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La piraterie juvénile a changé d’échelle

La Cour européenne des droits de l’homme va-t-elle devoir créer une division droits d’auteur ? On pourrait le craindre tant le mouvement libertaire qu’impulsent sur internet…

La Cour européenne des droits de l’homme va-t-elle devoir créer une division droits d’auteur ? On pourrait le craindre tant le mouvement libertaire qu’impulsent sur internet des millions d’échangistes de fichiers musicaux semble impossible à juguler.L’arrivée du magnétophone à cassettes dans les années soixante avait limité le phénomène de la copie musicale au périmètre des cours d’écoles et aux sorties du lycée. L’atmosphère restait respirable. On pouvait même se dire que les jeunes et moins jeunes se formaient suffisamment l’oreille, et que leur argent de poche, puis leurs premiers salaires, les inciteraient à s’acheter des disques. Le risque était limité. La domination du support physique nécessitait pour des copies à grande échelle des moyens que les lycéens n’avaient pas.L’équilibre entre le monde marchand et la piraterie juvénile était donc supportable, voire porteur. Mais depuis trois ans, la cour de récréation est devenue planétaire. Copier cent fichiers musicaux se fait en appuyant sur une touche d’ordinateurs. L’e-mail qui peut servir de ” mulet ” relève de la protection de la correspondance personnelle. Les disques durs transformés en serveurs sont des jardins privés. À la moindre alerte, des millions d’internautes peuvent migrer d’un jour à l’autre sur un site improvisé.Le contrôle relatif de la copie privée au xxe siècle a créé un marché musical mondial de 40 milliards de dollars. L’évaporation d’une partie de ce pactole n’est plus un danger potentiel car elle est en cours. C’est ainsi qu’en créant de nouveaux services en ligne, les majors tentent de pallier le phénomène en réinventant la nature de leurs revenus. Ce n’est pas gagné mais au moins elles ne seront pas restées les bras croisés.

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Philippe Bonnet, rédacteur en chef