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L’Ecole centrale de Paris tente à la fois de satisfaire parrains et étudiants

Plébiscitée par les entreprises qui cherchent à embaucher, l’Ecole centrale de Paris voit parfois ses options compter plus de parrains que d’étudiants. Ces derniers côtoient aussi les sociétés par le biais de la junior entreprise, mais ils sont alors plus exigeants avec elles.

Si nous n’avions pas mis en place notre système payant de parrainage d’option il y a dix ans, je ne pense pas que l’Ecole centrale de Paris aurait conservé son rang et sa renommée “, lance Monique Pineau, directrice du développement et des relations extérieures de l’école. Pour parrainer une option de troisième année, les entreprises versent 70 000 francs. Une centaine de parrains, dont quelques fleurons de l’industrie et du tertiaire français, se répartissent ainsi sur quatorze options. Ils ont contribué à 42 % des ressources privées du budget total de l’école, qui s’élève à 180 millions de francs. En échange, ils interviennent sur le contenu pédagogique de l’année durant laquelle les étudiants choisissent une filière. Ils proposent des thèmes de projets, des exposés, des séminaires et, bien sûr, des stages qui valideront le diplôme. Le tout en concertation avec les autres parrains de la même option et sous le contrôle d’un professeur désigné par l’école. “Nos parrains d’option bénéficient ainsi d’un accès direct et rapide aux futurs diplômés pour les embaucher, reconna”t Monique Pineau. Y compris, d’ailleurs, les start up, accueillies au tarif préférentiel de 12 000 francs. En phase de consolidation, elles recrutent selon leur expression du ” top niveau pour assurer “.” Mais ce modèle n’est pas sans poser des problèmes. Car Centrale compose désormais avec deux impératifs. D’une part, satisfaire les grands partenaires industriels, fidèles ” clients ” de l’école et garants du caractère généraliste de la formation, qui fait la réputation de l’établissement. D’autre part, coller à l’évolution du marché de l’emploi et aux motivations des étudiants.
Les multiples paradoxes du parrainage d’option
En cherchant à attirer les parrains lors de la rentrée 1999-2000, l’école s’est d’ailleurs retrouvée face à une répartition hasardeuse de ses étudiants dans les options. Une mauvaise adéquation entre la quantité de places proposées dans certaines options et les demandes des étudiants a, par exemple, généré de nombreuses frustrations chez ces derniers. “Le choix de l’option est essentiel. Il engage notre début de carrière, insiste Frédérique Verrier, étudiante qui participe à un audit destiné justement à repenser la répartition des élèves dans les options. Cette année, par exemple, les matières plébiscitées en choix principal – mathématiques appliquées, ingénieur économiste et air-espace – ne comptaient que vingt-quatre places chacune. Et nombre d’élèves ont dû se contenter de leur deuxième ou troisième choix !” Du coup, certaines options se sont retrouvées avec davantage de parrains que d’élèves ! Jusqu’à sept pour trois. Même paradoxe dans les cours liés aux technologies de l’information, mais pour d’autres raisons. L’option unique ” systèmes d’information et de télécommunication ” comptait dix-neuf parrains pour soixante élèves, et elle est devenue ingérable. Elle a donc été scindée en trois. Au final, trente-deux parrains se partagent désormais trois thèmes d’études pourtant très proches. Résultat : un contenu des cours tellement flou que les élèves ont hésité à postuler !
La compétition entre entreprises autour des options est très forte, et le parrainage exige une forte implication. D’autant que les jeunes centraliens sont exigeants. Mieux vaut éviter le discours marketing pour s’assurer de leur adhésion. “Je joue, bien sûr, mon rôle institutionnel en tant que représentante de la DRH, confie ainsi Claire Barnier, responsable des relations écoles de Sema Group. Mais ce sont, de préférence, des anciens de l’école que je fais participer aux exposés techniques.” Les entreprises peuvent d’ailleurs nouer des contacts avec les étudiants de multiples façons. Par le biais, par exemple, de la junior entreprise de l’école. “Certains de nos clients passent par notre intermédiaire pour proposer leurs stages et, ainsi, mieux cibler les candidats potentiels “, confie Nicolas Kerling, étudiant de première année et président actuel de l’association. Très sollicités, les responsables de l’association n’acceptent cependant le parrainage qu’à condition d’échanges utiles. Altran, société de conseil et de services en ingénierie, leur propose, par exemple, des bilans de compétences. D’autres, comme la start up Interactive Digital Media (IDM), créée par un ancien élève, tissent des liens plus subtils. Son dirigeant, Philippe Climent, a partagé son stand sur le dernier Linux Expo avec des étudiants qui ont présenté leur lecteur de DVD sous Linux. Une initiative qui a donné l’occasion à ces jeunes gens d’attirer l’attention d’IBM ! Sophie Maréchal

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ophie Maréchal