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Les SSII peinent à gérer leur capital humain

Si les sociétés de services implantées en France ont doublé leur effectif depuis 1994, elles n’ont réussi ni à fidéliser leurs équipes ni à homogénéiser la pyramide des âges.

Le ralentissement d’activité dans les services rappelle combien la fibre sociale des SSII est ténue. Licenciements abusifs, multiplication des litiges aux prud’hommes… L’élévation du taux d’intercontrats conduit à des dérapages dans l’emploi.Championnes du recrutement durant les années de vaches grasses, les SSII sont connues pour dégraisser tout aussi vite en période de crise. Le phénomène se reproduit de façon cyclique. L’étude du Céreq (*) a le mérite de le relativiser ?” tout au moins, de le pondérer ?” en se penchant sur la période 1994-2001.Premier enseignement : les SSII ont créé deux fois plus d’emplois qu’elles n’en ont détruits, passant de 150 000 à 300 000 salariés. Près de 60 % de cette masse salariale se concentrent en Ile-de-France. La technicité du secteur conduit à un niveau de qualification élevé. En effet, les cadres et ingénieurs y représentent 59 % des emplois, contre 14 % en moyenne pour les autres secteurs.Second enseignement, qui concerne la pyramide des âges : les accusations de jeunisme à l’encontre des SSII ne se vérifient qu’à moitié. Les moins de 25 ans et les plus de 50 ans cèdent leur place aux 30-40 ans. En revanche, avec moins de 30 % de femmes, la parité n’est toujours pas à l’ordre du jour.Le Céreq rappelle que les SSII sont des entreprises de transition et que leurs salariés n’y font donc pas carrière. Ils sont 35 % (contre 61 % pour la moyenne tous secteurs) à afficher cinq ans d’ancienneté, et 17 % (contre 42 %) plus de dix ans. Dans le même temps, l’étude bat en brèche une autre idée reçue : instabilité ne rime pas toujours avec précarité. Les SSII n’ont qu’exceptionnellement recours à l’intérim (moins de 2 % des emplois), et la part des CDD n’a fait qu’y baisser au profit des CDI.

Incitations au départ par usure psychologique

Le départ est avant tout volontaire. En 2000, les démissions représentaient 55,5 % des sorties, les fins de CDD 35 %, et les licenciements 9,5 %. Pas dupe, l’étude note qu’une démission peut être l’aboutissement d’une transaction individuelle. C’est aussi le constat des syndicats, qui enregistrent une recrudescence des incitations au départ par usure psychologique.En contrepoint à cette étude, Morgan Carval, analyste à l’agence de notation sociale Arese, rappelle combien les SSII souffrent du manque de structuration de leur politique RH. “Le secteur doit mettre en ?”uvre une véritable politique de gestion des carrières, incluant formation et valorisation des compétences. Les SSII vont recruter sur le marché celles qui leur font défaut plutôt que d’assurer la formation en interne.”D’autant que le turnover a un coût ?” en termes de recrutement, d’intégration et de formation ?” qu’Arese situe entre six et dix-huit mois de salaire, selon l’expérience et/ou la qualification du remplacé. Sans parler de l’absence de capitalisation du savoir-faire et de l’appauvrissement de la relation client. Un argument qui devrait faire tilt au sein des directions générales.(*) Le Centre d’études et de recherche sur les qualifications a retenu pour son étude les entreprises menant des activités informatiques pour le compte d’un tiers, y compris la réalisation de logiciels.

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Xavier Biseul