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Les serveurs 32 bits montent en puissance

La sortie des nouveaux processeurs Xeon, d’Intel, pourrait bien redonner un coup de fouet à l’industrie des serveurs, qui a connu une année 2001 difficile. De nombreux produits ont été présentés au CeBIT, dont le nouveau serveur d’IBM, qui vient chasser sur les terres d’Unisys.

Lors de sa conférence annuelle des développeurs, qui s’est tenue à San Francisco fin février, Intel a lancé officiellement son nouveau processeur Xeon MP, destiné aux serveurs multiprocesseurs. Il exploite l’architecture NetBurst du Pentium IV, recourt à un troisième niveau de cache (512 Ko ou 1 Mo) et met en ?”uvre la technologie Hyperthreading, élaborée par le fondeur.

La palme de l’originalité revient à IBM

Selon Intel, un processeur utilisant l’Hyperthreading ?” qui se comporte comme une architecture virtuelle biprocesseur ?”pourrait doubler sa capacité de traitement.Le succès de cette technologie dépend avant tout du bon vouloir des éditeurs, puisque, pour en tirer parti, les applications doivent être recompilées. Et concernant les systèmes d’exploitation serveurs, seul Linux est aujourd’hui en mesure de gérer l’Hyperthreading.Du côté de Microsoft, il faudra attendre la sortie de Windows .NET Server, qui a récemment été repoussée au second semestre. Mais, pour convaincre constructeurs et clients d’adopter son nouveau Xeon, Intel joue, comme à son habitude, la carte de la fréquence. C’est, en effet, cadencées entre 1,4 et 1,6 GHz que ces nouvelles galettes de silicium seront commercialisées, contre 700 ou 900 MHz pour le Pentium III Xeon.HP a justement profité du CeBIT, à Hanovre, pour présenter un nouveau serveur bi-Xeon, le HP Server tc6100, et deux modèles quadri-Xeon, les tc7100 et rc7100. De son côté, Fujitsu Siemens a dévoilé un modèle 4 voies, le Primergy H450 ; et un modèle 8 voies, le Primergy T850. Mais la palme de l’originalité revient à IBM, qui parie une nouvelle fois sur la consolidation de serveurs avec son xSeries 440. Ce serveur 8 voies Xeon MP adopte une structure interne basée sur des briques systèmes (building blocks) lui garantissant capacité d’évolution et haute disponibilité. Pour cela, il recourt à l’architecture Enterprise X-Architecture et au jeu de composants IBM XA-32 (Summit).Ce serveur pourra être couplé, à partir du mois de juillet, à un deuxième, identique, par un lien propriétaire appelé Scalability Link, donnant lieu à une machine SMP de seize processeurs. En plus des possibilités de partitionnement physique (jusqu’à 4 groupes de 4 processeurs), IBM, via un accord avec VMWare, propose un partitionnement logique. Le logiciel VMware ESX Server autorise la création de seize machines virtuelles sous Windows ou Linux par groupes de quatre processeurs. Le xSeries 440 sera livré avec Windows 2000 Server, Advanced Server et Datacenter ; ou avec Linux.

Des réponses simples aux faiblesses de Windows 2000 et de Linux

Pour ce qui est de l’incapacité de Windows à gérer l’Hyperthreading, Pascal Duconget, directeur serveurs xSeries pour IBM France, rétorque que ces serveurs “offrent une telle réserve de puissance qu’il n’est nul besoin de bénéficier d’un OS supportant cette fonctionnalité”. Quant aux faiblesses de Linux dans la gestion SMP au-delà de huit processeurs, la réponse est tout aussi facile : “La solution VMWare permet de s’affranchir de ces problèmes.” Pascal Duconget ajoute : “Le xSeries 440 s’adresse aux PME, puisque la configuration de base commence à deux processeurs pour un prix de 20 000 ? ; et aux grands comptes, puisqu’il s’agit de la première offre de consolidation de serveurs sur serveurs Intel.”

Évolution rime avec recompilation

Ce contre quoi Unisys s’inscrit en faux : “Depuis la sortie de l’ES 7000/100, il y a deux ans, nous répondons à ce besoin de consolidation sur serveurs Intel, mais nous nous réjouissons de la venue d’IBM sur ce marché qui va faciliter notre travail d’évangélisation “, déclare Thierry Seror, directeur de la division Système et technologie d’Unisys France. Le spécialiste des mainframes WinTel vient d’annoncer le lancement de son nouveau ES 7000/200 pouvant gérer jusqu’à trente-deux processeurs Xeon MP en utilisant sa technologie CMP (Cellular multiprocessing). Via un crossbar propriétaire, Unisys permet à ses clients de connecter ce nouveau serveur à l’existant ES 7000/100 ou à son futur serveur McKinley, autorisant ainsi une évolution en douceur sans remettre en cause l’existant.Concernant McKinley, le successeur de l’Itanium, attendu pour le milieu de l’année, de nouvelles démonstrations ont été orchestrées tant à l’Intel Developper Forum (IDF), à San Francisco, qu’au CeBIT. Là encore, bien qu’Intel promette un passage en douceur d’Itanium à McKinley, il est “préférable” de recompiler les applications prévues pour Itanium afin d’obtenir les meilleures performances possibles. Les ISV doivent commencer à s’arracher les cheveux. Eux qui, selon les dires d’Intel et des constructeurs de serveurs, travaillent depuis quelque temps sur le portage de leurs applications sous Itanium. Intel emmène donc toute l’industrie dans une nouvelle ère où évolution rime systématiquement avec recompilation.Et, c’est précisément sur ce point qu’AMD compte jouer, avec son processeur 64 bits Hammer, qui a été dévoilé à San Francisco, à deux pas du Moscone Center où se tenait l’IDF. “Pour tirer profit du principal intérêt du 64 bits, à savoir les capacités d’adressage mémoire, il n’est nul besoin de recourir à une recompilation avec notre processeur “, argue Ulrich Knechtel, directeur produits serveurs et stations de travail pour la filiale allemande d’AMD. Mais, pour le concurrent d’Intel, un important travail de séduction reste à faire vis-à-vis des constructeurs.

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Nicolas Belot