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Les enfants ne sont pas si naïfs sur les dangers d’Internet

La Commission européenne a publié une enquête portant sur l’utilisation d’Internet par les enfants dans 29 pays européens et sur leur perception des contenus et des risques.

Violence, pédophilie, pornographie, vulgarité, virus, arnaques… Les menaces provenant d’Internet sont connues, et sont d’autant plus aiguës quand les utilisateurs sont mineurs. Les pouvoirs publics français, notamment, se sont
beaucoup agités sur la prévention des risques liés au Net, imposant aux FAI de fournir un
contrôle parental gratuit et obligatoire. La Commission européenne, elle, a eu une autre approche : interroger directement les intéressés, c’est-à-dire les enfants, pour savoir
ce qu’ils perçoivent des risques liés à l’usage d’Internet et aux téléphones portables.La direction générale Société de l’information et Médias a commandé une enquête qualitative, portant sur des enfants âgés de 9 à 14 ans, dans les 27 pays membres de l’Union européenne, ainsi qu’en Norvège et en Islande.
Lancée en mars dernier, l’enquête a été rendue publique en mai, sous l’intitulé Internet plus sûr pour les enfants. Premier constat, les pratiques des enfants européens sont assez uniformes. Le temps passé à surfer est
généralement encadré (et limité) par les parents. C’est moins le cas en ce qui concerne l’usage du téléphone portable.Quant aux utilisations, ‘ les plus fréquentes, tous groupes et pays confondus, [elles] se concentrent sur deux fonctions, quasi unanimement citées. Ce sont, significativement, deux usages récréatifs,
ludiques ‘,
à savoir les jeux en ligne et la recherche d’informations sur des centres d’intérêt. ‘ J’aime bien regarder des sites sur les animaux, spécialement sur les
hérissons ‘,
note par exemple une enfant autrichienne. Après, viennent la quête d’information dans le cadre d’un travail scolaire, les téléchargements et, surtout pour les 12-14 ans, le chat, la
correspondance par e-mails, la messagerie instantanée.

Le SMS menaçant, un ‘ sport ‘ assez répandu

Mais la révélation de cette étude, c’est le regard porté par les enfants sur l’outil. En clair : ils ne sont pas dupes. ‘ Le caractère potentiellement erroné de certaines informations trouvées sur Internet
est un phénomène connu de pratiquement tous les enfants. ‘
Ils ont même conscience que certaines erreurs repérées en ligne peuvent être délibérées. Ils auraient plus confiance dans les dires de leurs parents, de leurs
enseignants, ainsi que dans ce qu’il y a écrit dans les livres ou dans les journaux. Pas très Web 2.0 comme attitude !Quant aux dangers, les enquêteurs notent que les enfants ont pointé du doigt spontanément des exemples précis. Avec les téléphones, c’est le coût de l’Internet mobile mais aussi les appels ou SMS menaçants. ‘ Ce
type de pratiques, entre la mauvaise blague et le harcèlement, semble être un “sport” assez répandu parmi les jeunes ‘,
souligne l’étude.Sur Internet, les jeunes citent d’emblée le piratage, les virus ou le vol de données bancaires, la nuisance du spam et des pop-up. La plupart se disent aussi dérangés ou dégoûtés par certains contenus comme la violence, les tortures sur
des hommes ou des animaux. Cela prouve que nombre d’entre eux y ont été exposés. C’est le cas avec les vidéos de scènes de violence en Irak ou de la pendaison de Saddam Hussein. En revanche, ils ont beaucoup moins de réticences à regarder du
‘ happy slapping ‘. Quant à la pédophilie, elle est peu évoquée.

Le téléchargement illégal dédramatisé

Plus intéressant encore, les jeunes interviewés formulent des solutions pour limiter l’exposition à ce genre de contenus : que les sites concernés soient payants et réservés aux adultes ou qu’ils ne puissent être consultables qu’à
certaines heures, ‘ comme les films interdits aux mineurs à la télévision ‘. En fait, la vraie préoccupation qui ressort de cette étude est ailleurs. Elle est dans la possibilité qu’offre Internet de
nouer des contacts avec des inconnus. Là, les enfants se révèlent beaucoup plus inconscients.Il n’est pas rare qu’ils conversent avec des inconnus, certains admettent avoir donné leur e-mail, leur numéro de téléphone, voire être allés à un rendez-vous. ‘ En particulier les jeunes de 12-14 ans peuvent
se montrer très confiants,
affirme l’étude. A la fois dans leur propre perspicacité à déjouer les fausses identités et dans les interlocuteurs qui leur sont particulièrement
“sympathiques”. ‘
Le cas échéant, les jeunes interrogés semblent avoir tendance à ne pas en parler à leurs parents, mais à essayer de régler le problème avec leurs amis.Moins surprenantes, en revanche, sont leurs considérations sur le téléchargement. ‘ Dans l’immense majorité des cas, tous pays confondus, le caractère illégal de la plupart des téléchargements pratiqués est connu
mais minimisé, nié ou justifié. ‘
Entre ‘ tout le monde le fait ‘, ‘ je télécharge pour moi ‘ et ‘ les CD sont trop chers ‘, l’argumentaire
standard est très tôt maîtrisé…

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Arnaud Devillard