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L’économie Internet française: un “poids léger” sur le ring européen

A la demande de Cisco Systems, le cabinet d’études américain Gartner Group a évalué l’économie Internet en Europe. Les résultats de l’étude positionnent la France en queue de peloton européen.

Comment évaluer raisonnablement l’économie Internet à l’échelle européenne ? Le Gartner Group s’est essayé à l’exercice en réalisant une série d’entretiens téléphoniques auprès de 805 entreprises européennes ?” dont une grosse centaine en France ?” possédant au moins un site Web opérationnel.Dans le concept d’économie Internet, le cabinet d’études américain a regroupé les dot-com, les sociétés hybrides (ou brick and mortar) et les entreprises se contentant de publier un catalogue de produits en ligne sans pour autant y réaliser des transactions. Suivant cette définition, panachant des fournisseurs d’infrastructures Internet avec des entreprises traditionnelles utilisant Internet comme un vecteur de vente supplémentaire, le Gartner Group a évalué le marché européen à environ 53 milliards de dollars en 1999. D’après ses prévisions, ce chiffre devrait atteindre environ 1200 milliards de dollars en 2004.

La France à la pointe de la croissance

Cette croissance stupéfiante devrait largement profiter à la France : selon les estimations du Gartner, l’économie Internet française affichera un taux de croissance record de 99 % sur la période de 1999 à 2004. Mais une analyse plus fine des chiffres de l’étude oblige à modérer cet enthousiasme.En effet, lorsque l’on rapporte le montant total des transactions de commerce électronique au produit intérieur brut de chaque Etat européen, on s’aperçoit que la France est en queue de peloton. En clair, le poids en valeur de l’économie Internet dans l’économie française restera faible en 2004 : un peu plus de 3 % du PIB alors qu’il atteindra près de 10 % aux Pays-Bas et environ 6 % en Allemagne et au Royaume-Uni.De façon assez simpliste, le Gartner attribue le retard français ?” évalué à un an par rapport aux meilleurs pays européens, les nordiques ?” au Minitel, principal frein à l’émergence du commerce électronique. Le cabinet d’études insiste aussi sur l’importance de la force publique dans le développement du commerce électronique. ” Les gouvernements européens doivent s’impliquer plus fortement afin de résoudre des problèmes de taxes (TVA), de droit (vie privée) et toutes les restrictions qui pèsent sur les échanges commerciaux via Internet “, insiste Petra Gartzen, directeur de recherches pour le Gartner.

La valeur échappe aux intermédiaires du Net

L’étude fournit d’autres enseignements assez remarquables. Alors que le montant de la valeur produite par le secteur des infrastructures Internet (recettes liées au réseau, fournisseurs d’accès, etc.) devrait rester plus ou moins stable, le secteur du commerce proprement dit (la valeur de ce qui est effectivement vendu via Internet) représenterait plus de 90 % de la valeur produite sur Internet en Europe à l’horizon 2004. Soit un taux de variation moyen (TVM) de 123 % entre 1999 et 2004 ! Ainsi, le Gartner ?” qui évalue la valeur des transactions de commerce électronique en France à 12,6 milliards de dollars en l’an 2000 ?” parie sur un chiffre de 317 milliards de dollars en 2004.Toujours en termes de valeur, les intermédiaires du Net (agences de voyages et de courtage en ligne, fournisseurs de portails et de contenus, publicité en ligne, galeries commerciales, etc.) seront les grands perdants de l’économie Internet européenne. Ils ne devraient représenter qu’environ 1 % de la valeur créée sur Internet en 2004.” Cette évolution fondamentale de l’Internet se remarque déjà dans la faillite de sociétés comme Boo ou Boxman, explique Petra Gartzen. Ce n’est pas un hasard si les sociétés brick and mortar, comme Carrefour en France, sont celles qui réussissent le mieux et si toutes les dot.com sont à la recherche de nouveaux business model. 

Les sociétés hybrides mieux armées que les dot-com

Plus discrètes que les start-up qui ont du mal à dégager des bénéfices, les sociétés hybrides engrangent tranquillement les fruits de leurs investissements Internet, analyse le Gartner. ” Le commerce électronique est mené par les Fortune 500 aux Etats-Unis. De même, en Europe, ce sont les grands groupes qui drainent le plus de valeur sur Internet “, conclut-elle.Enfin, le Gartner a noté des différences entre les économies Internet nationales en fonction de leur positionnement géographique. Les pays méditerranéens sont plus axés sur les activités B-to-C. Les entreprises d’Europe du Nord, à la pointe du secteur, sont surtout motivées par le désir d’accroître leur chiffre d’affaires tandis que celles dEurope centrale souhaitent améliorer la qualité du service au client.

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Antonin Billet