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Les dessous du gratuit commercial

Les sociétés offrant des services gratuits sur Internet répondent toujours à des logiques commerciales. Découvrez comment elles se font rétribuer leurs services.

Même si la gratuité y occupe une place prépondérante, Internet reste un monde essentiellement commercial. N’allez donc pas croire que les sociétés qui vous proposent de nombreux services gratuits le font dans un seul but philanthropique, comme n’importe quel créateur de site personnel. La plupart ont imaginé autour de ce concept de gratuité un modèle économique, qu’elles espèrent rentable à plus ou moins long terme.



L’audience, nerf de la guerre



A la manière des cha”nes de télévision, les portails, journaux ou fournisseurs d’accès établissent leurs calculs à partir de l’audience qu’ils drainent. Plus elle sera haute et ” qualifiée “, plus ils pourront exploiter ces informations et espérer gagner de l’argent. Pour conna”tre ces chiffres, les propriétaires de sites se basent notamment sur les études mensuelles réalisées par des sociétés spécialisées, véritables ” indices Médiamétrie du Web “. Les deux principales sont NetValue et MMXI, qui fournissent des statistiques très précises sur la fréquentation, le nombre de pages vues, le temps passé, l’origine des visites, etc. A ces données s’ajoute la possibilité de ” ficher ” les visiteurs pour obtenir de précieuses informations à leur sujet. Cela se fait par l’intermédiaire des fiches de renseignements que vous devez souvent remplir pour bénéficier du service recherché, et des cookies. Ces petits fichiers, d’une taille moyenne de 100 octets, sont placés sur votre disque dur par les sites que vous fréquentez et contiennent des informations relatives à votre dernière visite et à vos habitudes sur le site. Lorsque vous vous connectez, ils sont repérés par le site, qui engrange ainsi une mine de renseignements.
A partir de ces résultats, les fournisseurs de services gratuits peuvent alors choisir le moyen le plus approprié pour tenter de gagner de l’argent. Ils sont articulés autour de quatre concepts : la publicité, les reversements télécoms, le commerce électronique et l’utilisation de fichiers.



La publicité : encore faut-il cliquer



Pour tous ces sites, la principale source de revenus reste la publicité. Elle se présente sous la forme de bandeaux animés, au format standard de 468 x 60 points, qui s’affichent généralement en haut de la page. L’annonceur paie selon le nombre de bandeaux vus par les visiteurs. La facture s’allonge si les internautes cliquent sur les bandeaux permettant d’aller sur son site. Mais ce taux de clics dépasse rarement les 1 ou 2 %. Pour l’augmenter, certains sites obligent désormais l’internaute à cliquer sur une publicité pour accéder au service gratuit recherché.
Autre style de pub : les boutons, des publicités figées, plus petites, mais qui occupent une place bien visible sur la page. Les annonceurs payent alors un tarif fixé à l’avance, quelle que soit la visibilité finale de leur campagne. Enfin, la troisième méthode – la plus lucrative – consiste en des opérations spéciales où l’annonceur occupe toute une partie du site ou s’affiche en fond d’écran. L’efficacité dépend alors de l’audience du site. Grâce à ces trois méthodes, la publicité représente souvent plus de 80 % des revenus des sites.



Les reversements : un peu à toi, beaucoup à moi



Gros pourvoyeurs de trafic téléphonique, les fournisseurs d’accès gratuit peuvent (à certaines conditions) récupérer une partie de l’argent gagné par les opérateurs télécoms grâce à eux, sous forme d’intéressement. Il y a un an et demi, au début de la vague d’Internet gratuit, les premiers calculs établissaient que pour 25 centimes de l’heure payés par l’internaute à France Télécom, celui-ci reversait au mieux 4 à 6 centimes à l’opérateur alternatif par lequel passait le fournisseur d’accès, qui touchait finalement moins de deux francs de l’heure ! Mais les accords restaient rares. Les fournisseurs d’accès se sont rattrapés avec les reversements provenant des appels vers leur hot-line (communications surtaxées) sur lesquels ils touchent environ 80 % des 0,99 ou 2,23 francs la minute payés par les utilisateurs. Au mois de juin, France Télécom a lancé NetRevenu, une offre à destination des fournisseurs d’accès, invités à acheter un stock de minutes en gros afin de bénéficier de tarifs dégressifs. Les économies réalisées peuvent franchir le million de francs si l’achat dépasse les dix millions de minutes. Tout dépend aussi beaucoup des accords passés entre chaque fournisseur d’accès et France Télécom. Concurrence aidant, cette source de revenus va sûrement progresser.



Le commerce électronique et l’affiliation : la future poule aux ?”ufs d’or



Pour gagner de l’argent, les fournisseurs de services gratuits comptent sur le développement des revenus dits d’affiliation. L’internaute visitant une partie spécifique du site est invité à cliquer sur un lien menant vers un ” partenaire “. Celui-ci lui propose alors des informations complémentaires sur le sujet ou lui permet d’acheter le produit sur lequel il était en train de se renseigner. Le partenaire est généralement friand de ces visites qualifiées (on conna”t les sujets qui intéressent l’internaute). Il paiera donc tous les clics, même si, au final, le visiteur n’achète pas le produit. De plus, l’annonceur paye déjà – parfois fort cher – un tel emplacement privilégié. Si le site draine une audience confortable, il pourra espérer de substantielles rentrées d’argent.
Les fournisseurs de services gratuits espèrent pouvoir aller plus loin en négociant un pourcentage sur les ventes effectuées par leurs partenaires auprès des visiteurs qu’ils auront ” orientés ” vers eux. Ce pourcentage n’est certes pas très élevé (environ 5 %) mais les sommes peuvent devenir considérables en cas de développement important du commerce électronique.



Les fichiers, une activité lucrative



Le monde d’Internet a aussi su adapter des pratiques commerciales classiques. Il en est ainsi de l’utilisation des fichiers de renseignements, source à la fois lucrative et presque intarissable.
Lorsque vous vous abonnez à un service gratuit (adresse e-mail, lettre d’information, etc. ), vous devez souvent remplir une fiche avec vos nom, prénom, adresse, catégorie sociale et autres données susceptibles d’intéresser des annonceurs. Si beaucoup de sites n’utilisent ces renseignements que dans le but de ” mieux vous servir ” (ou mieux vous proposer leurs propres produits commerciaux), certains louent ces informations à des tiers. Ne vous étonnez donc pas de recevoir dans votre bo”te aux lettres postale un bulletin d’abonnement personnalisé à un magazine TV si vous avez l’habitude de consulter les programmes sur Internet. C’est aussi à cause de la revente de ces fichiers que vous pouvez recevoir de nombreux courriers électroniques non sollicités (appelés spams) en provenance de sociétés dont vous n’avez jamais entendu parler.
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La rédaction