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La marche de Patrick Mayo pointe l’absurdité de notre politique de l’emploi

L’initiative du chef de projet, plébiscitée par nombre de ses pairs, ne rassure guère. Elle révèle un grave dysfonctionnement de notre société.

Originale, la marche de Patrick Mayo met une fois de plus en lumière l’absurdité de la politique de l’emploi dans notre pays ! Mille fois décriée, elle revient sur scène par cette manifestation d’autant plus
inédite qu’elle est menée par un informaticien, chef de projet. Membre d’une profession souvent accusée de manquer d’aptitudes relationnelles, a-t-il été poussé à cette entreprise par le désespoir ou par le désir de sortir des
sentiers battus en se créant un immense réseau …. et, in fine, par l’espoir de trouver un emploi ?En attendant, sa course continue, provoquant de multiples témoignages d’hommes et de femmes. Parmi eux, de nombreux informaticiens qui, autour de la cinquantaine, vivent une épreuve semblable. Pour le reste, cette marche
réussira-t-elle à endiguer l’exclusion prématurée du monde du travail de ces professionnels dont le seul tort est d’avoir dépassé la cinquantaine, voire, pour certains, la quarantaine ?On peut s’étonner, à l’heure où le gouvernement incite les salariés à travailler davantage par ‘ solidarité ‘, que d’autres soient exclus si facilement du monde du travail. Cette exclusion
détruit en effet, d’un autre côté, les bénéfices de cette ‘ solidarité ‘, puisqu’il faut bien rétribuer les demandeurs d’emploi, fussent-ils au RMI comme c’est le cas de Patrick Mayo. Et tandis que le
marcheur avance, les réductions d’emploi, elles aussi, progressent… Chez IBM notamment où, selon les syndicats, entre 1000 et 2 500 postes pourraient être supprimés. Il faut bien rassurer les actionnaires !Chez PeopleSoft France, l’inquiétude s’accroît chez les salariés, pourtant si choyés jusqu’à la fusion de l’éditeur avec Oracle. Et chez l’hébergeur Amen, le personnel réagit par une grève musclée aux
craintes que suscite l’éventuel achat du groupe Via Net.works (dont il fait partie) par Claranet. C’est dire à quel point le climat est loin d’être au beau fixe !Même si certains indicateurs augurent d’une légère reprise : Syntec Informatique prévoit, en 2005, une croissance du chiffre d’affaires de ses adhérents d’environ 5 % ; le salon de l’emploi
ProSearch, arrêté l’année dernière, reprend en mai prochain. Mais à qui tout cela profitera-t-il ? Aux seuls jeunes diplômés bac+5 ? Quid des autres ?* Rédactrice en chef de 01 InformatiqueProchaine chronique lundi 16 mai

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Anne-Françoise Marès*