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Le très haut débit tisse sa toile

A travers le monde, des chercheurs développent des réseaux qui préfigurent l’Internet de demain. Aujourd’hui réservés à la recherche, ils rendent possibles des applications étonnantes. Certaines pourraient un jour arriver sur votre PC.

Savez-vous combien de temps il faut pour télécharger par Internet des films gravés sur DVD, comme Matrix ? Des scientifiques en ont fait l’expérience aux États-Unis : presque une semaine avec les connexions téléphoniques classiques à 56 kbit/s ; environ une journée avec le câble ou l’ADSL ; et seulement trente secondes sur le réseau Internet 2 ! Cette infrastructure à très haut débit, qui relie à 2,5 Gbit/s un nombre croissant d’universités américaines, est l’un des réseaux ultrarapides mis à la disposition de la communauté scientifique. Ailleurs dans le monde, des réseaux offrant des débits colossaux sont en cours de déploiement. Le réseau européen Geant (Gigabit European Academic Network) possède des artères qui se classent parmi les plus rapides de la planète : 10 Gbit/s pour la transmission d’informations entre deux universités. L’équivalent de la bande passante consommée par deux millions d’internautes surfant simultanément sur le Web.Les scientifiques ont besoin d’échanger des volumes de données de plus en plus importants. Ainsi, Geant prévoit de connecter à terme 3 000 universités et centres de recherche dans 32 pays. En physique nucléaire, en biologie ou en mécanique, la masse de données que s’échangent ces labos est énorme. Par exemple, au Centre européen de la recherche nucléaire (CENR), les expériences de collision entre particules élémentaires génèrent des centaines de téraoctets de données, l’équivalent de milliers de disques durs de 120 Go. Le très haut débit permet de transférer des quantités importantes de données, mais aussi de démultiplier la puissance des supercalculateurs. A travers des projets européens comme le Groupe de recherche sur le risque, l’information et la décision (Grid), les scientifiques peuvent accélérer leurs calculs en les répartissant sur des grappes d’ordinateurs, situés à des centaines ou à des milliers de kilomètres.Le système a toutefois ses limites. C’est ce qu’a montré une expérience de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). “Afin d’éprouver une liaison à 1 Gbit/s, nous avons lancé un calcul réparti sur douze PC à Rennes et douze autres à Sophia-Antipolis, à Nice”, explique Thierry Priol, chercheur à l’Inria. “Nous avons presque saturé la ligne”, ajoute-t-il.Les applications ? Calculer les flux d’air autour des fuselages d’avion, la déformation des miroirs des satellites d’observation sous l’effet du rayonnement solaire… A l’avenir, les débits continueront à augmenter. Les équipementiers (Alcatel, Lucent) pulvérisent d’année en année les records mondiaux pour dépasser 10 Tbit/s dans leurs labos. Mais les échanges sont souvent limités à quelques minutes ou à 100 kilomètres au maximum. Et le grand public ? Ces réseaux ne lui seront sans doute pas accessibles avant une dizaine d’années. En attendant, des projets naissent pour offrir des connexions plus rapides que le câble ou l’ADSL. Au Canada, la société Canarie déploie un réseau à 10 Mbit/s en direction des écoles. A Tokyo, cinq compagnies prévoient d’équiper un millier d’appartements du quartier de Koto avec une connexion partagée de 1 Gbit/s ! Les premiers services, qui démarreront à 100 Mbit/s, devraient s’ouvrir dès février 2003. En France, le collectif Placenet.org proposerait début 2003 une connexion à 10 Mbit/s limitée à quelques quartiers parisiens. Des expériences pilotes, mais qui permettront au grand public de découvrir des applications nouvelles comme la visioconférence en qualité DVD.

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Didier Castelnau