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Les drones-tueurs américains sont guidés, en réalité, par la NSA

Pour frapper les terroristes, les militaires américains se contentent souvent de géolocaliser leurs téléphones portables, sans vérification sur le terrain. Le risque d’erreur est pour le moins élevé.

Utiliser le téléphone mobile de quelqu’un d’autre peut avoir des conséquences fatales dans les pays où les Etats-Unis déploient ses drones-tueurs, tels que l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie ou le Yemen. En effet, le site d’investigation The Intercept vient de révéler – documents d’Edward Snowden à l’appui – que pour « éliminer » une cible, les militaires se contentent souvent de faire appel à la NSA pour géolocaliser un téléphone portable.

Si ce dernier a été prêté à un ami ou un membre de la famille, cela ne changera rien au déroulement de l’opération : aucun renseignement humain n’est effectué sur le terrain pour vérifier que l’utilisateur du téléphone correspond bien à la cible de la « killing list ». Par conséquent, le risque de toucher des innocents est élevé. « En réalité, nous ne traquons pas des personnes, mais des téléphones portables, en espérant que la personne qui sera touchée par le missile sera bien le méchant recherché », explique un ex-pilote de drone, sous couvert d’anonymat, dans les colonnes de The Intercept.

Des fausses antennes-relais

Pour géolocaliser les téléphones, la NSA utilise principalement deux techniques. La première, baptisée « Gilgamesh », s’appuie sur de fausses antennes-relais fixées sur des drones ou des avions. Ces derniers survolent un territoire et interceptent les connexions GSM en se faisant passer pour une vraie antenne-relais (attaque dite « man-in-the-middle »). L’utilisateur, de son côté, ne remarque rien. Une fois la connexion établie, il est possible de localiser un téléphone avec une précision de 9 mètres (30 pieds).

L’autre technique s’appelle « Shenanigans ». Là encore, il s’agit d’un dispositif fixé sur un avion, mais ce dernier survole les zones suspectes à haute altitude (6 km). Ce qui lui permet néanmoins d’aspirer les données de toutes sortes d’appareils : ordinateurs, hotspots wifi, smartphones, etc. Ce matériel a été utilisé notamment au Yemen pour localiser des membres d’Al Qaida. Au bout de six mois, l’armée américaine disposait d’une carte de tous les appareils wifi qui existaient dans les grandes villes yéménites.

Les combattants d’Al Qaida, de leurs côtés, ont évidemment adapté leur comportement. Certains disposent jusqu’à 16 téléphones portables qu’ils échangent avec d’autres, histoire de brouiller les pistes. « Parfois ils se réunissent, enlèvent toutes leurs cartes SIM et les mettent dans un sac pour les mélanger. Ensuite, chacun repart avec la carte SIM d’un d’autre », précise le pilote de drone. Selon The Intercept, au moins 273 civils ont été tués par des drones-assassins durant le mandant de Barack Obama.

Lire aussi:

La NSA géolocalise des centaines de millions de mobiles dans le monde, le 05/12/2013

Source:

The Intercept

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Gilbert Kallenborn