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Le maître des mondes virtuels garde les pieds sur terre

Ingénieur 3D chez Virtools, François Dujardin se charge de rappeler à la réalité les clients trop séduits par leur rêves.

De l’expression “réalité virtuelle“, François Dujardin, 29 ans, retient d’abord le mot “ réalité“. Ingénieur spécialisé dans la mise en ?”uvre d’applications 3D interactives pour l’éditeur Virtools, ce diplômé de Telecom Paris est un briseur de rêves. “Je confronte au quotidien les fantasmes de mes clients à la dure épreuve du réalisable et surtout de l’efficace“, explique-t-il. Ainsi, quand l’éditeur britannique de livres scolaires Pearson veut un support de cours de physique atomique interactif, dans lequel l’élève évoluerait joyeusement au milieu des atomes, comme en apesanteur dans l’espace, François Dujardin rappelle que ladite balade risque bien de tourner au jeu vidéo plus qu’à l’assimilation de connaissances. “Je fais réaliser à mon client que son objectif, en l’occurrence l’apprentissage, doit primer sur l’esthétisme ou le ludique.” Autant que de développer des applications virtuelles, le métier de François Dujardin consiste donc à se muer en consultant en stratégie, capable de formaliser les besoins de l’entre- prise et d’imaginer le retour sur investissement. Entouré de programmeurs, de graphistes, d’ergonomes, de designers, celui qui a réalisé son mémoire de fin d’études sur le thème de la “psychophysique de la vision” s’attache en outre à imaginer les éléments visuels qui rendront l’environnement virtuel le plus lisible possible et à développer au maximum l’interactivité. “Une simple ombre permet parfois d’en dire long sur la place et l’usage d’un objet de l’application virtuelle “, explique-t-il. Tout projet commence par l’élaboration d’un storyboard, puis d’une maquette informatique, conçue notamment avec Virtools Dev 2.0, un logiciel de création 3D développé en interne.

Le marché mûr pour la 3D

Les applications réclamées par le monde de l’entreprise sont de plus en plus variées : “ Nous visons le jeu vidéo bien sûr, mais aussi l’e-marketing ou de l’e-learning “, commente François Dujardin. La société a ainsi élaboré des présentations de produits financiers dans un environ-nement virtuel pour la Banque Rotschild, ou encore des modules d’e-formation en 3D pour les équipes de maintenance de centrales nucléaires d’EDF. “Le marché est désormais mûr pour la réalité virtuelle, assure l’ingénieur, le moindre PC peut aujourd’hui accueillir des applications 3D ; les enfants ont acquis une culture du virtuel via les jeux vidéos ; et le web a offert un support supplémentaire à la 3D“. De fait, Virtools a réalisé en 2000 910 000 euros (6 millions de francs) de chiffre d’affaires, et table sur un doublement en 2001.

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Sophie Janvier-Godat