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LE RÊVE UMTS ÉCLIPSE LA RÉALITÉ GPRS

Le Congrès mondial du GSM, qui s’est tenu à Cannes du 20 au 23 février, aura fait la part belle au toujours futur UMTS. Est-ce l’effet cinéma de Cannes ou le marketing agressif des fabricants de 3G qui aura nui au véritable avènement du GPRS ?

Les fabricants de semi-conducteurs pour GSM sont unanimes : les puces et les systèmes 3G, qui permettront la vidéoconférence sur téléphone, ne seront pas commercialisés avant 2003. Tous concentrent aujourd’hui leurs efforts sur l’élaboration de la 2,5G. La tendance en ce domaine est de développer des systèmes complets, alliant jeu de composants et plate-forme logicielle.

Les fabricants de chipset en force sur la Croisette

Comme il faut trois ou quatre composants seulement… mais beaucoup de logiciels pour fabriquer un portable, la présence à Cannes de fabricants de chipsets ?” Analog Devices, ARM, Motorola et Texas Instruments en tête ?” était impressionnante.Ainsi, Agere Systems a annoncé sa solution GPRS de Classe 8, qui autorise la réception des données à 50 kbit/s. La firme est d’ailleurs l’une des plus optimistes quant à l’UMTS, puisqu’elle prévoit que les premiers terminaux 3G sortiront dès le second semestre 2002, et que leur commercialisation débutera en 2003. Infineon, quant à lui, parie sur un lancement de la 3G à l’horizon 2004, et a profité du congrès pour présenter une plate-forme complète GSM-GPRS, équipée d’une puce Bluetooth, et un émetteur-récepteur 2G et 2,5G compatible GSM-GPRS et Edge, qui ne seront cependant pas disponibles avant la fin de l’année. Conexant (ex-Rockwell), qui a dévoilé un nouvel émetteur-récepteur RF (Radio frequency) compatible GPRS de Classe 12 et Edge, reste très pessimiste. Il table sur un véritable départ de l’UMTS en 2005 en Europe, et n’hésite pas à prédire un lancement de la 3G outre-Atlantique… en 2011.

Il ne faut pas vendre la peau de l’ours…

On peut donc raisonnablement penser que 2002 devrait être le début de l’ère GPRS. La commercialisation des services UMTS ne devrait être effective que fin 2003 ou début 2004, et de manière confidentielle, contrairement à ce que prétendent les équipementiers et les fabricants de terminaux. Ces derniers, en particulier Alcatel, Motorola et Nokia, devraient peut-être porter plus d’attention aux analyses de leurs fournisseurs de composants.Vendre la 3G avant qu’elle n’existe afin de se positionner en tant que fabricants incontournables vis-à-vis des opérateurs (qui achèteront les terminaux dans un premier temps) pourrait donc bien être dangereux pour la 2,5G (le GPRS), quelque peu dévaluée par les promesses de la 3G.L’arme de l’UMTS, brandie par les constructeurs de terminaux, pourrait alors se retourner contre eux et contre les appareils GPRS qu’ils ont présentés lors du GSM World Congress : le OneTouch 502, d’Alcatel ; le R520, d’Ericsson ; les Trium Geo, de Mitsubishi ; le TimePort 260, de Motorola ; le GPRS 3050, de Sagem ; et le SGH Q100, de Samsung.Malgré les inquiétudes à propos du probable retard du lancement des réseaux UMTS, François Davy, responsable de la division française de Motorola, reste serein : “Des appels d’offres ont été lancés, demandant aux constructeurs s’ils seraient en mesure de fournir des terminaux 3G en 2002. Nous avons répondu par l’affirmative.” Optimiste, François Davy avoue cependant partager la position de Martin Bouygues : “Avec la pression fiscale exercée par les licences UMTS, ce sont autant de centaines de millions d’euros qui ne seront pas investis dans les réseaux ou les services.” Il reconnaît aussi que des opérateurs et des équipementiers ” laisseront des plumes ” dans la 3G. En ce qui concerne le GPRS, François Davy réfute les affirmations des opérateurs, qui accusent les constructeurs d’être responsables du retard du GPRS. “Notre TimePort 260 est totalement disponible, et des commandes de plusieurs milliers d’exemplaires ont d’ores et déjà été passées en Europe. Je peux en fournir autant que les opérateurs en voudront”, ajoute-t-il. Quant à savoir si le marché sera ou non au rendez-vous, François Davy estime que les premières applications seront surtout destinées aux entreprises. En effet, les observateurs jugent qu’elles seront les seules à pouvoir s’offrir des services sûrement très coûteux.

Les applications restent celles d’Internet

Parmi les applications en vedette à Cannes figuraient celles qui utilisent les différents outils pour lier les serveurs Internet aux terminaux mobiles, les passerelles WAP, et les outils de transmission d’images. Le cabinet britannique Arc Group, après avoir sondé les opérateurs, assure que ces derniers prévoient que 20 % de leurs revenus proviendront d’applications d’Internet mobile.Les outils de gestion de la relation clients destinés aux opérateurs devraient également tirer parti des nouvelles technologies cellulaires. Après le CRM, le Self Care va faire parler de lui. L’application paraît simpliste ; le client modifie seul, et instantanément, les caractéristiques de son abonnement. Les économies pour l’opérateur sont alors au rendez-vous, dans la mesure où l’abonné fait une partie du travail de l’agent du centre d’appels.“Un homme d’affaires doit partir à l’étranger, il désire étendre son abonnement mobile à l’international. Actuellement, il doit prendre contact avec un centre d’appels, et la modification n’intervient que le lendemain. C’est trop lent. Avec une application comme la nôtre, elle est immédiate”, explique ainsi l’éditeur Netonomy.Des applications de géolocalisation étaient également présentées sur une douzaine de stands. Il semblerait pourtant que le cadre juridique français freine l’évolution de ce type de service. La loi Informatique et liberté interdit, en effet, aux opérateurs la diffusion de positionnement afin de préserver les libertés individuelles.Néanmoins, des solutions existent, comme celles qui exploitent les coordonnées de terminaux dotés d’un GPS (Global positioning system). Dans ce cas, les données issues de l’appareil sont comparées aux coordonnées des services stockés sur un serveur Web, et les plus pertinentes sont renvoyées sur l’écran du mobile qui effectuait la requête.Enfin, du côté des portails vocaux et de la reconnaissance de la voix ?” qui permet d’effectuer des recherches sur le Web sans être obligé de saisir ses demandes sur de minuscules claviers ?”, leur succès commercial varierait en fonction de la phonétique des différentes langues. On ne peut encore parler de révolution.

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Nicolas Belot, Jérôme Desvouges et Thierry Outrebon