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Les technopoles lèvent leurs filets dans les eaux de l’après-bulle

Dans la foulée du déclin des start-up, beaucoup prédisaient la fin de ces techno-infrastructures. Pourtant, avec près de 600 sociétés créées en leur sein en 2001, leur potentiel reste entier.

Septembre 2002, technopole de Rennes Atalante. Dans les locaux de Wokup, une quarantaine de personnes travaillent d’arrache-pied. Fort de ses 13,2 millions d’euros levés en janvier à l’occasion de son deuxième tour de table, la start-up positionnée sur le multi-accès peaufine sa stratégie de développement outre-Atlantique. Que de chemin parcouru en deux ans ! “Spin-off de France Telecom, nous voulions absolument nous implanter dans une technopole afin de recruter facilement des profils d’ingénieurs. De même, la présence de grandes entreprises devait nous permettre de démarrer plus rapidement”, se souvient Daniel Gerges, cofondateur de Wokup. S’installer dans une technopole serait-il une garantie de succès ? Loin s’en faut. À Atalante encore, Driad Studio, une société développant une technologie 3D pour les jeux vidéo, a déposé le bilan l’année dernière, faute d’avoir pu lever des fonds. Et la liste des malheureux est longue…

Des aimants à projets

Entre les mauvaises fortunes et les success stories, difficile d’évaluer l’état de santé réel des technopoles. Lors de son congrès annuel en juillet 2002, France Technopoles Entreprises Innovation a publié son dernier recensement. Les 42 technopoles du territoire français comptabilisaient 9 320 sociétés pour 172 500 salariés. L’année passée, 590 sociétés ont été créées au sein des technopoles, contre 650 en 2000. Si la création d’entreprises fléchit, elle reste plus dynamique qu’en 1999, puisque seulement 470 nouvelles raisons sociales avaient vu le jour cette année-là. Les entrepreneurs cherchent à s’installer dans ces techno-infrastructures, dans la mesure notamment où elles présentent l’avantage de ne pas les soumettre uniquement à la loi du marché. François Kester, directeur général de Côte d’Azur Développement, une société en charge de la communication de Sofia-Antipolis, le confirme : “Nous avons toujours un flux de projets, même si le mouvement est moins fort. L’effondrement des start-up nous a peu touchés, car Sofia abrite des sociétés plus technologiques que marketing.” Le responsable de cette entreprise passe cependant sous silence la disparition de Wwwhoosh France, un accélérateur de web, Vistaprint, l’imprimerie via le net, Worldres, un système de réservations hôtelières, et Ettex la place de marché B to B à destination du monde du textile…Il n’en reste pas moins que les technopoles continuent d’attirer des porteurs de projets. À Rennes Atalante, sur les 37 nouvelles sociétés implantées en 2001, 21 étaient des créations. “Les implantations sont moins nombreuses, mais la création existe toujours. La technopole vit plus du développement de projets émergents que de l’arrivée de filiale de grands comptes”, constate Corinne Bourdet, directrice de la communication. Un état de fait qui n’est pas dû au hasard.

Parer à la pénurie d’idées

Les technopoles et leurs réseaux se démènent pour attirer “le chercheur-entrepreneur”, image de la région oblige. Exemplaire, l’université de Lille-1 a recruté un conseiller en projets émergents chargé d’étudier le potentiel économique de technologies développées au sein des laboratoires. Et Martine Switek, vice-présidente de Lille-1 et présidente de la technopole Lille Métropole, d’expliquer : “Les idées manquent. Ici, nous avons mis en place un “préincubateur” en quelque sorte. Nous mettons à disposition des chercheurs 250 m2 avant que ceux-ci ne s’orientent vers les incubateurs de la région, Miti et Eurasanté. Nous avons à ce jour 12 projets en préincubation.” Les technopoles ne se contentent pas d’héberger les start-up, elles accompagnent la création d’entreprise. Ainsi, la jeune technopole de l’Aube, qui crée environ cinq entreprises par an, a mobilisé un réseau de 150 experts bénévoles. Des cadres supérieurs qui aident les entrepreneurs à monter leur business plan, réaliser des études de marchés… Rennes Atalante va même jusqu’à financer ces études sous forme de prêts remboursables dans les trois premières années de la vie de la société. Une aide appréciée. “Nous avons obtenu la moitié de nos contacts vers les financiers, les experts, ou même les clients grâce à l’équipe d’animation de la technopole”, déclare Jean-Michel Adelaïde, fondateur de Hoppy Sytems, société spécialisée dans l’information géoréférencée, implantée sur la technopole de l’Aube. Reste que la jeune pousse est en quête de 700 000 euros, et que la technopole ne peut pas grand-chose pour elle.

Après le capital-risque

“Le capital-risque n’a pas tenu ses promesses. Les jeunes entreprises n’arrivent pas à lever des fonds face à la déficience de l’amorçage en région”, s’insurge Francis Bécard responsable de la technopole de l’Aube. Pour pallier cette défaillance de capital, TLM est à l’origine d’Inovam, dédié aux entreprises innovantes. Ce fonds d’amorçage régional de 5 millions d’euros est financé par la Caisse des dépôts, le conseil régional, l’État, et quelques investisseurs privés. Il complète ainsi le paysage financier local, puisque la région Nord-Pas-de-Calais peut compter sur Nord Innovation (4,7 millions d’euros) et Finorpa (129 millions d’euros) pour des projets plus matures.Même démarche dans l’Aube où la technopole s’est associée au conseil régional pour créer Champagne Croissance, un fonds de 3 millions deuros. “Les fonds ont été créés pour garder les entreprises en région. Quand une technologie émerge des laboratoires, ces derniers sont sollicités par les capital-risqueurs nationaux. Après tout, qui les empêche de créer leur société à 300 km des laboratoires ?”, conclut un spécialiste des technopoles.

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Hélène Puel et Agathe Remoué