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Les premières tendances du cinéma mobile

La seconde édition du festival de films tournés sur téléphone portable vient de s’achever. Si les évolutions techniques améliorent les résultats, des partis pris de mise en scène émergent.

Mêmes principes, mêmes ambitions, le Forum des images à Paris a accueilli du 6 au 8 octobre
la deuxième édition du festival Pocket Films. Des courts, moyens et longs métrages
tournés avec des téléphones mobiles. Sur cent films projetés (et quatre cents reçus), quatorze ont été retenus pour la compétition, trois récompensés par des prix du jury, présidé par
CharlElie Couture, et un quatrième par le prix du public.Sur les modalités, une seule différence par rapport à l’an dernier : l’appel à réalisation ne concernait pas uniquement des cinéastes, vidéastes, plasticiens et autres professionnels de l’image, mais s’adressait aussi au grand
public. ‘ Une centaine de films reçus sont venus du public, indique-t-on au Forum des images, et parmi eux, quelques-uns ont été sélectionnés pour la compétition. ‘Côté équipement, cette fois, c’est Sharp qui a prêté une centaine d’appareils, succédant ainsi à Nokia. Mais c’est toujours SFR qui met des lignes à disposition. Pour le reste, comme l’an dernier, tout était possible, tout format, tout
genre, toute durée, même si les longs et les moyens métrages ne participaient pas à la compétition.Si les films de l’an dernier ont été présentés dans divers festivals à travers le monde (Cannes, Clermont-Ferrand, Locarno, Lisbonne, Melbourne…), la sélection du week-end dernier a déjà commencé sa carrière post-festival. Dès ce
lundi soir 9 octobre, les quatre films primés sont projetés au Fresnoy, à Tourcoing, le Centre de formation et de recherche autour de l’image et du son.Certaines évolutions sont sensibles entre les deux éditions. D’abord d’un point de vue technique. Les appareils prêtés permettaient une définition d’image de 320 x 240 points, contre 176 x 144 l’an dernier.
‘ C’est un quart de la qualité d’une image DV et cela donnait en surface une image quatre fois plus grande que l’an passé, explique Benoît Labourdette, directeur artistique de la manifestation. Et donc,
cela change de façon importante le contenu des films eux-mêmes. ‘

‘ Une très bonne définition d’image ‘

Le festival de cette année comptait notamment quatre longs métrages, allant de la demi-heure à une heure vingt, contre un seul en 2005. ‘ On avait une très bonne définition, confirme Stéphane
Galienni, réalisateur d’Autofiction, film hors compétition de trente minutes et récompensé par le premier prix du jury de l’an dernier. Les appareils captaient très bien la lumière, ce qui fait que je suis parti
tourner au Maroc. Après la projection, les gens
[du public, NDLR] ne concevaient pas que l’on puisse faire ce genre d’images avec un téléphone. ‘Concernant la mise en scène aussi, certaines tendances se dessinent, intimement liées à l’outil mobile. L’usage des vues subjectives est fréquent, comme l’effet ‘ caméra portée ‘, qui fait sentir la présence de
celui qui filme. Les ‘ regards caméra ‘, quand le sujet regarde l’objectif, ne sont pas rares non plus, alors que cet effet est quasiment proscrit du cinéma classique.Quant aux contenus, ‘ il y a des plans qui deviennent récurrents de films en films, estime Stéphane Galienni, comme le fait de filmer ses pieds quand on marche ‘. Et
plus généralement, de filmer le sol ou à ras de terre, à travers les brins d’herbe d’une pelouse, etc. La narration façon carnet de bord, témoignage ou impression sur le vif est aussi souvent utilisée. ‘ Il y a un rapport avec l’intime et avec la déambulation, reconnaît Benoît Labourdette. Et il est vrai que la pratique téléphonique est pas mal mise en valeur. Mais au fur et à mesure, ce
type de film va simplement s’intégrer dans les films classiques, les documentaires. Ce n’est qu’un moyen de plus, comme la caméra DV. ‘

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Arnaud Devillard