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Le téléphone mobile passe à la caisse

Grâce à la technologie de communication sans contact NFC, le mobile est à la carte bancaire ce que le petit porte-monnaie est au portefeuille. A ceci près que le NFC autorise d’autres usages que le micropaiement.

Payer son café, valider son titre de transport, ou encore enregistrer ses points de fidélité, font partie des actions que l’on peut réaliser avec son téléphone mobile. Du moins si l’on habite à Nice et si l’on possède un mobile capable de dialoguer en NFC, une technologie de communication radio de courte portée (lire l’encadré ci-contre). La cité de la Côte d’Azur est la première à avoir déployé un projet à grande échelle, baptisé Cityzi, de services mobiles sans contact. Le tout sous l’impulsion de l’Association française du sans contact mobile (AFSCM), laquelle regroupe des opérateurs télécoms (Bouygues Telecom, Orange, SFR, NRJ Mobile), des fournisseurs de services, comme des banques (BNP Paribas Personal Finance, Crédit Mutuel Centre-Est, Société Générale), la société de transport en commun Veolia Transport, ainsi que des fabricants d’électronique et de cartes SIM (AtosWorldline, Gemalto, OberthurTechnologies entre autres). La mise en place de services mobiles sans contact exige une entente parfaite entre tous les partenaires.

Une question de volonté

Jusqu’alors, c’est surtout l’absence de téléphones mobiles NFC qui freinait le développement des services. Eh ! oui, rares sont les appareils à être équipés de la puce adéquate. Mais l’AFSCM se veut confiante : si les fabricants ont réussi à implémenter une fonction d’appareil photo dans les téléphones, ils devraient pouvoir ajouter facilement cette nouvelle technologie. Une question de volonté plus qu’un problème technique. Pour l’heure, seul le Player One de Samsung, estampillé Cityzi, autorise les communications NFC à Nice. Mais la liste des futurs mobiles compatibles ne cesse de s’allonger. Attendue sur l’iPhone 4, une puce NFC devrait équiper l’iPhone 5 d’Apple. Du côté de Google, le système d’exploitation pour mobile Android 2.3 Gingerbread est prêt, en attendant les mobiles compatibles. Ce qui ne saurait tarder : les quatre opérateurs mobiles viennent d’annoncer la diffusion d’un million de téléphones NFC Cityzi pour 2011. Une fois les appareils disponibles, il faudra que les fournisseurs de services développent aussi leurs propres applications. Des expérimentations sans contact ont déjà eu lieu à Caen et à Strasbourg. Neuf autres projets pilotes sont programmés à Bordeaux, Caen, Lille, Marseille, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse. Si la mise en place de la technologie NFC est encore balbutiante, gageons qu’elle finira par se généraliser au même titre que la carte de crédit. Pour l’instant, voici un avant-goût des différentes applications auxquelles la technologie NFC peut donner accès, et qui sont mises en service à Nice.

Pas d’espèces pour les petits montants

Payer son café avec son mobile suppose plusieurs conditions. Outre l’indispensable téléphone compatible NFC, il faut que sa banque propose bel et bien le paiement mobile sans contact. Dans ce cas, elle installe à distance sur demande un logiciel sur la carte SIM du téléphone afin de le transformer en carte de paiement sans contact. L’ensemble des organismes bancaires ? y compris Visa et Mastercard ? se sont mis d’accord sur les spécifications pour faciliter les transactions. Sitôt l’application de paiement installée, le client de la banque reçoit un code personnel pour l’activer. Il peut s’agir du même code que sa carte bancaire, ou pas. Il lui appartient aussi de choisir s’il veut saisir son code personnel pour des achats d’un montant inférieur à 20 euros. Au-delà de cette somme, les organismes bancaires rendent obligatoire la saisie du code personnel. Une fois ce choix validé, il est possible de régler ses achats avec le mobile… à condition que le commerçant dispose, lui aussi, d’un terminal de paiement équipé de la technologie NFC. Parmi les premières banques à participer à l’opération niçoise, le Crédit Mutuel équipe progressivement les commerçants. Lorsque toutes les conditions sont réunies, il suffit d’approcher le mobile du terminal de paiement du commerçant pour régler l’addition. La suite de la transaction suit le même processus propre à chaque banque pour le paiement par carte bancaire.

Une liaison radio à très courte portée

Le NFC (Near Field Communication) est une technologie de communication radio de la même famille que le RFID, l’identification par radiofréquence. Elle utilise la même fréquence de 13,56 MHz que les radio-étiquettes, mais avec une portée nettement plus courte : 5 cm environ, 10 cm maximum. En pratique, le mobile intègre une antenne d’un millimètre d’épaisseur, une puce NFC, ainsi qu’une carte SIM compatible. Produite par les mêmes fabricants (notamment Gemalto et Oberthur), elle utilise le même système de cryptage afin de garantir au paiement par mobile un niveau de sécurité identique. C’est elle aussi qui stocke les données nécessaires aux services sans contact. “ Sans contact ”, parce que le simple fait de rapprocher le mobile d’un émetteur-récepteur NFC déclenche la communication et l’échange d’informations entre eux. Selon la nature de l’interlocuteur (borne, lecteur de cartes bancaires, étiquette électronique…), plusieurs services sont envisageables : le paiement, la dématérialisation de la carte de fidélité et des coupons de réduction, la validation d’un ticket virtuel de transport, l’information à la demande. Autre avantage, le NFC a un faible impact sur l’énergie de la batterie. Du coup, la communication reste possible même si la batterie du téléphone est à plat. Pour des raisons de sécurité, l’utilisateur peut saisir, lors du paiement, un code validant la transaction, comme il le ferait sur le clavier du terminal de paiement avec sa carte de crédit. Reste le risque qu’un tiers intercepte les échanges radio. “ C’est difficile, et même impossible ”, insiste l’AFSCM.

Le ticket dans le mobile

Tout mobile estampillé Cityzi permet d’accéder directement à BPass Lignes d’Azur. Le système, mis en place par Veolia Transport, inclut un service de paiement et un service de titres de transport pour le bus et le tram à Nice. Tout d’abord, l’utilisateur doit s’inscrire à partir de son mobile en cliquant sur l’icône de l’application. Il dispose alors d’un délai de trois mois pour se rendre en agence, muni d’une pièce d’identité, afin de valider son inscription. Par la suite, l’achat de tickets à partir du mobile tient compte des réductions (moins de 26 ans, plus de 65 ans…) auxquelles l’usager a droit, y compris pour un ticket à l’unité. Et ce, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit puisqu’il suffit de disposer d’une connexion Internet sur le mobile. En cas de perte ou de vol du téléphone, l’usager doit appeler son opérateur, lequel prévient les autres prestataires. Pour sa part, le transporteur a prévu d’avertir immédiatement l’ensemble des bus afin de bloquer l’utilisation du mobile signalé. Autre verrou de sécurité : il semblerait que l’on prenne conscience de la perte d’un mobile beaucoup plus rapidement que celle d’une carte bancaire ou d’un titre de transport.

Valider son titre de transport

Dans le bus ou le tram, le mobile fonctionne comme une carte sans contact, il suffit d’approcher l’appareil de la borne pour valider son titre de transport. Le système NFC permet d’accéder aux tickets stockés sur la carte SIM du téléphone, y compris si la batterie est à plat ou le mobile éteint. Un point important selon Guillaume Rosetti, chef de projet Bpass chez Veolia Transport : “ Il n’était pas question que, lors d’un contrôle des titres de transport, les passagers disent : désolé, mais la batterie est à plat ! ”

NFC et flashcode font bon ménage

A chaque arrêt de bus ou de tram, des flashcodes donnent accès à une page Internet mobile d’informations, notamment les horaires des bus et le fil d’actu de Nice Matin. Afin de mettre à jour leurs horaires en temps réel, les bus sont équipés de puces GPS. Par ailleurs, c’est bel et bien en NFC que le passager peut acheter, depuis l’arrêt du tram, un ticket de transport ; il doit alors approcher son mobile du logo pour accéder à un raccourci de l’application, et accélérer ainsi la transaction.

Carte de fidélité

Un magasin de vidéo situé dans le centre-ville de Nice a choisi de proposer sa carte de fidélité sur support mobile. Le client intéressé télécharge l’application Fidbook sur son téléphone, sélectionne l’enseigne, puis saisit ses données (nom, prénom, date de naissance, adresse mail). A chaque achat, il cumule des points de fidélité en approchant son mobile du valideur du magasin. Un délai de 24 heures est nécessaire pour que les points soient enregistrés.

Guide touristique

En visitant le vieux Nice, le flâneur peut consulter sur son mobile des infos complémentaires sur les monuments historiques qu’il croise, tels que la cathédrale Sainte-Réparate. Une étiquette NFC cachée dans le panneau touristique donne accès à un audioguide, ainsi qu’à quelques photos et des vidéos. De quoi enrichir un peu la visite, même si on aurait pu s’attendre à un contenu plus exhaustif.

Bon de réduction

Des codes promos dans le mobile plutôt que dans la poche, c’est ce que permet l’application développée par le supermarché Franprix. Le client peut ainsi repérer le produit en réduction dans le rayon. Seule difficulté : trouver les bons articles (les références produits manquent de précision, et l’image ne peut pas être agrandie). Au moment de régler ses courses, le client approche son mobile du récepteur NFC de la caisse pour que soit immédiatement pris en compte le montant de la réduction dans la facture finale. C’est avant tout la rapidité qui distingue l’application NFC des autres applications de carte de fidélité prévues pour smartphones. Lors de notre passage, le service fonctionnait avec difficulté, mais il semblerait que, depuis, les bogues aient été corrigés.

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Valérie Quélier