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La simulation, un pont entre réel et virtuel

Fin novembre, la cinquième édition du Mondial de la simulation investissait le musée de l’Air et de l’Espace. L’occasion de découvrir les moyens informatiques déployés pour reproduire fidèlement le pilotage d’un avion ou d’une F1.

Au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, dans les halls dévolus à la gloire de l’aviation, sont éparpillés des voitures monoplaces échappées d’un circuit de F1, des cockpits d’avions et d’hélicoptères, avec ou sans fuselage, et des sièges baquets montés sur vérins et munis de volants et de pédaliers. C’est dans ce décor surréaliste, entre monde réel et monde virtuel, que le mondial de la simulation prend place. Ce salon regroupe les “ simmeurs ”, les fanatiques de la simulation. Leur but est de reproduire le plus fidèlement possible les commandes, les conditions et les sensations des aéronefs ou véhicules qu’ils désirent piloter. Ici, les PC dominent. Beaucoup utilisent le logiciel Flight Simulator de Microsoft, lequel reproduit au plus près de la réalité les conditions de pilotage d’un aéroplane, de l’ULM aux jumbo-jets de l’aviation civile. Des extensions lui permettent d’afficher les commandes d’un modèle en particulier, comme les Cessna d’apprentissage ou le Mirage F1. L’autre particularité de Flight Simulator est d’être compatible avec des cartes électroniques qui assurent l’interface avec les tableaux de bord reproduisant à la perfection le poste de pilotage (compteurs, jauges et écrans). Si la dimension ludique est primordiale, le côté réaliste permet une première approche plus que théorique du pilotage.

Pour rêver ou se former

La moyenne d’âge de ces passionnés oscille autour de la cinquantaine. Si les plus jeunes sont plutôt attirés par les simulations de courses de voitures et de combats aériens, les sexagénaires, eux, cherchent à revivre pour quelques minutes des émotions passées. Anciens pilotes de ligne ou mécaniciens, ils se retrouvent avec plaisir aux commandes d’avions aujourd’hui disparus, comme le Concorde. D’autres logiciels de simulation ont une vocation plus sérieuse et pédagogique, à l’image de celui mis en place par la gendarmerie nationale. Celui-ci reproduit le poste de pilotage d’une moto, sélecteur de vitesse et frein arrière aux pieds compris, pour sensibiliser les usagers aux dangers qui guettent les deux roues. De même, l’entreprise française Wizarbox propose des logiciels qui servent d’outils de formation, comme le simulateur de conduite de bus pour la RATP, ou celui de maintenance industrielle en usine.Dans une des allées du salon, dans un silence à peine troublé par le bruissement des moteurs, le Concorde s’élance sur la piste direction Hong Kong. A quelques mètres, le Grand Prix de Monaco vient, lui, de commencer.

Aux commandes d’un 737

Sur le stand d’Horizons Artificiels, un cockpit de Boeing 737 attend les curieux. Aux commandes, le pilote explique la lecture et la fonction des différents cadrans. Dans la cabine, les palonniers, le manche, la commande des gaz, les freins répondent à la moindre sollicitation. Leurs actions se répercutent sur le tableau de bord ainsi que sur l’affichage en triple écran qui reproduit ce que l’on voit réellement au travers du pare-brise d’un 737. Pour pousser le réalisme au maximum, les haut-parleurs reproduisent les sons d’origine. Cette reconstitution détaillée a nécessité plus de 500 heures de travail et coûte la bagatelle de 10 000 euros. Un seul PC équipé de trois cartes vidéo et de Windows 7 64 bits fait tourner l’ensemble.

Séance nostalgie

Rhône-Alpes Simulation, un club lyonnais, réalise des cockpits et des simulateurs de formation utilisés par les pilotes d’aéroclubs et d’Air France. Plusieurs postes de vol sont accessibles aux visiteurs qui se massent sur les stands. Si le vol en patrouille à bord d’un Sturmovik, un avion de chasse russe de la Seconde Guerre mondiale, attire un bon nombre d’entre eux, c’est le simulateur consacré au Concorde qui subjugue le plus. Des membres du club dédié au célèbre supersonique, et qui ont officié soit en tant que pilote, soit en tant que mécanicien, en font la promotion.

Combats en plein ciel

L’espace occupé par l’association Check Six regroupe plusieurs machines connectées en réseau pour retranscrire des batailles historiques ou fictives, avec des appareils aussi variés que le Spitfire de la Seconde Guerre mondiale ou les F-16 Falcon américains. Sur grand écran, un instructeur commente l’affrontement en temps réel. Les participants, casque-micro vissé sur les oreilles, sont plongés au cœur de la bataille. On entend leurs indicatifs dans la radio et le jargon utilisé dans l’aviation militaire. Ils vivent tellement à fond les combats virtuels que l’on entend parfois des “ je suis en feu, je m’éjecte ! ” Des accessoires, comme un écran radar, sont connectés aux PC, pour ajouter une touche de réalisme.

Chevaliers du ciel

Les amateurs de vols militaires peuvent se glisser à l’intérieur du cockpit d’un authentique Mirage F1. Les commandes de l’appareil, reliées à l’interface du logiciel Flight Simulator X, renforcent l’effet d’immersion. Décollage, virages, position de combat et atterrissage (la partie la plus délicate) faisaient partie des épreuves imposées aux pilotes de chasse virtuels, sous l’œil vigilant d’un instructeur de l’armée de l’Air.

Baquet sur vérins

Sur le stand de nVidia, célèbre fabricant de puces graphiques, plusieurs sièges montés sur vérins permettent de tester différents jeux de course automobile en 3D. Le plus impressionnant est sans conteste le baquet suspendu sur trois axes qui propulse le pilote au cœur de la course. Les transferts de masse sont ressentis avec brutalité et les inclinaisons à 45° en un quart de seconde sont simplement hallucinantes. En quittant le siège, l’impression d’avoir participé à une course est plus vraie que nature.

Sur les chapeaux de roues

La société F1 Concept organise des évènements à l’aide de ses propres simulateurs automobiles. Ainsi, elle propose une véritable monoplace équipée de commandes et d’un volant authentiques pour disputer une course sur circuit particulièrement réaliste. L’écran géant et l’habitacle étroit garantissent une immersion complète. Les montées d’adrénaline sont renversantes et il faut parfois quelques secondes après une collision ou une sortie de piste pour reprendre ses esprits.

Tonnerre de jeu

La cabine de pilotage à double-commande de l’hélicoptère le Bell 206, réalisée par Bruno Léger, a nécessité 1 500 heures de travail et 15 000 euros d’investissement. La reproduction est si précise que les sensations ressenties lors de l’utilisation de la radio, des palonniers ou des manches, sont intenses. L’ensemble est mû par deux PC, l’un gérant les instruments de bord et leurs relations avec les commandes, l’autre diffusant les images via le vidéoprojecteur.

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Cyril Valent