Passer au contenu

La production vidéo fixe les limites du Lan multimédia

En dix ans, la vidéo professionnelle a abandonné magnétoscopes et régies pour des solutions informatiques. Les débits très élevés et la taille des fichiers ont imposé des architectures spécifiques, pleines d’enseignement.

Avec ses 25 images par seconde, constituées de 576 lignes de 720 pixels, la vidéo numérique produit un flux compris entre 166 et 270 Mbit/s. Grâce aux techniques de compression, on réduit ce débit, mais, dans la phase de production, on limite son taux à une valeur comprise entre 4 et 8 pour préserver la qualité des images, et éviter l’apparition des effets de blocs lors de l’enchaînement des nombreux traitements successifs. Malgré cette précaution, le stockage sur des ordinateurs de montage ou des serveurs donne des fichiers de taille importante (de 10 à 30 Go par heure).Au début de la vidéo sur informatique, les programmes en cours de réalisation étaient stockés en local sur chaque poste spécialisé. Cela conduisait à transférer des fichiers volumineux via des réseaux à 100 Mbit/s commutés, après chaque phase du travail. Résultat : les fichiers vidéo étaient dupliqués en de multiples versions.

Affichage en temps réel, à distance

L’arrivée des réseaux Fibre Channel a permis de centraliser le stockage des éléments tournés et finalisés en un lieu unique, accessible aux diverses stations de postproduction. Avec des débits s’échelonnant de 1 à 4 Gbit/s et une communication en mode canal, le transfert des données vidéo peut enfin respecter le rythme des 25 images par seconde à travers le réseau, et autorise l’affichage en temps réel des séquences à monter sur le poste distant. Chaque opérateur se voit affecter une zone de travail sur le serveur et des autorisations d’intervention sur les divers éléments du programme en fonction de l’avancement de la réalisation. À cause du coût des réseaux Fibre Channel, il est, cependant, hors de question de raccorder tous les micro-ordinateurs d’un centre de postproduction avec cette technologie. Une architecture réseau à deux niveaux est donc très courante, avec une couche FC réservée à la vidéo pleine qualité, et une seconde en Ethernet pour les transferts traditionnels.Dans une unité de production travaillant à flux tendu, comme une rédaction de télévision, divers utilisateurs consultent les programmes en cours d’élaboration depuis leur PC. On intercale alors entre les serveurs de production et le réseau bureautique un proxy vidéo, qui réplique le contenu du serveur dans un format très compressé, consultable en format AVI ou QuickTime, et même en mode Streaming.Ce type de dispositif autorise aussi le journaliste ou le réalisateur à effectuer sur un simple PC un prémontage en basse résolution dont les métadonnées (descriptifs des documents) sont récupérées par la station de montage haut de gamme, qui servira à l’affinage du sujet (sous-titrage et effets spéciaux).Pour l’entreprise qui travaille en workflow sur des contenus multimédias, l’heure de l’unification des infrastructures réseaux n’a pas encore sonné, mais la progression des modes de compression peut en laisser espérer l’avènement pour bientôt.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Pierre-Antoine Taufour