pour le calcul scientifique, elles sont, en général, équipées de processeurs Alpha.
Pourtant, techniquement, il semble qu’AMD n’ait rien à envier à Intel, et les utilisateurs ne sont pas opposés à équiper l’entreprise de machines à base de ce type de processeur. “Les performances entre les offres d’AMD et d’Intel sont identiques, voire supérieures pour les premières. Si les constructeurs, et donc notre centrale d’achat, nous proposaient de l’AMD, nous l’utiliserions”, remarque Guy Forafo. D’ailleurs, il y a trois ans, lorsqu’il a fallu recycler une cinquantaine de PC 486 de chez Compaq, le responsable a testé la compatibilité et les performances des overdrives Intel et AMD proposés par le revendeur Génération Net, situé à Caen. Pour les deux solutions, les résultats étaient pratiquement identiques, en revanche, le coût était largement en faveur d’AMD : “La différence de prix atteignait 25 à 30 %. Nous n’avons donc pas hésité. Ces postes sont passés de processeurs à 33 MHz à 133 MHz. Nous avons pu utiliser Windows NT sur ces vieilles machines. Nous n’avons rencontré aucun conflit avec la carte mère ou les différents pilotes de la configuration d’origine”, raconte Guy Forafo. Et même si l’Athlon à 700 MHz bénéficie d’une excellente image auprès de nombreux assembleurs et revendeurs, qui le déclarent plus performant que le Pentium à 700 MHz, les conflits matériels sont l’une des inquiétudes des utilisateurs, la plupart des pilotes étant précompilés pour les processeurs Intel. Certains logiciels sont également visés, par exemple, ceux d’Adobe, optimisés pour une utilisation avec des processeurs Intel. Un frein qui n’a pas empêché la direction de la recherche de la SNCF de s’équiper d’Athlon à 700 MHz. “Dans nos salles communes, nous avions besoin de PC relativement puissants pour du calcul statistique ou de la compilation. Ils devaient être multisystèmes (Windows NT, Linux) et même faire office de terminaux X. Notre assembleur, Transtec, nous a proposé des ordinateurs avec 256 Mo de mémoire, un lecteur Zip, etc. , et un processeur Athlon à 700 MHz. A priori, je n’avais pas de réticence, mais j’ai tout de même demandé s’ils n’avaient pas rencontré de problèmes avec ces configurations, raconte Alain Berguerand. Mais, si nous envisageons au cas par cas d’utiliser de l’AMD, nous cherchons à être le plus standard possible. Aujourd’hui, dans le monde de l’entreprise, cela signifie s’équiper en majorité en Intel”, renchérit-il.

Des PC professionnels AMD en 2001

Fabrice Martin, des Bijoux Altesse, reste très réservé quant à l’utilisation de processeurs AMD dans son entreprise : “Certes, les configurations avec de l’AMD sont moins chères qu’avec de l’Intel, et les performances sont équivalentes. Il n’empêche qu’Intel a une très forte image de stabilité. Et quand on voit que des acteurs comme Cyrix ont disparu du marché… Il faudrait que les constructeurs se décident à passer le pas et à proposer des gammes professionnelles en AMD”, explique le responsable micro. Un mouvement qui commence, généré par les difficultés de production que rencontre Intel. Quant à AMD, il confirme sa volonté de pénétrer peu à peu le marché de l’entreprise. D’ailleurs, aux États-Unis, Compaq vient d’annoncer la disponibilité du portable professionnel Compaq Notebook 100 PC, équipé d’un processeur AMD K6 cadencé à 475 MHz. De même, Systemax, constructeur de PC New-Yorkais, propose un ordinateur de bureau de la gamme professionnelle avec l’Athlon à 1 GHz. Selon AMD, le marché français verra arriver les premiers ordinateurs professionnels de grande marque griffés ” AMD Inside “, dès l’année prochaine.

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STÉPHANIE RENAULT