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La réduction des coûts ne suffit plus, il faut créer de la valeur

En ce qui concerne la recherche, tous les indicateurs virent au rouge : pour les publications, les citations d’articles, les dépôts de brevets, la France est partout en queue de peloton.

Lorsque l’on est dans la grisaille, on apprécie le moindre rayon de soleil. Exemple : celui que nous envoie le Conference Board, célèbre institut américain : ne place-t-il pas la France au tout premier rang du palmarès des pays de l’OCDE si l’on se réfère au produit intérieur brut par heure ouvrée ?Pratiquement à égalité avec les États-Unis, notre pays devancerait l’Allemagne de huit points, l’Italie de douze points, le Royaume-Uni… de vingt points ! Y a-t-il là contradiction entre ces chiffres et le diagnostic concluant au recul relatif de notre niveau de vie, abondamment commenté ces derniers mois ? Non. Il se trouve simplement que le secteur directement productif, si efficace soit-il, a de plus en plus de mal à contrebalancer le faible taux d’activité de la population et les frais généraux de la nation.Comment tout cela va-t-il tourner ? Tous les ingénieurs, qu’ils travaillent dans la métallurgie, la mécanique ou l’industrie du verre, expliquent qu’il existe encore, en usine, de vastes “gisements” de productivité à exploiter. Mais cela suffira-t-il ? Dans l’économie de demain, ce qui va devenir déterminant, c’est le poids croissant des fonctions tertiaires et leur efficacité. C’est aussi, et surtout, notre capacité d’innovation : là, il ne s’agit plus d’être un bon réducteur de coûts, il faut se transformer en créateur. Sur ces deux points, où en sommes-nous ?

Il n’y a pas que les entreprises…

Sur la productivité tertiaire, les connaissances sont lacunaires. Au sein des entreprises, l’idée courante est que les efforts de rationalisation jusqu’ici effectués sur les lignes de production devraient maintenant être relayés par une plus grande maîtrise des coûts en “aval” : frais commerciaux et frais généraux de tout acabit. La réalité est toute différente : en dépit des objectifs affichés chaque année lors de la saison budgétaire, la marée des frais fixes (y compris ceux de l’informatique ! ) monte inexorablement. Jusqu’où ira-t-on ? Mais il n’y a pas que les entreprises : il y a tout ce qui les entoure.Par exemple, tous les aspects logistiques, reposant pour une large part sur les services collectifs. On s’est longtemps félicité, en France, de la bonne qualité des transports terrestres et aériens : jusqu’au jour où les grèves sont venues entamer régulièrement leur productivité. De même pour la distribution du courrier, dont les retards sont devenus souvent insupportables. Sur un plan plus général, est-il besoin de rappeler l’exceptionnelle surcharge de notre secteur public, qui mobilise près de 30 % des salariés de l’Hexagone ?

L’innovation, principal écueil français

Combien de temps la productivité de nos usines pourra-t-elle suffire à compenser ces lourdeurs ? Ce n’est pas tout. Il ne suffit pas de resserrer les boulons. À moyen terme, il faut enrichir l’offre, renouveler les produits, si l’on veut maximiser le rendement de l’appareil productif : en un mot, innover. Sur ce point, la revue La Recherche vient de publier, sous la plume d’Olivier Postel-Vinay, un texte tonitruant sur l’état souffreteux de la recherche française. Tous les indicateurs virent au rouge : pour les publications scientifiques, les citations d’articles, les dépôts de brevets, la France est partout en queue de peloton. Et l’ennui, c’est que notre pays est l’un de ceux qui consacrent le plus de ressources à la recherche ! Peu de résultats pour beaucoup de dépenses : cela veut dire que la “productivité” de la recherche est particulièrement faible chez nous. On sait pourquoi : centralisation maladive, CNRS éléphantesque, gestion des hommes sans obligation ni sanction, absence dautonomie des universités. Les neurones français sont comme ligotés, emprisonnés. Ouvrons les fenêtres !

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Albert Merlin, économiste