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Le dégroupage n’est plus une chimère

Les premières expérimentations de dégroupage ont commencé – avec retard – cet été. Les ” testeurs ” expriment déjà certains griefs. Tous attendent la publication du décret sur le dégroupage pour y voir plus clair.

Ça y est ! Le dégroupage de la boucle locale de France Télécom n’est plus une idée vague, théorique, mais une réalité. Depuis cet été, les opérateurs alternatifs et des fournisseurs d’accès à Internet testent ce moyen d’accéder directement au client final pour offrir, grâce aux technologies xDSL, de l’Internet rapide via la ligne de cuivre téléphonique.
Que les concurrents de France Télécom puissent raccorder leurs concentrateurs DSL sur ses répartiteurs – l’endroit où aboutissent les fils de cuivre des abonnés – était encore impensable il y a quelques mois. Mais si l’avancée est de taille, elle est encore timide pour le moment. Alors que les tests devaient démarrer le 3 juillet, les premiers contrats d’expérimentation n’ont été signés que mi-juillet. “Tout a pris du retard“, confie François Vivier, directeur des affaires réglementaires de BT France. Certains opérateurs ont voulu revoir les contrats qui n’étaient plus négociables au-delà du 3 juillet. Et, au 23 août dernier, seuls douze opérateurs – sur vingt-cinq candidats – avaient signé pour un total de cinquante-cinq lignes téléphoniques dégroupées. Ce qui est peu.
Si les opérateurs concernés se félicitent d’avoir commencé les tests et constaté que le dégroupage semble fonctionner, ils n’en n’étalent pas moins plusieurs griefs. La première des récriminations concerne l’accès à l’information. “Nous avons très peu de renseignements de la part de France Télécom sur ses répartiteurs, alors que c’est très stratégique, regrette Hervé Leroy, chef de projet télécoms d’Easynet. France Télécom ne dit pas combien de lignes le répartiteur regroupe, ni quelle est sa zone géographique. ” Même critique chez 9 Télécom : “Sur le site de Massy, nous n’avons qu’une carte photocopiée avec des contours dessinés à la main “, raconte Bruno Jinoux Defermont, responsable marketing de l’offre ADSL. Les opérateurs réclament donc des cartes précises et numérisées des zones d’emprise, ainsi que le nombre de lignes et le nom des clients. Ils aimeraient également pouvoir interfacer leur système d’information avec celui de France Télécom, pour pouvoir saisir automatiquement les lignes dégroupées. “Pour l’instant, ça va, car il n’y a pas beaucoup de lignes dégroupées. Mais ensuite, cela sera indispensable “, s’inquiète Bruno Jinoux Defermont. Ce dernier regrette aussi le manque de souplesse de France Télécom. “Nous avons demandé à dégrouper huit lignes sur un site client, mais France Télécom les limite à deux. C’est un signe de mauvaise volonté.
Comme on le voit, le sujet est sensible. D’autant plus qu’il reste bon nombre de problèmes à régler. Par exemple, la gestion des fréquences, le prix de location de la ligne, ou le partage de cette dernière. En effet, les opérateurs alternatifs veulent pouvoir délivrer de l’Internet rapide sans avoir à installer de nouvelle ligne, ou sans avoir à assumer le service téléphonique. Si les groupes de travail sur le dégroupage continuent de discuter sous l’égide de l’Autorité de régulation des télécommunications, tous attendent avec impatience la publication du décret, attendue avant la fin de l’été.

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Guillaume Deleurence