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Linkers de DS : Nintendo ne renonce pas à faire condamner les distributeurs

Le procureur de la République et Nintendo font appel de la décision de justice du 3 décembre. La légalité des linkers de DS sera à nouveau discutée devant un tribunal.

Première publication le 4 décembre (15 heures)

Piratage : les linkers de DS échappent à l’interdiction de vente
Le tribunal de grande instance de Paris a débouté Nintendo dans une affaire de contrefaçon. Le japonais accusait plusieurs grossistes et détaillants de vendre des cartouches illicites faisant tourner des jeux pirates.

Les vendeurs de linkers pour DS ont poussé un gros « ouf » hier, jeudi 3 décembre 2009. Ils peuvent poursuivre la commercialisation de ces petites cartouches, très prisées par les amateurs de la console de Nintendo (notamment pour faire tourner les jeux pirates), sans être inquiétés par la justice.

Le tribunal de grande instance de Paris (1) leur a en effet donné raison dans une affaire de contrefaçon qui les opposait à Nintendo depuis 2007. Il accusait plusieurs détaillants et grossistes (2) de « complicité de contrefaçon de jeux, d’importation de marchandise contrefaite, de commercialisation du logiciel de contournement du dispositif technique de protection et de contrefaçon de droits d’auteur sur le logiciel interne », de la DS. Le japonais, qui réclamait de lourds dommages et intérêts, a été débouté de ses demandes. Ce vendredi matin, il n’a pas indiqué s’il allait faire appel de cette décision.

Depuis plusieurs années, les linkers se sont taillé une réputation très controversée (lire cette article sur les linkers). D’un côté, ils permettent aux développeurs de faire tourner des « home brew », des applications maison légales (plusieurs milliers de ces logiciels seraient disponibles). De l’autre, ils offrent la possibilité d’utiliser sur la DS des copies de jeux pirates largement disponibles sur Internet.

C’est bien évidemment cet aspect qui a déclenché l’ire de Nintendo. Par deux fois, en 2007 et en 2008, le japonais a fait saisir de grosses quantités de ces cartouches en vente sur le Web et en boutiques.

Copie de sauvegarde et home brew

Cette décision de justice est un revers important pour le spécialiste du jeu vidéo. Il espérait bien qu’une condamnation et que le paiement de lourds dommages et intérêts auraient un effet dissuasif sur les revendeurs de linkers. Dans le camp opposé, on est bien évidemment satisfait. Installé à Strasbourg, le distributeur Assentek.com a publié un communiqué dès jeudi après midi, se réjouissant que ses arguments « qui n’avaient pas d’écho du côté de Nintendo France », aient convaincu le tribunal. « Nous avons défendu le droit à la copie de sauvegarde et la possibilité d’utiliser des applications tierces, les home brew », insiste Walter Rei, gérant d’Assentek.

Le distributeur a repris la vente des linkers, interrompue depuis 2007. Mais cette parenthèse de près de deux ans aura eu un impact important sur son chiffre d’affaires, en baisse de près de 50 %, notamment à cause de la chute des ventes d’accessoires associées à celles des linkers. Egalement dans le camp des accusés, Divineo, lui, compte tourner définitivement la page des linkers. Le grossiste et détaillant d’accessoires pour consoles, qui avait interrompu leur vente en 2007, ne devraient pas la reprendre, afin de ne pas davantage brouiller ses relations avec Nintendo.

Reste que l’action de Nintendo contre ces sociétés aura eu un effet contraire à celui recherché par le japonais. De nombreux sites, pilotés depuis l’étranger, ont profité du vide pour s’installer sur le marché français, en tirant même les prix vers le bas. Bref, la bataille de Nintendo ne fait que commencer.

(1) A l’heure où nous écrivons cet article, nous ne sommes pas en possession du jugement. Les informations dont nous disposons proviennent des sociétés impliquées dans l’affaire. Nintendo France n’a pas répondu à nos demandes de renseignements.
(2) Les sociétés enseignes poursuivies par Nintendo sont, par ordre alphabétique, Absolute Games, Assentek (Novacorp), Divineo, FL Games, Hobby One.

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Stéphane Long