Passer au contenu

L’AS/400 peine à gommer son image de système propriétaire

Pour séduire de nouveaux clients, IBM a surtout travaillé le système d’exploitation de son emblématique mini, tout en standardisant son architecture matérielle.

Face à des machines Unix dont le succès ne se dément pas, à des mainframes qui affichent une seconde jeunesse prétendument retrouvée, et aux incontournables plates-formes Intel, les AS/400 d’IBM se font plutôt discrets. “La base installée est stable, assure pourtant Robert Lefort, directeur commercial des offres packagées et middle market chez EDS France. Si le nombre d’unités tend à diminuer, la puissance reste globalement la même. Mais ce marché est un peu sur la défensive parce que concurrencé par celui des systèmes non propriétaires.” La SSII sait de quoi elle parle. Son activité de services autour de ce type de serveurs représente un peu plus de 100 millions d’euros de revenus annuels, même s’il ne s’agit que de 5 % de son chiffre d’affaires.

Un serveur intégré surtout présent en PME

Opter pour un AS/400, c’est avant tout choisir une solution clés en main. Son constructeur le commercialise d’ailleurs en tant que tel. Cette architecture et son système d’exploitation ?” tous deux propriétaires ?” proposent en standard une base de données, le support natif de Linux, le langage Java, du partitionnement dynamique à volonté, etc. Le tout dans une boîte… noire. Son qualificatif de serveur “intégré” lui sied à merveille. La première lettre de son nouveau nom ?” l’AS/400 a été rebaptisé iSeries en octobre 2000 ?” est là pour le rappeler. “En France, les iSeries sont présents essentiellement dans des entreprises de taille moyenne ou dans des filiales de grands groupes internationaux, explique Robert Lefort. Généralement, quand on est déjà dans cette famille de serveurs, on y reste.” Ainsi est-ce sciemment que Provence VI, concessionnaire Renault Véhicules Industriels, à Avignon, a décidé d’acquérir, en septembre 2000, un iSeries Model 270 pour mettre en ?”uvre son extranet de gestion de parc de véhicules.

Un coût total de possession avantageux

“Je connaissais déjà cet équipement et j’en avais un excellent souvenir, commente Alain Pierre, directeur de la concession. Il représente un investissement raisonnable. D’autant que, du fait de son évolutivité, nous avons pu nous contenter d’un modèle d’entrée de gamme.” Parole d’un converti. Mais de là à séduire de nouveaux utilisateurs…“J’ai toujours entendu parler de l’avenir incertain de l’AS/400, argumente Benoît Massiet du Biest, directeur d’Acmi, une société de services spécialisée dans l’intégration d’iSeries. Pourtant, il est toujours là. Ce qui lui manque le plus, c’est une image.” Peut-être. Car il est vrai que, quoi qu’en disent ses détracteurs, cette plate-forme réussit à se distinguer brillamment dans certains domaines. Une récente étude du cabinet d’analyses IDC dévoile l’intérêt qu’elle peut présenter pour l’hébergement de progiciels de gestion intégrés. Un intérêt d’ailleurs inversement proportionnel à la taille de l’entreprise. Ce sont donc les PME qui s’y retrouvent le plus.Principal atout de l’AS/400 : un coût total de possession de 30 à 95 % inférieur à celui des serveurs Unix et Intel. Pour arriver à ces conclusions, IDC a considéré trois variables clés opérationnelles : le nombre d’utilisateurs pris en charge, le personnel de support informatique nécessaire et la durée de vie du système. Sur tous ces critères, les iSeries se positionnent largement en tête.

“Il joue dans la même cour que les mainframes”

Par rapport à la concurrence Unix, ils supportent jusqu’à 46 % d’utilisateurs de plus et nécessitent 37 % de personnel informatique de moins, pour une durée de vie moyenne de huit ans, contre à peine plus de six ans et demi. Il convient d’ajouter à cela une disponibilité qui frôle les cinq neuf ?” IDC l’évalue à 99,998 % ?”, améliorant de fait la productivité. En la matière, même les solutions Unix ont encore quelques efforts à fournir. Et, selon IDC, les serveurs Intel, plutôt à la traîne, devraient, eux, réduire l’écart avec l’arrivée de la nouvelle génération de processeurs à 64 bits.Coûts réduits, robustesse et disponibilité : depuis 1986, Acmi use de ces trois arguments pour vendre l’AS/400. Spécialiste de la haute disponibilité, l’intégrateur entend même faire valoir la compétitivité des clusters d’iSeries face à d’autres architectures. “L’AS/400 joue dans la même cour que les mainframes”, assure Benoît Massiet du Biest. Ce qui est décidément à la mode dans le monde des serveurs. Pour Dominique Caillon, directeur informatique de Shiseido Europe, “la machine doit être utilisée dans le but pour lequel elle a été conçue : le traitement de volumes.” De fait, chez le fabricant de cosmétiques, l’AS/400 prend en charge la gestion des échanges de données et les communications. “Tout y est intégré. Cela en facilite vraiment l’exploitation, explique Dominique Caillon. Sa grande force, c’est son système d’exploitation.” Un avis partagé par tous ceux qui ont côtoyé de près l’iSeries ou ses prédécesseurs. “OS/400 est d’une simplicité de mise en ?”uvre inégalée, affirme Bruno Fabien, coordinateur technique des consultants chez Acmi. L’intégration du SGBD est un élément important. Elle en simplifie l’administration. Quant au partitionnement dynamique, il a atteint un bon niveau de maturité. Ainsi est-il enfin possible de faire tourner un autre système d’exploitation sur la machine. Aujourd’hui Linux, et peut-être d’autres demain.” Ce qui ne serait pas surprenant.

L’atout d’une couche applicative séparée du matériel

Il est d’ores et déjà possible d’exécuter des applications AIX grâce à l’environnement runtime d’AIX, baptisé Portable Application Solution Environment. Et l’adjonction de cartes à base de processeurs Intel (Integrated xSeries Server) permet même de faire fonctionner, de façon autonome, plusieurs Windows NT ou 2000. En isolant la couche applicative de la couche matérielle, IBM a su garantir l’évolutivité de son système. A l’image de ses grands frères, les mainframes, sa compatibilité ascendante ne s’est jamais démentie. Le passage de l’adressage 48 bits à 64 bits s’est ainsi déroulé tout naturellement. Il n’a nécessité ni réécriture ni recompilation des logiciels. Et monter de 96 ou 128 bits ne devrait pas poser plus de problème. Cela n’existe aujourd’hui nulle part ailleurs. “L’avenir de l’AS/400 et celui d’OS/400 sont deux choses différentes, assure Bruno Fabien de l’Acmi. Les iSeries et les serveurs Unix, de la gamme pSeries, ont des architectures de plus en plus similaires. Je crois vraiment à la fusion des deux à terme. Quant à OS/400, il ne lui manque que peu de choses pour pouvoir s’appeler Unix.” Effectivement, le système d’exploitation d’IBM supporte la quasi-totalité des API (Application Programming Interfaces) nécessaires. Reste à savoir si le constructeur sautera le pas.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Marie Portal