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La conception française se porte mieux qu’on ne le croit

La puissance de la conception française est une donnée qui ne se retrouve pas dans les statistiques. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle se renforce actuellement.

Nos laboratoires d’électronique sont-ils en cours d’externalisation, comme beaucoup de productions électroniques, vers les pays asiatiques ? Sans doute, mais beaucoup moins qu’on ne l’imagine. Pour
preuve : les ventes en France de logiciels de CAO électronique et d’appareils de mesure pour laboratoires ne cessent d’augmenter depuis trois ans. Un signe que l’activité conception des sociétés françaises se porte bien et
a, d’ailleurs, toutes les chances de bien se comporter dans les années à venir, le temps d’amortir ces achats.Ces ventes ne sont certes pas corrélées exactement à des investissements dans des laboratoires basés en France car certaines sociétés achètent ici pour leurs filiales étrangères et une installation de CAO est mieux exploitée en Asie
qu’en Occident au niveau humain. Il n’empêche que, partout dans le monde, 1 $ investi en CAO doit rapporter, même si ce n’est qu’indirectement, au moins 1 $ de chiffre d’affaires supplémentaire par
an.

La France, 4,5 % du marché mondial de la CAO électronique

Depuis trois ans, nous suivons dans ces colonnes le marché de la CAO électronique en Europe grâce aux données de l’EDA Consortium, et celui de la mesure électronique grâce aux données du Simtec. Interrogées récemment, les
sociétés spécialisées en CAO électronique nous ont affirmé que l’Europe du Sud n’avait pas à rougir actuellement en matière d’achats de CAO et que la France en particulier représentait ‘ un bon cinquième de
l’Europe sur ce marché ‘.2005 a-t-il marqué un écart de tendance par rapport aux années précédentes ? En 2003, les Etats-Unis représentaient 52 % du marché mondial de la CAO électronique contre 20 % pour le Japon, 19 % pour l’Europe
et 9 % pour le reste du monde (en particulier la Corée, Taïwan et la Chine). A cette époque, la mode était à l’externalisation des conceptions aux Etats-Unis, ce qui n’était pas le cas en Europe et encore moins au Japon.L’évolution des statistiques qui pouvait dès lors être anticipée s’est vraiment concrétisée : les Etats-Unis sont passés en 2004 à 49 % du marché mondial de la CAO électronique, au profit de l’Europe
(20 %) et surtout du reste du monde (12 %). Le Japon, lui, n’a que légèrement régressé, à 19 %.Force est de constater que la tendance s’est prolongée en 2005 : cette année-là, les Etats-Unis n’ont plus représenté que 45 % du marché mondial, un peu au profit de l’Europe encore une fois (22 %,
grâce à un marché en légère croissance), et un peu au profit du reste du monde (13 %, grâce à un marché en croissance annuelle de 7 %). Le Japon aura représenté, en 2005, 20 % du marché de la CAO électronique (en croissance annuelle
de 10 %, essor de l’électronique grand public oblige). Ce qui aura le plus marqué la répartition du marché de la CAO électronique dans le monde ces trois dernières années est donc un net recul de l’Amérique (de 52 % à
45 %), au profit certes des pays asiatiques hors Japon (de 9 % à 13 %) mais aussi, dans une moindre mesure, de l’Europe (de 19 % à 22 %), et en particulier des sociétés françaises (environ 4,5 % du marché
mondial).Nous ne disposons pas de données semblables pour la mesure de laboratoire mondiale, mais le syndicat français Simtec fournit des données qui sont tout aussi encourageantes concernant l’évolution des besoins en instrumentation des
sociétés françaises.

Une pénurie d’ingénieurs à l’horizon

Le marché français de l’instrumentation radiofréquence en deçà de 3 GHz, par exemple, aura crû de 20 % en 2004 et encore de 20 % en 2005. Pour l’instrumentation au-delà de 3 GHz, même tendance :
+ 13% en 2004 et + 18 % en 2005. Certes, ces chiffres sont trop élevés pour ne pas traduire un rattrapage par rapport aux chutes spectaculaires de 2001 à 2003, mais ils reflètent tout de même un redémarrage encourageant et surtout qui
se prolonge après l’éclatement de la bulle (nous ne retenons pas ici en exemple les croissances également positives de l’instrumentation filaire et optique, qui sont plus liées aux réseaux qu’aux laboratoires, de même que
l’instrumentation vidéo, en véritable explosion, mais trop liée aux studios de télévision et aux émetteurs).La situation de la conception française apparaît donc comme bien plus positive que la rumeur ambiante ne le laisse imaginer. Une constatation qui n’étonne guère, d’ailleurs, lorsque l’on visite les pôles de
compétitivité et que l’on constate que nombreuses sont les sociétés, petites ou grandes, qui embauchent des ingénieurs de conception. Il commence, d’ailleurs, semble-t-il, à y avoir pénurie de bons ingénieurs sur le marché. Mais cela
est une autre histoire…* Rédacteur en chef d’Electronique International Hebdo

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Jean-Pierre Della Mussia*