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Les disques durs se délocalisent sur le réseau

Les start-up permettant aux petites entreprises de stocker leurs fichiers en ligne se multiplient. Mais l’équilibre entre des infrastructures coûteuses et de nécessaires services gratuits est périlleux.

Alors que les besoins en stockage des grandes entreprises se mesurent essentiellement à l’aune de baies de stockage de plusieurs mètres de long, ceux des particuliers sont, toutes proportions gardées, tout aussi importants mais beaucoup moins encombrants. Les petites entreprises d’une ou deux personnes n’ont pas non plus des tonnes de documents à sauvegarder, mais souhaitent tout de même parer à toute perte de leurs fichiers essentiels, ou voyager sans devoir recopier les présentations du PC de bureau vers un portable. Pour elles, la solution consiste à stocker leurs documents en ligne sur un disque virtuel.Sur ce segment de marché, on trouve surtout des start-up. Le fonctionnement est assez simple : l’utilisateur se connecte à un site, y envoie ses fichiers, les classe et peut les récupérer à tout instant depuis n’importe quel ordinateur. Aux États-Unis, on compte une quinzaine d’acteurs réellement importants (les plus connus étant Free Drive, X : Drive et Idrive). En France, les quelques acteurs présents (Cryptalis, Backup Avenue ou Sauvegarde Online) n’ont pas, à ce jour, réussi à réellement se faire connaître.

Amasser les téraoctets

La problématique de ces sites ?” et leur survie ?” repose sur leur capacité à offrir gratuitement une partie de leurs services qui ne soit ni trop abondante ni trop réduite. S’ils en offrent trop, la mort peut être rapide, car il leur faut sans cesse ajouter du matériel de stockage (Freedrive a augmenté ses infrastructures d’un téraoctect tous les trois jours pendant quelques mois) et de la bande passante. Les coûts d’exploitation deviennent alors insupportables. C’est pour cela qu’Oodrive, le dernier arrivé sur le marché français, a mis en place des limitations assez drastiques : les utilisateurs gratuits ne peuvent stocker plus de 100 mégaoctets (Mo) de données et ne peuvent transférer que 50 Mo par jour. Un moyen selon Cédric Mermiliod, cofondateur, d’éviter que le service soit utilisé par des personnes indélicates cherchant à s’échanger des fichiers piratés. En revanche, s’ils n’offrent pas assez de possibilités à leurs utilisateurs gratuits, ces sites peuvent difficilement atteindre la taille critique et ils perdront l’opportunité de convertir une part de ces utilisateurs en clients payants.

Services payants et usages libres

C’est là que se situe le nerf de la guerre. Car, s’ils génèrent énormément de pages vues, ces sites ont compris qu’ils ne pouvaient compter sur la publicité pour se financer. Sur 5 000 membres enregistrés, Oodrive ne compte pour l’instant qu’une cinquantaine d’abonnés payants, soit 1 %. Pour les convaincre de mettre la main au portefeuille, Oodrive choie ses utilisateurs avec des fonctions réservées aux abonnés. Considéré par Cédric Mermiliod comme l’une des clés du succès de son site, le système Oodrive Easy s’intègre directement dans Windows. L’espace disque de l’utilisateur apparaît dans l’explorateur comme un disque dur classique. L’internaute ne passe même plus par le site pour ses sauvegardes, tout est transparent. Oodrive développe aussi un système permettant une sauvegarde régulière et automatique des fichiers.Toutefois, le modèle économique de ce genre de site est difficile à cerner. Oodrive vise le point mort en 2002, avec 100 000 membres, dont 5 % payants. La société espère boucler en juin un second tour de table de 460 à 760 000 euros pour compléter les 460 000 euros récoltés en septembre 2000. Mais les analystes s’interrogent sur la viabilité d’un tel service hors d’un grand portail ou sans autre fonction que le stockage. De nombreuses start-up complètent leur offre avec un système d’exploitation virtuel (avec traitement de texte, gestionnaire de-mails et de rendez-vous, etc.) comme Magical Desk ou My Internet Desktop…

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Alain Steinmann