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Les opérateurs IP émettent à nouveau

Ebone, 360Networks et autres KPNQwest : la plupart des pionniers ont disparu. Les survivants, eux, reprennent du poil de la bête et se mettent même à inventer de nouveaux services.

Ils s’étaient hissés sur le devant de la scène au tournant du millénaire, tels les hérauts du nouvel âge d’or. Ils promettaient tout : le réseau sans frontières, la bande passante sans limite, une colocation sans
entrave, etc. Mais leur boulimie les a perdus. La plupart d’entre eux ont failli. Belle aubaine pour les opérateurs IP survivants : ils ont pu se partager leurs dépouilles et compléter leur infrastructure pour une bouchée de
pain.

Une hécatombe sans discrimination

L’hécatombe a été sans discrimination : elle a frappé aussi bien les pionniers d’internet comme
Ebone et
PSINet (racheté par deux repreneurs différents), les créations ex nihilo comme Carrier1 ou
360Networks, que les émanations d’opérateurs historiques comme
KPNQwest. Même un géant comme Cable & Wireless a dû battre en retraite en Europe et aux Etats-Unis, où il avait pourtant multiplié les acquisitions à prix d’or. Level 3,
Interoute et Global Crossing seraient, eux aussi, passés à la trappe, sans une recapitalisation de la dernière chance et une révision de leurs ambitions.Seuls les opérateurs les plus circonspects ont finalement su acquérir, les premiers, une certaine pérennité. Ce sont ceux qui ont pris soin de se renforcer sur leur niche de départ (le transit IP ou les services de bande passante
SDH et DWDM), avant d’attaquer d’autres marchés. ‘ Pour faire de l’IP, il faut commencer par avoir un bon réseau
optique ‘
, insiste Romain Delavenne, directeur marketing de l’opérateur d’opérateurs LambdaNet, qui peut donc proposer aujourd’hui des services de VPN-IP et de VPN-Ethernet sur
MPLS, très appréciés car innovants et sans équivalent.‘ Nous avons toujours avancé prudemment, même avec un taux de croissance de 60 à 70 % hier, et de 20 % aujourd’hui ‘, ajoute Denis Planat, directeur général
d’Easynet France. L’opérateur, d’origine britannique, se félicite ainsi de n’avoir jamais cédé aux sirènes de la voix sur IP et d’avoir misé très tôt, au contraire, sur le DSL et le dégroupage. Il peut à présent
profiter de la vague VPN-IP sur MPLS grâce à
l’acquisition opportune de Maiaah!… À l’évidence, un palier a été franchi. L’ère des grands déploiements est achevée. ‘ Nous ne
construisons plus qu’en fonction de la demande ‘
, observe Stéphane Gantzer, directeur France de Global Crossing. Et partout, la technologie MPLS s’est imposée comme un must, reléguant l’antique tunneling
IPSec aux oubliettes.

Moins d’opérateurs, mais un trafic décuplé

Tous profitent désormais d’une sorte de prime aux survivants. ‘ Il y a moins d’opérateurs pour nous acheter des services optiques, mais le trafic qu’ils nous envoient a décuplé en un an, grâce
au développement des accès hauts débits ‘
, note Romain Delavenne, de LambdaNet. De son côté, Interoute est revenu dans une phase d’acquisitions, et ne cesse de créer de nouveaux services comme l’interconnexion
des centres d’hébergement pour opérateurs par MAN ; l’accès direct aux grands n?”uds de peering européens en Ethernet longue distance ; la gestion des pointes de trafic en Fast ou Gigabit
Ethernet ; le contrôle du trafic peer-to-peer ; le roaming GSM prédictif et le roaming des hot spots Wi-Fi…

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Jean-Claude Streicher