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La France renonce à fixer un objectif 100% fibre

Alors que le gouvernement s’inscrit dans l’ambition européenne d’une société du Gigabit pour 2025, il refuse de s’engager à ce que tous les Français puissent bénéficier d’une liaison en fibre optique.

C’est une petite phrase qui a déclenché une grosse polémique. En début de semaine, la secrétaire d’Etat à l’économie Delphine Gény-Stephann déclare dans les colonnes du Monde : « Compte tenu du poids des investissements, choisir la fibre sur 100% du territoire et donc dans les zones les plus reculées me semble prématuré ». Un peu plus loin, elle réaffirme cependant l’ambition de la France de respecter la volonté européenne d’une société du Gigabit d’ici 2025. Deux affirmations paraissant contradictoires et que la conférence du Plan France Très Haut Débit n’a pas vraiment éclairées ce lundi 9 avril.

Et pourquoi pas la 5G ?

Le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard s’est situé dans la lignée de Delphine Gény-Stephann en glissant au passage que la question de la couverture numérique du territoire « ne se pose pas en termes de technologie mais de débit ». Même son de cloche auprès du directeur de l’Agence du Numérique Antoine Darodes. « Il est prématuré de fixer un objectif 100% fibre parce que l’on ne sait pas ce qui va émerger à ce moment-là. S’il est possible d’atteindre 1Gbit/s, par exemple avec de la 5G et pour moins cher que la fibre, pourquoi s’en priver ? », nous a-t-il confié en marge de la conférence. Le secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires Julien Denormandie nous a fait observer, de son côté, que le gouvernement n’avait jamais promis du FttH pour tous les Français mais du Très Haut Débit. « Notre objectif reste le même : du bon haut débit en 2020 et du très haut débit pour tous en 2022 », a-t-il martelé, rappelant au passage que la France se classait déjà comme l’un des pays européens les plus ambitieux en la matière.

Les élus locaux veulent la fibre pour tous

De quoi ulcérer de nombreux élus locaux qui militent pour un objectif 100% fibre. A commencer par Patrick Chaize, sénateur de l’Ain et président du groupe numérique au Sénat. « Je ne vois pas bien comment on pourrait atteindre l’objectif d’une société du Gigabit avec des technologies alternatives à la fibre », nous a-t-il déclaré. « On sait bien qu’il restera toujours quelques maisons inaccessibles raccordées en hertzien ou en satellite. Mais cela doit rester l’exception et il est indispensable en termes d’égalité du territoire de poser le principe de la fibre pour tous qui reste la technologie la plus performante ». L’Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel (Avicca) ne cache pas non plus son mécontentement. Elle souligne dans un communiqué que l’esprit du Plan France Très Haut Débit, était justement de déployer la fibre y compris dans des zones reculées et, ce, malgré le poids des investissements. Elle craint donc à terme un désengagement de l’Etat pour soutenir le déploiement de la fibre dans les RIP (Réseaux d’Initative Publique) qui restent à financer.

D’ici 2022, le Plan France Très Haut Débit prévoit que 60% des locaux  des territoires ruraux (logements et entreprises) seront éligibles au FttH. Mais il reste encore aujourd’hui de nombreux départements comme le Var, les Deux-Sèvres, les Pyrénées-Atlantiques ou encore la collectivité territoriale de la Corse qui n’ont pas encore lancé de procédure d’attribution et sont donc loin d’être entrés dans une phase opérationnelle.

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Amélie Charnay