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Le téléphone, terminal de paiement

Une envie d’achat sur Internet ? Dégainez votre mobile et achetez tout de suite. Votre portable est là pour ça, avec une recette simple à base de carte à puce. Débarquement annoncé aux environs du mois de juin.

Devant son écran, Jacques vient de choisir sur un site Web de commerce électronique le DVD qu’il veut offrir à Noémie. Consultant les options de paiement, il clique sur GSM puis indique son numéro de téléphone. Quelques secondes plus tard, son mobile sonne, indiquant qu’un message vient d’arriver. Le texte est bref, trois lignes pour confirmer la commande et l’inviter à valider l’achat. Il glisse alors sa carte bancaire dans le mobile, compose son code secret et appuie sur une touche. Deux ou trois jours après, il recevra son colis.



Le m-commerce attise les appétits



Ce scénario ne relève pas que de la science-fiction : 600 personnes le vivent quotidiennement depuis l’été dernier. Il ne s’agit encore que d’expériences en nombre limité, deux en tout. Menée par Bouygues Télécom, les Banques populaires et Sagem la première a mobilisé 100 volontaires. L’autre, conduite par France Télécom, sept banques et Motorola en a rassemblé 500. De nombreuses entreprises sont aussi impliquées dans les deux cas, entre autres les grands de la VPC. Un peu partout dans le monde, le m-commerce (m pour mobile) attise les appétits : la perspective que le consommateur puisse acheter partout et tout le temps donne des ailes à de nombreux acteurs industriels, fabricants de téléphones, banquiers, commerçants et opérateurs téléphoniques. Pour beaucoup, le mobile appara”t comme le meilleur vecteur du commerce électronique, capable surtout de faire sauter le verrou lié aux craintes sur la sécurité. En effet l’internaute, souvent réticent à confier son numéro de carte au réseau, pourrait être ainsi rassuré. Le mobile pourrait largement sécuriser le commerce électronique en accueillant la carte à puce et son code secret.


Lorsque, chez un commerçant, nous composons ce code sur le terminal, appelé PinPad, la liaison avec la caisse enregistreuse pourrait aussi bien passer par la radio ou le téléphone. Ce code secret ne quitte pas le terminal, servant juste à lui faire valider la transaction. Transformer un mobile en PinPad personnel : voilà l’idée qui est dans l’air. Les applications sont innombrables, le mode de paiement devenant alors indépendant du média. On pourra utiliser son code secret pour acheter par téléphone, par e-mail, par Internet ou par Minitel.



Le lecteur de carte bancaire, une spécialité française



Deux voies sont explorées aujourd’hui : ajouter un lecteur de carte bancaire au mobile ou bien utiliser une carte Sim spéciale. La carte à puce n’étant généralisée qu’en France, c’est là qu’on trouve les plus ardents défenseurs de la première. Le principal avantage de la carte à puce vient du degré de sécurité inégalé qu’elle procure, mais aussi de l’indépendance par rapport aux banques. De la même manière qu’une carte bancaire permet de retirer de l’argent de n’importe quel distributeur et d’acheter dans toutes les boutiques, l’utilisation des mobiles à carte bancaire ne sera pas limitée à une banque ou à un groupe de commerçants. Mais pour concrétiser ce principe à l’échelle industrielle, il faut franchir plusieurs étapes et, surtout, parvenir à mettre en place un système parfaitement standardisé.
Des lecteurs de cartes à puce existent depuis longtemps pour le Minitel, et même pour les PC, mais ils n’ont jamais connu un immense succès. Etre généralisé ou ne pas être : c’est le dilemme qui pourrait être résolu dans peu de mois si le GIE Carte bancaire donne sa bénédiction à l’un des deux systèmes actuellement expérimentés en France (voir encadré), et il le fera certainement. Il y aura un seul agrément mais, les deux systèmes étant très proches, aucun ne risque de dispara”tre. A terme, ils sont même condamnés à devenir compatibles. Et le principe pourrait être étendu à d’autres types de cartes, comme le porte-monnaie électronique, encore en gestation.



Des cartes rivales



Une fois l’agrément du GIE Carte bancaire accordé, il ne restera plus alors qu’à proposer des mobiles adaptés. Les commandes spécifiques au commerce électronique seront donc partie intégrante des appareils. Banquiers et commerçants y croient dur comme fer : “Dans deux ans, tous les mobiles posséderont un lecteur de carte à puce “, pronostique un responsable des Banques populaires. Du côté des fabricants de mobiles, l’enthousiasme est beaucoup moins sensible. Deux d’entre eux seulement, Sagem et Motorola, ont officiellement montré un modèle. Cela n’empêche pas Bouygues et France Télécom d’annoncer déjà les premiers services du m-commerce dès ce printemps ou cet été.


Dans les nombreux pays où on n’utilise pas la carte à puce, les expériences menées actuellement s’appuient entièrement sur les nouvelles cartes Sim Tool Kit. Grâce à elles, un mobile peut demander le code du compte bancaire lors d’un achat et procéder aux mêmes opérations qu’un terminal de paiement. Expérimentée, voire mise en place dans plusieurs pays, cette solution présente l’avantage de fonctionner sur n’importe quel téléphone, du moins ceux acceptant les cartes Tool Kit.
Mais les banques ne l’apprécient guère car elles doivent confier à des tiers la gestion de leur système de sécurisation.
L’opérateur téléphonique qui proposera de tels mobiles deviendra en quelque sorte un fabricant de cartes bancaires. C’est bien la limite observée dans les pays où ce genre de service est apparu. Son champ reste restreint à un ensemble de partenaires industriels, banques, opérateurs et commerçants, qui se sont mis d’accord entre eux. Il n’est donc pas possible alors de payer n’importe quoi sur son mobile.


Les mobiles à venir, en France, seront équipés de deux fentes, l’une pour la carte Sim, l’autre pour la carte bancaire. Ils devront pouvoir utiliser les nouvelles cartes Sim Tool Kit acceptant des programmes complémentaires. Et on peut attendre d’autres développements, comme l’utilisation de commandes vocales ou l’association avec les fonctions du Wap, qui permet à un mobile de consulter des sites Internet spécialement conçus

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Jean-Luc Goudet