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La maintenance cherche un second souffle dans les réseaux

L’exemple d’Osiatis, ex-Thomainfor, est significatif des changements de culture et de stratégie auxquels se trouvent confrontées les sociétés de services traditionnelles françaises face à la montée en puissance de l’e-business. Son président, Robert Aydabirian, tente un double pari : amorcer le virage vers les e-infrastructures sans pour autant délaisser les activités de maintenance. La solution pour réussir ce pari : la croissance externe.

Un résultat net de 7,8 millions de francs sur un chiffre d’affaires de 560 millions, la société Osiatis, anciennement Thomainfor, s’est depuis quelques mois considérablement redressée. Son président depuis 1998, Robert Aydabirian, ancien dirigeant de Hewlett-Packard, puis membre du comité de direction de Bull, vient de racheter Novecom, spécialiste des architectures sécurisées de réseaux et intégrateur de technologies Internet, pour environ une trentaine de millions de francs. Cette acquisition permet à Osiatis de se forger une nouvelle image et de s’inscrire sur les marchés émergents des nouvelles infrastructures et de la sécurité des réseaux. En deux années, Robert Aydabirian a redonné une santé économique à la vieille maison Thomainfor, qui avait bien des difficultés à trouver une identité dans la nouvelle économie naissante. Le dirigeant voudrait à présent en préparer l’entrée en Bourse.
A son arrivée chez Thomainfor, déficitaire et héritière d’une image négative, la filiale française bat de l’aile. Les désertions se multiplient et la démotivation généralisée guette l’ensemble des salariés : “Notre turnover est aujourd’hui d’environ 10 %, tranche Robert Aydabirian. Mais il nous a fallu énormément travailler l’aspect psychologique. L’équipe était traumatisée. Vendue par Thomson à des Américains qui ont déposé le bilan trois mois après le rachat, les salariés se sentaient simplement trahis”. Ils restaient, de ce fait, très attachés à leurs clients, car ils ne retrouvaient plus leur identité – disparue en interne – que par leur intermédiaire.

De gros investissements en formation


“Les salariés recherchaient un projet qui leur permette de rebondir collectivement. Nous avons donc, pendant cette période de trois ans très difficile, investi plus de 6 % de notre masse salariale dans la formation”.
Pas de dépenses majeures engagées dans la restructuration. Mais des investissements dans des moyens factuels à même d’inscrire l’entreprise dans la pérennité. Parmi ceux-ci, la signature d’accords avec les représentants du personnel a contribué à redonner confiance aux salariés. “Nous sommes parvenus à un accord sur la participation, et j’espère que nous arriverons vite à en signer un autre sur les 35 heures, poursuit Robert Aydabirian. Nous proposons jusqu’à 10 % du capital de l’entreprise aux salariés, et trois cents d’entre eux en sont, dès à présent, actionnaires”. L’entreprise étant non cotée, l’action est calculée sur son actif net de 1999 – soit environ 200 francs. La souscription repose entièrement sur le volontariat. Comme dans la plupart des entreprises jouant de ce management, l’ensemble des salariés peut devenir actionnaire, dans la limite d’un investissement inférieur au quart du salaire annuel.
Impliquer les salariés, c’est bien. Mais encore faut-il leur donner les moyens de changer en profondeur leurs méthodes de travail afin de ne pas reproduire les conditions qui ont conduit à l’échec. Osiatis réalise en effet un tiers de son chiffre d’affaires dans le métier historique de Thomainfor, la maintenance. Les deux tiers restants proviennent de la vente de services d’exploitation, du support aux utilisateurs, et de l’ingénierie d’exploitation. L’orientation actuelle de l’entreprise vers les ” e-infrastructures ” est, dans le domaine de la maintenance, un virage difficile à négocier, qui demande qu’elle s’intéresse de plus en plus à l’exploitation des serveurs et qu’elle se centre sur les systèmes distribués.

De nouveaux clients grâce au rachat de Novecom

Engagée dans la solution la plus rapide, la croissance externe, Osiatis avait déjà racheté TMM à la fin de l’année 1998. Elle rachète ces jours-ci Novecom, spécialiste des réseaux et de l’internet. Cette dernière, co-fondée il y a dix ans par son actuel président, Bertrand Duverney, couvre des activités et des marchés complémentaires. L’objectif ? Apporter à la fois des prestations nouvelles et de nouveaux clients. “Notre clientèle n’est pas la même, explique Bertrand Duverney. Nous occupons des marchés sur lesquels n’était pas Osiatis. Par exemple, celui des infrastructures réseaux pour les grandes entreprises ou les filiales françaises des grands groupes internationaux”. Selon les deux présidents, cette fusion est l’illustration parfaite d’un contrat ” gagnant-gagnant ” : “Nous bénéficions d’un savoir-faire réseaux que nous ne possédions pas auparavant, poursuit Robert Aydabirian. Nous avons donc accès à une clientèle nouvelle, tant du point de vue sectoriel que géographique. Novecom, par exemple, est très bien installée à Nantes, où nous n’étions pas encore présents”.
Une question reste cependant en suspens : les deux entreprises, dont les cultures sont très proches, vont-elles parvenir à inventer ensemble la nouvelle organisation qui leur permettra de capitaliser leurs savoir-faire mutuels ? L’entité juridique ainsi que la marque Novecom sont conservées, tandis que son actuel président, Bertrand Duverney, reste à la tête de la nouvelle filiale. Objectif : fédérer les ressources et les compétences des deux sociétés, sans diluer leur image. Pour l’heure, le moyen envisagé consiste à utiliser les consultants d’Osiatis, qui iront travailler chez Novecom pour assumer la fonction d’intermédiaire entre les deux sociétés

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Andrée Muller