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La géolocalisation entre dans le système d’information

Connaître la position géographique de ses véhicules, mais aussi échanger des données avec leurs conducteurs, permet une meilleure qualité de service. La géolocalisation par satellite de terminaux mobiles embarqués entre dans le système d’information de l’entreprise. Le secteur du transport est le premier intéressé.

Transporteurs routiers et compagnies de taxis sont les principaux utilisateurs professionnels de la géolocalisation par satellite. La connaissance de la position géographique des voitures ou des camions en déplacement permet aux responsables d’entreprises de ces secteurs d’optimiser l’exploitation de leurs flottes de véhicules et d’offrir une meilleure qualité de service aux clients. S’y ajoute également la gestion des véhicules, en temps réel ou en différé, sur les plans technique et budgétaire grâce au suivi et à l’historique de leurs parcours. Les économies ainsi réalisées sont à la taille de l’importance du parc de l’entreprise.Janine Viboud, responsable logistique achats d’Yvroud Européenne des Fluides, installateur en génie climatique, gère ainsi une flotte de vingt-quatre fourgons disséminés sur le territoire français au gré des chantiers : “Notre parc de véhicules étant en location de longue durée, je tiens à surveiller le kilométrage de près. Le satellite nous fournit ces informations sans que nous payions pour interroger les conducteurs, et il permet de savoir sur quels chantiers se trouve le personnel.” Le dispositif fait appel au GPS (Global positioning system), système de géolocalisation le plus utilisé au monde, basé sur une constellation de satellites d’origine américaine.

Choisir un système intégré, simple d’emploi

Chaque véhicule de cette entreprise dispose, sous son tableau de bord, d’une antenne GPS, qui capte les signaux provenant des satellites situés dans son champ de “vision”, et d’un boîtier DCU (Data collection unit) assurant à la fois la collecte et le stockage de trois mois de données de positionnement. Le transfert périodique de ces données au centre de gestion situé au siège de la société à Saint-Jean-de-Maurienne (73) peut être assuré par liaison UHF à 433 MHz ou par GSM, chaque véhicule disposant des deux types d’antennes ; et chaque boîtier, d’une carte SIM. Janine Viboud a délibérément choisi un système intégré, simple d’emploi : “L’installation a été faite par le fournisseur, Minorplanet, durant un week-end. Les techniciens se sont rendus à notre siège ainsi que sur les différents chantiers dans le sud de la France et à Paris. Le système a été opérationnel dès que le logiciel d’exploitation a été installé au siège.” Le logiciel Map Track 5 installé sur un PC permet de visionner le mobile sur une carte, ou encore, de connaître l’historique du déplacement d’un véhicule de la flotte.Parmi les solutions utilisables sur le continent européen, les transporteurs routiers disposent du système EutelTRACS. Intégrant messagerie et géolocalisation, ce service repose sur les satellites géostationnaires de télécommunications d’Eutelsat. La position est donnée à une centaine de mètres près (la précision du GPS se situe entre 10 et 20 m), ce qui est suffisant pour suivre le déplacement d’un véhicule. Le calcul est exécuté par le centre de traitement de la station d’Eutelsat, située près de Rambouillet (78), à partir du temps de transmission des messages entre le véhicule et les satellites.L’entreprise STRI Prévost se sert du système EutelTRACS pour l’exploitation de son parc de camions et de semi-remorques, qui opère dans un espace géographique s’étendant jusqu’au Grand Nord européen et au-delà de Moscou. Cependant, pour Virginie Prévost, responsable des achats informatiques, la connaissance de la position du véhicule est nécessaire mais pas suffisante : “Lorsqu’il confie une mission à un chauffeur, l’exploitant doit aussi prendre en considération son état d’activité et disposer des informations liées à la réglementation du travail sur les temps de conduite, de repos, d’attente, enregistrées dans le véhicule. Ces informations parviennent au centre d’exploitation par la messagerie EutelTRACS, en même temps que la position.” Le centre dispose du logiciel de cartographie Loxane Florence (édité par Loxane), utilisé par une dizaine de personnes, dont les exploitants, pour suivre véhicules et chauffeurs, et pour lire ou écrire les messages.À ce jour, cent vingt-deux véhicules sont équipés de terminaux de communication mobiles (MCT) EutelTRACS, comprenant une antenne, une unité centrale et un clavier-écran. L’unité centrale est reliée à une interface, Hubbytracks, fournie par la société Data & Mobiles. Hubbytracks recueille les informations provenant de la “boîte noire” dont chaque camion est muni et les fait parvenir au centre d’exploitation de STRI Prévost à Bondy (93) par le satellite Eutelsat. “L’installation des équipements à bord est assurée dans nos ateliers par Data Mobiles, mais elle pourrait tout aussi bien se faire n’importe où. Une fois le véhicule équipé, j’envoie un message ou une télécopie à Qualcomm, le fournisseur du système EutelTRACS, pour déclarer le camion au système. L’activation est effective dès que le véhicule entre dans le champ de visibilité des satellites. Si j’obtiens la position du véhicule deux heures après la demande d’activation, c’est suffisant”, confie Virginie Prévost.

Des équipements conformes au standard NMEA

La mise en ?”uvre comprend également la définition de messages standards comportant des champs d’informations à compléter par les chauffeurs. Stockés dans l’unité centrale du terminal EutelTRACS, ces messages peuvent être modifiés à n’importe quel moment depuis le centre de Bondy.Le système GPS de chacun des 2 700 taxis affiliés à la compagnie parisienne Les Taxis Bleus est considéré comme un périphérique de la radio de bord à laquelle il est relié par port série. L’antenne GPS est installée sur la plage avant ou, si le pare-brise fait obstacle à la réception, sur le toit du véhicule. Pour garantir l’interchangeabilité des équipements, une grande attention est portée à leur conformité au standard NMEA (National Marine Electronics Association) définissant les interfaces électriques et le protocole pour la transmission des données GPS. “Nous nous fournissons chez tous les fabricants, mais, quelle que soit la marque, nous nous assurons que le matériel dispose d’une connectique compatible et qu’il respecte le protocole standardisé NMEA. Quel que soit le matériel utilisé, la radio de bord sait ainsi sur quel port elle peut trouver les trames des données provenant des satellites et extraire les informations utiles pour les envoyer à notre centre de dispatching pour être traitées”, assure Patrick Del Vecchio, responsable informatique et télécoms chez Les Taxis Bleus.De son côté, Taxis G7 donne à ses radio taxis affiliés la possibilité de disposer d’un navigateur pour associer géolocalisation par satellite et estimation de la position à l’aide de capteurs et profiter ainsi d’une information de position répondant mieux aux besoins du métier. “Aujourd’hui, GPS est le seul système de géolocalisation par satellite existant. Mais il n’est pas assez précis. Aussi l’avons-nous complété par un navigateur qui comporte un système de cartographie précis et un système de mesure du déplacement du véhicule au moyen d’un odomètre branché sur la transmission pour la vitesse, de capteurs sur les roues et d’un gyroscope pour le cap. En permanence, cette navigation “à l’estime” est recalée sur le GPS. La cartographie est là pour garantir la cohérence entre les coordonnées du point calculé et le réseau de rues. Pour cela, le navigateur dispose d’algorithmes qui suivent pas à pas, sur une carte, le cheminement du véhicule”, explique Serge Metz, p.-d.g. de la Société Nouvelle des Groupements de Taxis.La mise en ?”uvre d’une solution de géolocalisation à usage professionnel comporte nécessairement un volet concernant la transmission de données entre mobiles et entreprise. Dans un sens, il s’agit de rapatrier les données de positionnement des véhicules vers les applications informatiques de l’entreprise telles que l’exploitation du parc ou la gestion du personnel itinérant. Dans l’autre sens, les mobiles reçoivent du centre des informations les missions, les coordonnées des destinations auxquelles ils doivent se rendre, ou les messages d’aide.Répondant à cette philosophie, le service EutelTRACS a été conçu pour être à la fois un moyen de transmission de données par satellite et un outil de géolocalisation. La position du véhicule est calculée par la station satellite, proche de Rambouillet, par mesure de la vitesse de retour du signal à chaque message via deux satellites Eutelsat.

L’ADSL au forfait plutôt que le modem RTC

La liaison entre ce centre et celui de STRI Prévost à Bobigny est assurée par ADSL. “Nous utilisions auparavant une liaison téléphonique avec modem, mais, depuis janvier 2000, nous passons par l’ADSL. Cette solution est plus intéressante, car nous payons un forfait mensuel qui nous donne également accès à Internet. Avant, il fallait compter entre 300 et 400 ? mensuels pour des connexions effectuées toutes les 30 ou 45 minutes. Aujourd’hui, la fréquence est de 5 minutes. Ces connexions servent en particulier à récupérer les données sociales qui représentent un volume important”, explique Virginie Prévost. Les échanges transitent par Internet et se font au moyen du logiciel de messagerie Unitracs installé au centre de Bobigny sur un serveur Linux.Chez Yvroud Européenne des Fluides, la collecte des informations de positionnement stockées dans les véhicules est hebdomadaire. Pour ceux qui rentrent régulièrement au siège, le téléchargement est déclenché automatiquement par voie radio UHF à 9 600 bits/s lorsqu’ils sont dans un rayon de 150 m de l’antenne du site. Les véhicules en mission à Paris ou dans le sud de la France sont interrogés via le GSM en mode SMS Data et envoient le contenu de la mémoire de leur DCU à 9 600 bits/s.

Les taxis préfèrent le réseau radio privé

Cette utilisation du GSM est une entorse à la ligne de conduite adoptée par Janine Viboud en matière de mobiles : “Le forfait flotte contracté avec Orange ne couvre pas les SMS. À chaque fois qu’un équipement embarqué de collecte des données communique avec le centre, ça coûte une communication supplémentaire. J’ai donc demandé au personnel d’éviter les messages et de privilégier les appels téléphoniques pour communiquer avec le centre.” Sage précaution que de donner ainsi priorité aux données de positionnement, car, en réalité, chaque téléchargement de données nécessite l’envoi par le modem GSM du centre d’un message d’interrogation vers chaque mobile, puis un second message pour l’envoi du contenu de la mémoire vers le centre.Les compagnies de taxis se sont, quant à elles, orientées vers d’autres solutions que le GSM. “Nous acheminons un million de messages par jour pour vingt mille courses dispatchées. Compte tenu du nombre et de la tarification des messages par les opérateurs GSM, les SMS sont, pour l’instant, économiquement inadaptés pour des sociétés ayant des volumes importants et, en plus, qui sont concentrées sur des régions précises”, expose Serge Metz. Pour cette raison, Taxis G7 a mis en ?”uvre son propre réseau d’acheminement de données pures, basé sur les équipements d’origine DDS.Les Taxis Bleus, eux, ont adopté un réseau radio privé de type 2RP composé de dix-neuf fréquences dans la bande de fréquences 80 MHz, attribuée par l’ART. Il repose sur dix relais couvrant l’Île-de-France. L’infrastructure fixe et les radios embarquées sont fournies par l’équipementier FMS. “Le choix du réseau radio privé a été dicté par des questions de fiabilité. L’attribution des courses est une application temps réel avec dialogue entre le matériel embarqué et le centre d’appels qui recueille les demandes des clients. Or, ni le GSM ni les SMS ne nous permettent cette fonction de manière sûre”, constate Patrick Del Vecchio. Les informations de position captées par l’antenne GPS sont récupérées toutes les 20 secondes. “Cette fréquence nous permet d’avoir une idée assez précise du déplacement du chauffeur. Pour la distribution des courses, ce sont les serveurs du centre d’appels qui demandent la position GPS des taxis. La flotte étant connectée au centre via nos bases radio, il est facile de sectoriser les voitures et de circonscrire la recherche à celles situées dans le secteur proche de l’adresse à laquelle il faut prendre le client” précise-t-il.

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Henri Pradenc