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Le premier commutateur InfiniBand arrive trop tôt

Paceline vend déjà ses premiers commutateurs 8 ports InfiniBand dotés de composants IBM, avant même que les serveurs ne disposent de cette technologie. Une constatation qui souligne des retards inquiétants.

La start-up américaine Paceline Systems prend de vitesse ses congénères DivergeNet, InfiniFast et SBS Technologies en mettant sur le marché un commutateur 8 ports basé sur la technologie InfiniBand, pour 9 600 $. Ce boîtier marque le début d’une nouvelle génération de produits, qui amélioreront les transferts entre serveurs et baies de stockage. Ce système, qui fonctionne en point à point, permettra d’atteindre un débit maximal de 2,5 Gbit/s par paire de cuivre, au lieu des 2 Gbit/s actuels relevés sur les réseaux Fibre Channel. On parle même de 10 Gbit/s, pour la version quatre fils, attendue l’année prochaine ; et de 30 Gbit/s par la suite.

Une évolution attendue depuis trois ans

Ajoutons à ces performances le prix des cartes et des commutateurs, deux tiers moins élevé que le Gigabit Ethernet, soit une véritable économie par rapport au Fibre Channel. Pour optimiser les entrées-sorties des serveurs multiprocesseurs, il faut modifier les bus internes qui constituent les goulets d’étranglement de transferts entre les différentes mémoires. Et, pour dépasser le Gigabit actuel en sortie d’un ordinateur, il faudra changer de bus. Si tout le monde pense que l’évolution des cartes actuelles PCI 64 bits à 66 MHz vers les modèles PCI-X à 266 MHz (2,1 Gbit/s) et 533 MHz (4,2 Gbit/s) utilisant un bus partagé sera disponible sur le marché demain (Dell et IBM poussent en ce sens), le bus commuté InfiniBand, qui repose sur une matrice de commutation, ne devrait pas suivre aussi vite que prévu. En attendant, il faudra se contenter de composants embarqués sur des cartes PCI-X. Cela explique en partie les reports d’annonces de HP, d’Intel et de Microsoft, qui ont clairement signifié que la technologie InfiniBand (promue au départ par Intel) n’était pas une nécessité absolue du moment.Les start-up du secteur, qui se voyaient déjà tourner à plein régime en 2003, accusent le coup : avec plus de 400 millions de dollars investis par les sociétés de capital-risque, ces retards deviennent catastrophiques.

La volte-face de certains

On prévoyait que les premiers composants seraient utilisés en entrée des baies ou dans des commutateurs concurrents des Fibre Channel.Force est de constater qu’InfiniBand n’étant pas prêt, Intel a préféré retarder la sortie de ses composants, et cela malgré son investissement (aux côtés de Dell et Sun) dans la société de composants Mellanox. QLogic, de son côté, a choisi de se concentrer sur l’iSCSI. HP, lui, a précisé par la voix de son responsable serveur : “Nous n’offrirons pas d’InfiniBand avant plusieurs années, car il coûte encore trop cher.” Et Microsoft donne une réponse encore plus cinglante : son service de communication américain déclare que les performances d’Ethernet sont bien trop proches d’InfiniBand pour justifier des développements spécifiques. Mais, comme par hasard, les pilotes Linux seraient déjà disponibles…En mai 2001, le cabinet IDC prévoyait, pour 2002, que 3 % des serveurs seraient équipés en InfiniBand, le chiffre prévu pour 2004 étant 60 %. Depuis, on attend les cartes PCI-X. Pour la plupart des observateurs, la volte-face de certains s’expliquerait par l’avance actuelle d’IBM sur les composants, un atout qui pourrait créer un avantage décisif sur les serveurs en lames.

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Thierry Outrebon