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La technologie des écrans du futur expliquée en détails

Ces diodes électroluminescentes à base de carbone rendront les écrans ultrafins, transparents et flexibles. A condition que leur durée de vie soit améliorée.

Dans l’ascenseur, des dépêches d’actualité défilent dans le miroir, tandis que le papier peint éclairant diffuse une lumière orangée, générant un sentiment de confort visuel et d’intimité inédit. Arrivé chez vous, vous enlevez votre
manteau rouge. Ce soir, pour sortir, vous pourrez le porter en version bleu turquoise. Et si vous choisissiez l’option Lagon pour oublier la grisaille de l’hiver ? Une simple pression sur l’écran tactile de commande, et les écrans Oled qui
habillent votre intérieur du sol au plafond affichent, avec un niveau de réalisme jamais atteint, les vagues de l’océan. La nuit commence à tomber. Transparentes le jour, les vitres de vos fenêtres se transforment graduellement en panneaux
éclairants, avec une durée de vie d’environ 100 000 heures, au lieu des 1 500 heures pour une classique ampoule à incandescence. C’est le moment de préparer un bon chocolat chaud. Vous prenez le pack de lait dans le réfrigérateur.
Dommage… Grâce au capteur intégré dans l’emballage, votre lait affiche un message de sécurité : ‘ Attention, ce produit est périmé ‘. Tout cela n’a rien d’un scénario fantastique : les
Oled devraient bientôt vous faire entrer dans un monde de confort domestique inégalé… même si elles ne vous dispenseront pas pour autant de faire les courses !

Une finesse inégalée

Brevetée par la société Eastman Kodak il y a 20 ans, la technologie Oled utilise des diodes électroluminescentes organiques, c’est-à-dire à base de carbone, dont l’épaisseur est de l’ordre de quelques dizaines de nanomètres, soit
moins d’un millième de millimètre (voir encadré page 30). Cette extrême minceur permet de fabriquer des écrans d’une finesse inédite : trois millimètres d’épaisseur seulement pour l’écran XEL-1 commercialisé par Sony.
En effet, les Oled émettant directement de la lumière colorée, le volumineux rétroéclairage et les filtres colorés indispensables aux écrans LCD deviennent superflus. Les écrans Oled sont également flexibles dès lors que le substrat choisi pour
porter les diodes est en matière plastique ou en métal. Ils peuvent également être transparents si le substrat, ainsi que la cathode et l’anode le sont également.

Un contraste hors du commun

Ce ne sont pas les seuls avantages. En effet, par rapport à la technologie LCD, la technologie Oled permet d’afficher un spectre de couleurs bien plus large et plus proche de celui de l’?”il humain : le rendu des couleurs est
bien plus réaliste. De même, les diodes étant directement stimulées par la mise sous tension, le temps de réponse (la vitesse pour passer d’un pixel noir à un pixel blanc) des écrans Oled se révèle imbattable. Ajoutons à cela une qualité de
contraste hors du commun : une fois hors tension, un pixel d’un tel écran cesse complètement d’émettre de la lumière, ce qui génère un noir particulièrement profond, et permet aussi de diminuer notablement la consommation électrique de
l’appareil. Enfin, la couche émettrice de lumière étant très proche de la surface, on peut regarder un écran Oled depuis n’importe quelle position sans perte de qualité, avec un angle de vue qui atteint presque 180?’.Le problème ? Si les écrans Oled équipent déjà de nombreux lecteurs MP3, téléphones mobiles, et même des rasoirs, ils pèchent encore par leur coût de fabrication et surtout par une durée de vie trop limitée pour permettre la
commercialisation d’écrans haute définition de grande taille. En cause : la diode de couleur bleue, moins efficace et plus éphémère que les diodes rouge et verte. Pour tenter d’apporter une solution rapide à ce problème, le Modecom, un
consortium de treize universités et deux entreprises s’est constitué pour trois ans autour de la chercheuse Alison Walker, du département de physique de l’université de Bath (Grande-Bretagne). ‘ Il s’agit d’un projet de
recherche fondamentale indépendant du monde de l’industrie,
explique-t-elle. Notre objectif est de comprendre avec précision le fonctionnement des Oled à l’échelle moléculaire. ‘

Encore un peu de patience

Pour y parvenir, un logiciel de modélisation mathématique, utilisé pour la prédiction des phénomènes météorologiques et la prévision du trafic routier, est mis en ?”uvre. Baptisé Monte-Carlo, par analogie avec le caractère aléatoire
des jeux de casino, ce système permet de modéliser le déplacement des charges à l’intérieur d’un matériau semiconducteur : ‘ Si une charge s’approche trop d’une électrode, elle va bloquer le passage du courant, ce qui
diminue l’intensité lumineuse obtenue
, explique Alison Walker. Ces calculs statistiques nous permettent donc de caractériser l’efficacité d’un matériau par rapport à un autre, et d’affiner ainsi la composition chimique de la
couche émettrice. ‘
Si cette recherche aboutit, elle ouvrira enfin la voie à la généralisation des Oled en tant que technologie d’affichage, tout en révolutionnant les objets de notre quotidien. Mais il va falloir être patient : proposé par Sony sur
le marché américain depuis le 6 janvier pour 2 500 dollars, le tout premier écran Oled commercialisé sur la planète ne mesure que 28 centimètres de diagonale et est annoncé avec une durée de vie de 30 000 heures. Soit la moitié
seulement de celle d’un écran LCD…

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Judith Bregman