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Le Napster de la téléphonie

La voix sur IP commence enfin à décoller. Logiciels, matériels, bande passante : tout est prêt pour permettre au grand public et aux entreprises de téléphoner sans compter. Bref, tout ce qu’il faut pour embêter les
opérateurs de téléphonie.

Internet sera-t-il aux opérateurs de téléphonie ce qu’il a été aux maisons de disque ? Même si l’on en parle depuis longtemps, la téléphonie sur IP n’avait – jusqu’il y a peu – pas encore
véritablement percé. Tout simplement parce que cette technologie n’apportait aucun gain au consommateur. Les communications étaient de mauvaise qualité, et le coût encore élevé. Sans compter la difficulté d’utilisation des logiciels
permettant de téléphoner en passant par Internet.La donne a véritablement changé en quelques mois. Tout d’abord grâce aux fournisseurs d’accès ADSL qui, à l’instar de Free, ont lancé des offres de téléphonie couplée avec Internet à des tarifs souvent très
intéressants.Ensuite grâce aux développeurs de Skype.
Ce logiciel, déjà téléchargé une dizaine de millions de fois, permet de passer un coup de fil sur Internet aussi facilement que l’on envoie un mail.Enfin, grâce aux constructeurs de matériels qui ont mis sur le marché oreillettes sans fil et micros adaptés, bref tout ce qu’il faut pour appeler avec un minimum de confort.Aujourd’hui, seuls les early adopters, ceux qui raffolent des nouvelles technologies, s’y sont mis. Mais parions que les entreprises à la recherche de réductions de coûts vont, elles aussi, y passer,
suivies par une partie de plus en plus importante du grand public.Pour reprendre le mot préféré de Scott McNealy, le patron de Sun, la voix sur IP est ‘ disruptive ‘. En bon français, elle provoque un changement, une cassure, dans le business de la
téléphonie.Il faut toujours se méfier des parallèles, mais la comparaison entre Skype et Napster est éloquente. Comme Napster, Skype pourrait être le point de départ de la disparition d’un modèle économique en place depuis des dizaines
d’années.Ce modèle, celui des opérateurs de téléphonie, repose sur la facturation des communications à la durée, en fonction de la distance. Tout le contraire de l’Internet d’aujourd’hui et de demain, où l’on paie un
forfait pour consommer sans limitation de durée.Et, contrairement à ce que leurs publicités veulent faire croire, les opérateurs de téléphonie réalisent des marges importantes et pratiquent des tarifs encore élevés. Tous savent donc que, à long terme (les ventes de CD non plus ne se
sont pas écroulées du jour au lendemain), leur business aujourd’hui rémunérateur pourrait être remis en question.Ce qui les pousse à chercher à se diversifier, en proposant des connexions ADSL par exemple, et donc en favorisant le développement du haut-débit et de la consommation de ressources réseau au forfait.* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur individuelProchaine chronique jeudi 22 avril

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Alain Steinmann*