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Les services télécoms tirent toujours la croissance

Le classement 2000 des opérateurs mondiaux de télécommunications s’inscrit dans la continuité avec son lot de consolidations et une croissance encore soutenue. Si 2001 semble marquer le pas, les perspectives restent élevées.

Avec des revenus cumulés de 815 milliards de dollars, le top 50 des opérateurs mondiaux pèse, en 2000, près de 8 % de plus qu’en 1999. Le total de l’année précédente s’établissait, en effet, à 757 milliards de dollars. La progression du secteur des services télécoms dépasse même 15 %, à structure équivalente, si l’on considère l’évolution des cinquante premiers opérateurs de 2000, entre 1999 et 2000. L’écart entre ces deux progressions résulte des mouvements de consolidation qui se sont poursuivis à grande échelle l’an passé : aux États-Unis, création de Verizon par regroupement de Bell Atlantic et de GTE, et rachat de US West par Qwest ; en Europe, rachat de Mannesmann par Vodafone ; et, au Japon, fusion de DDI, KDD et IDO au sein de KDDI…

Quand la Chine téléphonera…

En quelques années, ces concentrations ont complètement bousculé la hiérarchie mondiale.Derrière NTT, toujours loin en tête, figurent désormais en bloc quatre opérateurs américains, les deux piliers du segment longue distance et les deux piliers des services locaux, tandis que le premier européen, Deutsche Telekom, est relégué en septième position, suivi des quatre autres principaux opérateurs historiques du Vieux Continent. Entre les deux blocs, China Telecom se glisse désormais au sixième rang, à une encablure de WorldCom !Sur le plan régional, plus que le poids et le nombre d’opérateurs originaires de chaque grande partie du monde, ce sont les taux de progression différenciés qu’il est intéressant de considérer. Ainsi, si l’Amérique du Nord (Mexique compris) compte toujours pour plus de 40 % de l’ensemble ici observé (les 50 premiers opérateurs mondiaux), la progression du chiffre d’affaires cumulé des opérateurs originaires de la région (337 milliards de dollars en 2000) dépasse à peine 10 % par rapport à 1999. En revanche, du côté de l’Europe, qui pèse près de 30 % dans le classement, le niveau global d’activité des opérateurs locaux présents dans le groupe a progressé de 19 % d’une année à l’autre. Cela est dû pour partie à la croissance externe, à l’instar de la reprise d’Orange par France Télécom. La progression est encore plus vive au Japon (22 %) et provient également pour une large part de mouvements de rachats.Pour les autres régions, ce qui est remarquable, c’est le nombre désormais significatif d’opérateurs de pays en développement présents : quinze d’entre eux figurent parmi les cinquante premiers mondiaux. La place de la Chine mérite à nouveau d’être soulignée, avec à la fois la progression toujours très soutenue de l’activité de l’opérateur historique et l’entrée de China Unicom, son principal concurrent. Au rang des progressions individuelles, en dehors de l’effet des regroupements, nombre d’opérateurs ont dépassé 20 %, voire 30 % de croissance d’une année à l’autre, et, de façon assez surprenante, plutôt dans les pays développés. Pour les pays émergents, la forte progression de la Chine constitue même d’une certaine façon une exception. Les opérateurs des autres pays de ce groupe représentés dans le classement (Argentine, Mexique, ou encore, Malaisie) ont connu des évolutions beaucoup plus modestes. Au Venezuela, l’opérateur historique a même vu ses revenus diminuer.

Une croissance de plus de 20 % pour le Brésil et les pays de l’Est

Seuls les grands opérateurs brésiliens ?” non classés ici parce que consolidés dans leur groupe d’appartenance (Telefónica pour Telesp, et WorldCom pour Embratel) ?” ont eux aussi dépassé les 20 %. Il en va de même pour les opérateurs des pays de l’Est (TPSA en Pologne et, de manière plus évidente, Türk Telekom).C’est dans les pays occidentaux que les croissances apparaissent les plus soutenues même si les performances de certains s’expliquent précisément par les résultats de filiales actives dans des régions autres. C’est le cas de Telefónica et de Portugal Telecom. Le premier dégage désormais plus de 40 % de son chiffre d’affaires consolidé à partir de ses opérations en Amérique latine ; le second profite de manière plus ciblée de ses investissements récents au Portugal. Mais, à côté de ces deux-là, on relève les performances de KPN et de Swisscom, ou encore, dans la région Asie-Pacifique, de Telecom New Zealand (en revanche, Telstra, en Australie, affiche un léger recul). Pour les autres opérateurs historiques qui progressent de façon sensible, la raison en est avant tout externe, à l’instar de France Télécom qui bénéficie pour une partie de l’exercice de l’apport d’Orange.Chez les opérateurs alternatifs, les croissances sont souvent fortes, voire très fortes : les résultats de Cegetel entraînent Vivendi Universal vers le haut (+ 35 %), tandis que les américains Nextel, dans les mobiles, et Global Crossing, dans les réseaux à très hauts débits, enregistrent respectivement + 72 % et + 154 % ! Quant à Vodafone, que l’on a désormais du mal à qualifier d’“alternatif”, si ses performances (+ 90 %) sont, certes, dues pour partie à l’apport de Mannesmann, elles demeurent aussi largement fondées sur une dynamique interne. Quant aux résultats, ils restent élevés pour l’essentiel, avec des taux de profit qui dépassent régulièrement 10 %. Les quelques exceptions proviennent soit d’opérateurs encore en phase d’investissement massif sur des activités nouvelles, à l’image de Global Crossing ou de Nextel, soit d’éléments exceptionnels : Vodafone, en particulier, a amorti un montant colossal de survaleur (environ 9,6 milliards de livres sterling sur l’exercice) lié aux acquisitions, dont celle de Mannesmann. On notera, au moins dans ces trois exemples, qu’il s’agit d’opérateurs repérés, par ailleurs, pour leur exceptionnel dynamisme.

Les grands opérateurs profitent encore d’un courant porteur

Dès lors, les questions de la croissance et de l’équilibre économique semblent “décorrélées” sur le court terme. Autrement dit, les grands opérateurs mondiaux profitent encore d’un courant porteur pour se lancer dans des opérations d’envergure et préparer l’avenir à moyen et long terme. Avec les conséquences que l’on connaît sur le niveau d’endettement de certains. On pourra épiloguer à l’envi sur le côté risqué de certaines de ces opérations (comme le prix des licences UMTS au regard des incertitudes sur la réalité du marché) ou sur le coût exorbitant de nombreuses acquisitions réalisées en 1999 et en 2000, il n’en reste pas moins que le marché des services continue de se développer contre vents et marées.De ce point de vue, les premiers résultats pour 2001 semblent indiquer que, si la croissance ralentit, les opérateurs poursuivent leur progression à un rythme nettement supérieur à celui de l’économie dans son ensemble ; et, surtout, qu’ils ne connaissent pas encore les affres de la récession qu’aborde le secteur des équipementiers télécoms. Et, il ne s’agit pas seulement d’un rééquilibrage entre régions développées et régions en développement ?” dont on a vu au cours des années passées qu’il ne se manifestait que lentement en termes de valeur (qui plus est, qu’il n’était guère discernable à l’examen de ce classement) ?” mais aussi, et surtout, d’un mouvement soutenu dans les économies occidentales. En dépit d’un contexte tendu, les résultats du premier semestre 2001 montrent que les grands opérateurs de télécommunications maintiennent globalement une croissance forte, avec toutefois des disparités régionales importantes.

Le contre-coup d’un climat économique dégradé

On observe ainsi un net ralentissement sur le marché américain, où les opérateurs historiques subissent le contre-coup d’un climat économique dégradé, et où nombre de nouveaux entrants (sur des technologies telles que la boucle locale radio ou le marché de l’accès DSL en particulier) sont en grande difficulté ou en faillite. En Europe, on note un relativement bon niveau de croissance des opérateurs historiques sur leurs marchés nationaux. Les raisons de ce maintien sont diverses : reprise sur le marché fixe ou forte croissance des mobiles ; mais, là aussi, certains nouveaux entrants sont en difficultés. Le marché japonais, lui, n’enregistre que peu d’affectation, et les principaux protagonistes semblent continuer d’avancer à grands pas (près de 10 % pour NTT), sans doute portés par la vague de l’Internet mobile…* (Idate)

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Didier Pouillot*