Passer au contenu

Le gouvernement s’interroge sur l’attribution des licences UMTS

Les licences UMTS sont rares et donc chères L’expérience britannique interpelle la France, qui hésite sur la procédure d’attribution des licences UMTS : mise aux enchères ou sélection sur dossier

Que va décider Christian Pierret, secrétaire d’État à l’industrie ? Opter pour le juteux système des enchères ou non ? À Bruxelles, mardi dernier, le ministre a affirmé être très attentif aux expériences étrangères concernant l’attribution de licences de téléphonie mobile UMTS (Universal Mobile Telecommunications System). Il fait référence à l’expérience britannique où les candidats se sont arraché les licences à prix d’or : le gouvernement de Tony Blair a encaissé 38,5 milliards d’euros pour l’attribution de cinq licences. Lequel de ses voisins n’y réfléchirait pas à deux fois quand il s’agit de faire rentrer dans les caisses de l’État un tel pactole ?
Au ministère, on indique qu’aucun montant n’a été fixé et on réfute le chiffre de 50 milliards de francs avancés par certains. La France n’espère pas autant que la Grande-Bretagne : ” Nos licences sont attribuées pour quinze ans contre vingt-deux ans pour les Anglais et nous proposons quatre licences contre cinq outre-Manche “, explique Catherine Laroque, chargée de la communication au ministère.
Le cabinet de Christian Pierret indique qu’il ne prendra sa décision que dans quelques semaines. ” Tout est ouvert. Les fréquences sont un bien rare, donc cher. Il n’est pas question de les brader “, avance néanmoins Catherine Laroque. De son côté, l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) n’a pas réagi aux propos du ministre. Le régulateur avait fait part de sa préférence pour la procédure de soumission comparative. Celle-ci présente un avantage : l’argent qui ne sera pas consacré à l’achat de la licence permettra de déployer rapidement le réseau et d’offrir plus vite des services.

Méditer sur l’exemple américain

Parmi les acteurs concernés figurent les opérateurs GSM actuels comme SFR du groupe Cegetel. Philippe Germond, directeur général, a suivi les enchères britanniques. ” C’est n’importe quoi ! On arrive à des niveaux exorbitants. L’UMTS risque de finir mort-né. Faire de l’argent sur les licences est une optique à très court terme, susceptible de mettre les opérateurs en danger. “Selon lui, ce serait faire un mauvais calcul que de tenter de retirer un maximum d’argent des candidats à l’UMTS. Il s’appuie pour cela sur l’expérience du GSM : ” Il faut voir aussi combien d’emplois ont été créés, ainsi que les nouvelles rentrées d’argent liées à l’impôt sur les sociétés, la TVA, etc. Et de renchérir : Jusqu’ici, avec l’attribution des licences analogiques et numériques, le pays n’a pas eu à se plaindre. Si les licences atteignent des prix beaucoup plus élevés, cela se fera au détriment des investissements. “Les opérateurs GSM français ont investi, au total, plus de 100 milliards de francs pour bâtir leurs réseaux. France Télécom précise que la construction d’un réseau national UMTS coûte de 25 à 30 milliards de francs. Philippe Germond rappelle l’exemple américain qui pourrait servir d’avertissement : ” Après la mise aux enchères des fréquences, on a assisté à des dépôts de bilan de la part des vainqueurs et le taux de pénétration de la téléphonie mobile outre-Atlantique reste faible. “
À l’opposé, l’État n’a-t-il pas sous-évalué le prix des licences GSM ? Pour le compte de l’année 1998, les opérateurs GSM ont versé, à eux trois, 140 millions de francs ! Une goutte d’eau comparée aux milliards d’euros des Britanniques.

Le mobile et ses perspectives de croissance n’ont cessé de surprendre ! Lors de l’attribution des licences GSM, on envisageait un taux de pénétration du mobile d’environ 15 %, très loin des 70 % que l’on connaît aujourd’hui dans certains pays. Tout le monde s’est trompé sur la vitesse de croissance du parc et sur la valeur d’une licence GSM… Ce qui se passe aujourd’hui pourrait bien avoir l’effet inverse avec l’UMTS !

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


HASSAN MEDDAH