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La France passe à l’heure du référencement payant

En panne de revenus, les annuaires du Web commencent à facturer l’inscription sur leurs pages, en attendant de monnayer les bonnes places. Polémique.

Face au ralentissement du marché publicitaire, nous n’avons d’autre choix que de diversifier nos sources de revenus “, assène Jean-François Marti, directeur général du portail Nomade, filiale de Tiscali. Il faut dire que l’environnement publicitaire représente une véritable douche froide pour l’ensemble des outils de recherche, de Yahoo! à Lycos.Ce dernier fait état d’une baisse de 46 % de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre (603 000 euros, soit 3,96 millions de francs) par rapport à 2000. Et tous les moyens sont bons pour arriver à la rentabilité, quitte à faire payer ce qui était autrefois gratuit, comme l’inscription dans les annuaires.En trois semaines, la plupart des outils de recherche ont annoncé la mise en place d’une offre payante de référencement qui permet de traiter prioritairement les demandes d’inscription dans leur répertoire (voir tarifs en bas d’article). Inventée aux États-Unis fin 1999 par Yahoo!, la formule arrive en France. Elle garantit à un propriétaire de site Web de voir son adresse référencée en moins d’une semaine, alors que les délais peuvent atteindre deux mois chez Voila ou Yahoo! France.

Monétiser le trafic potentiel

Nous enregistrons 2 000 demandes par jour, dont la moitié émane d’entreprises, explique Jean-François Marti. Impossible de toutes les satisfaire dans un délai raisonnable. Une solution pour les gens pressés s’imposait. ” Apparaître dans les pages de résultats d’un outil de recherche est en effet indispensable pour qui veut attirer des visiteurs sur son site.Chez Wanadoo Portails (Voila, etc.), Stéphane Ambrosini, directeur général adjoint, indique qu’un site référencé dans son guide peut récolter jusqu’à 5 000 visiteurs par semaine tandis que Yahoo! parle d’une augmentation du trafic de 30 %. Les portails ont donc décidé de monétiser cette capacité à générer du trafic.Nomade, qui a compté 732 000 visiteurs au mois de juillet selon Jupiter MMXI, facture 99 euros le traitement en 48 heures d’une demande de référencement. Avec ses 2 millions de visiteurs sur la même période, Voila a opté pour un tarif de 169 euros et envisage de l’augmenter dès janvier 2002.Avant même d’avoir lancé son offre, prévue pour le quatrième trimestre 2001, Yahoo! France prévoit déjà de pratiquer des ” tarifs supérieurs à ceux de Nomade et Voila “, selon Clotilde de Mersan, responsable du business development. Logique quand on est le premier outil de recherche français, avec 3 millions de visiteurs par mois. ” Seuls les trois ou quatre portails généralistes leaders pourront se permettre de lancer des offres de référencement payant “, explique Olivier Andrieu, consultant spécialiste des moteurs de recherche et fondateur du site Abondance.com.Pourtant, cette formule ne garantit pas un positionnement préférentiel dans l’annuaire, pas plus qu’une inscription automatique. “ Si votre site est mal conçu dès le départ, vous ne serez pas accepté même si vous payez, prévient Clotilde de Mersan. Nous allons donc faire des efforts pour expliquer nos critères de sélection aux entreprises. “Heureusement, car en cas de refus, les 299 dollars (321,6 euros) facturés par Yahoo! US sont définitivement perdus. Nomade est le seul à laisser un délai d’un mois aux sites refusés pour tenter à nouveau leur chance.

Un joli pactole

Le référencement payant peut en effet représenter un joli pactole pour les outils de recherche. Michel Meyer, qui finalise l’offre de Lycos, prévoit de réaliser 5 % de son chiffre d’affaires 2001 par ce biais. Le jackpot peut devenir encore plus important dès lors qu’il s’agit de sites pour adultes.A l’exception de Voila qui les refuse, tous majorent leurs tarifs : par trois pour Nomade, par deux pour Yahoo! US, car “ ils nécessitent un traitement juridique, éditorial et moral plus approfondi par les documentalistes qui vérifient le contenu des sites avant de les indexer dans notre annuaire “, justifie Jean-François Marti.Le rôle des documentalistes est crucial. Mais si ces petites mains du Web passent l’essentiel de leur temps à visiter des sites qui ont payé pour être référencés, que va-t-il advenir de ceux qui ne peuvent pas s’offrir cette prestation ? Comme les pages personnelles ou les sites des petites entreprises qui ont opté, faute de moyens, pour le référencement gratuit ?Une dérive potentielle que réfute Clotilde de Mersan, de Yahoo! France. “Nous allons embaucher entre 15 et 25 % de surfeurs [documentalistes, NDLR] en plus pour contenir la demande “, explique-t-elle.

Le référencement payant obligatoire à court terme ?

Pour l’instant, le référencement payant est une option. Mais dès l’année prochaine, ce sera une obligation pour les entreprises commerciales. On peut redouter que cela se généralise à tous en 2003 “, estime Olivier Andrieu.Aux Etats-Unis, cette crainte est devenue une réalité puisque l’inscription dans la rubrique Business de Yahoo! est obligatoirement payante. Cette pratique, déjà considérée comme une dérive par rapport à la vocation première des outils de recherche, en préfigure une autre, plus contestée encore : le positionnement payant.Grâce à lui, plus besoin de présenter le contenu le plus pertinent pour figurer en tête de liste d’un annuaire ou d’un moteur. Il suffit de payer. Popularisée par l’annuaire américain Goto.com, la méthode a entraîné des plaintes d’associations de consommateurs pour publicité déguisée.” A partir du moment où le positionnement payant est clairement présenté comme de la publicité, cela ne pose pas de problème déontologique “, se défend Clotilde de Mersan. La maison mère américaine teste déjà la formule et facture le positionnement privilégié entre 25 et 300 dollars par mois. Le site français l’importera au cours du premier trimestre 2002, bien après Voila, qui devrait lancer son offre début octobre.

Tarifs au clic

Les tarifs varieront en fonction du nombre de clics sur les liens mis en avant. Sous les 5 000 clics, la somme sera forfaitaire : 300 à 600 euros mensuels. Au dessus, nous facturerons environ 100 euros pour mille liens affichés indépendamment du fait qu’ils soient cliqués ou non “, explique David Couchon, responsable des opérations de services payants de l’annuaire de Wanadoo. Un bon moyen, peut-être, de remplacer les bannières publicitaires qui n’ont plus la cote auprès des annonceurs.
Les meneurs affichent leurs conditions




























































































































































































































































 Les offres des quatre principaux outils de recherche français 
 Outils     Lycos     Nomade     Voila     Yahoo! 
                 
 Référencement payant                 
                 
 Date de lancement     fin octobre     3-sept     19-sept     4e trimestre  
                 
 Fréquentation (millions de visiteurs uniques en juillet)     2,01     0,73     2,06     3,03 
                 
 Tarifs de l’offre de référencement express     environ 99 euros     99 euros      169 euros jusqu’en janvier     non défini 
                 
 Tarifs spéciaux pour sites adultes     environ 199 euros     299 euros     pas de sites adultes     non défini, supérieur au tarif classique 
                 
 Description de l’offre     5 jours ouvrés de la part de lannuaire     – traitement en 48 heures de la demande     – évaluation du site sous sept jours ouvrés     – évaluation du site sous sept jours ouvrés 
         – enregistrement de plusieurs parties d’un site     – packs de référencements express pour professionnels     
                 
 Part du CA réalisée grâce au référencement payant     0,05     Entre 5 et 10 %     NC     NC 
                 
 Positionnement payant                 
                 
 Date de lancement     à l’étude     pas d’offre prévue     début octobre     1er trim. 2002 
                 
 Coût     non défini     –     2 000 à 4000 F sous 5 000 clics. Au-delà, 700 F par 1000 clics.     non défini 
 
Source : Le Nouvel Hebdo

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Valérie Quélier et Alain Steinmann