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L’Etat va dépenser 220 000 euros pour de la ‘ veille d’opinion ‘ sur Internet

Deux ministères ont passé un appel d’offres pour repérer les leaders d’opinion et garder un oeil sur les internautes.

En ces temps de réduction drastique des effectifs (11 200 suppressions de postes à la rentrée 2008 pour le ministère de l’Education nationale) et de restriction budgétaire, c’est le type d’initiative qui fait un peu
‘ tâche ‘ dans la communication gouvernementale.La délégation à la communication des ministères de l’Education et de la Recherche vient de lancer un appel d’offres de veille de l’opinion dont le ‘ cahier des clauses particulières ‘ vient d’être publié au
Journal officiel (JO). Le site Rue89.com avait révélé cette information lundi 10 novembre 2008.L’initiative du gouvernement porte sur la période courant du 1er janvier au 31 décembre 2009 et ses principaux objectifs sont les suivants : identifier (sur Internet) les thèmes stratégiques, analyser les sources
structurant l’opinion, repérer les leaders d’opinion, les lanceurs d’alerte, analyser leur potentiel d’influence et leur capacité à se constituer en réseau, anticiper les risques de contagion et de crise…

Syndicat surpris

Au final, ce travail de veille qui consiste à garder un ?”il sur les blogs, les sites participatifs mais aussi les médias traditionnels en ligne, devrait être attribué à un prestataire privé pour un montant total de
220 000 euros HT annuels. Rue de Grenelle, au siège du ministère, on relativise la portée de la démarche : ‘ Tous les grands ministères ont leur dispositif de veille média. Et en ce qui nous concerne, cela
existe depuis 2006, cela remonte donc au temps de Gilles de Robien
[ministre de l’Education nationale de 2005 à 2007, NDLR], avec un élargissement de la mission à Internet depuis l’année dernière. Et l’ensemble constitue une
aide précieuse pour comprendre comment est perçue la politique du ministre. ‘
Le dernier appel d’offres en date revendiqué par le ministère, et dont nous n’avons pu retrouvé trace, aurait été remporté par le cabinet I&E Décision, qui n’était pas joignable sur ce sujet aujourd’hui.Au SNES-FSU, le syndicat des enseignants du second degré on affirme avoir ignoré jusqu’à l’existence même de cette initiative pour les années précédentes. ‘ On ne peut pas tout savoir. Mais l’avantage dans le
domaine des conneries, c’est qu’il n’y pas de prescription,
ironise Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES-FSU. Au-delà, cela nous interpelle sur au moins deux points. ‘‘ Tout d’abord, on pourrait penser, à tort peut-être, que pour avoir une vision précise de son secteur, un ministre dispose toujours du dialogue social et de la concertation avec les élus du personnel. Par
ailleurs, le second point c’est que l’on ne voit pas bien le rôle de la délégation à la communication du ministère dans tout ça s’il faut faire appel à une entreprise privée pour effectuer ce type de travail ! ‘
En
attendant, les blogueurs n’ont qu’à bien (mieux ?) se tenir.

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Philippe Crouzillacq