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L.A. Noire : on a joué au prochain hit de Rockstar

Dans la peau de Cole Phelps, fraîchement débarqué à la Criminelle, nous avons mené l’enquête. Recherche d’indices, doutes, interrogatoires et courses-poursuites : rien ne nous a été épargné.

Pour ceux qui auraient loupé le premier briefing, je suis Cole Phelps, et vous pouvez m’appeler détective Phelps. Certains vous diront que je suis un héros de la Seconde Guerre mondiale… Disons que j’ai survécu à Okinawa, la plus sanglante bataille du Pacifique, et qu’on m’a épinglé la Silver Star à la veste sous prétexte d’acte de bravoure. Mais maintenant, je suis revenu à la vie civile, dans notre bonne vieille ville des anges. Nous sommes en 1947 et j’ai rejoint le prestigieux LAPD.

Lors de notre dernière rencontre, il y a deux mois, j’étais inspecteur à la circulation. Ma progression rapide d’un service à l’autre fait quelques jaloux, qui l’expliquent par mon passé militaire. Mes supérieurs chercheraient à récolter un peu de ma gloire. Je préfère penser que c’est mon boulot sur le terrain qui fait la différence…

The Silk Stocking Murder

Plutôt que de me suivre au fil de missions un peu trop étriquées, pourquoi ne pas vous joindre à moi pour une enquête ? Justement, le capitaine Donnelly vient de gâcher le petit déjeuner de mon coéquipier, ce vieux routard de Rusty Galloway, en nous lâchant sur le meurtre d’une jeune Hispanique. Une boucherie qui pourrait bien être liée à l’affaire du Dahlia Noir. Vous devez connaître, si vous lisez un peu la presse…

Arrivé sur les lieux du crime, je suis un peu perdu. Heureusement, le légiste nous fait un rapide résumé de ces observations. C’est ensuite à moi de mettre la main à la pâte, ou plutôt dans le sang.

Elle est allongée, nue, sur le bitume d’une ruelle. Le cou est lacéré, un peu de sang gicle quand je lui tourne la tête. Sur son ventre est écrit au rouge à lèvres  « Kiss the blood. BD » BD pour « Black Dahlia », bien sûr. Dans sa main, je trouve une moitié de carte de bibliothèque, ou quelque chose du genre, avec un bout de nom. Je me redresse un peu secoué. L’inspecteur Galloway parie un mois de salaire qu’il s’agit d’un imitateur. Aucune idée, mais ça ressemble bien au Dahlia Noir.

Je passe ensuite quelques minutes à inspecter les environs, à trouver différents indices – une petite musique et un tremblement de la manette accompagnent une trouvaille. Les mégots et autres bouts de papier n’ont pas tous un intérêt, mais je peux toujours compter sur Galloway pour me remettre sur la bonne piste. Et en l’occurrence, elle est sanglante, en pointillé sur le sol.

Je suis toujours un peu perdu face à l’étendue de la scène du crime, une contre-allée qui doit être bien sordide la nuit. La victime a été tuée entre minuit et 1 heure du matin. Après avoir fouillé une poubelle, escaladé une échelle d’incendie et arpenté un toit, j’ai retrouvé une alliance ensanglantée, arrachée du doigt, un bijou, son sac à main, un bas de soie taché de sang et une chaussure… Mais, surtout, j’ai trouvé l’identité de la victime. Elle s’appelle Antonia Maldonado.

Pour trouver tout cela, afin d’être sûr de ne rien oublier, j’ai utilisé un point d’intuition, qui indique pendant quelques secondes l’endroit où se trouvent les indices.

Se mettre à table…

Ces points d’intuition, je les gagne en bouclant une affaire avec talent, par exemple. Si je peux m’en servir lors d’une fouille ou pour inspecter une scène de crime, je peux également y recourir à l’occasion d’un interrogatoire particulièrement ardu. Et ce ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

Ainsi, la logeuse de Mlle Maldonado, vieille fille plus vraie que nature, raide comme la justice, sèche et un brin mère poule, me donne du fil à retordre. Malgré quelques indices glanés dans la chambre cambriolée de la victime, je fais chou blanc. Quatre questions, aucune réponse, je n’ai réussi qu’à braquer Mlle Lapenti. Non seulement elle ne veut plus me parler, mais je n’ai presque rien appris. Si ce n’est l’existence d’un mari dont la victime essayait de se séparer et qui est du genre violent.

Evidemment, je consigne ça dans mon carnet. J’aurais dû mieux observer les regards sombres de cette vieille rombière, sa bouche pincée, son dos et sa nuque de plus en plus raides alors que je m’embourbe dans l’interrogatoire de routine d’un témoin même pas suspect. J’aurais dû utiliser un point d’intuition pour supprimer une des trois approches qu’on me proposait en réaction aux propos de l’interrogée : Je la crois, Je doute, Je ne la crois pas. Pas si facile de faire son choix quand toute la suite repose sur la bonne décision.

Clin d’œil rigolo et bien trouvé vu l’importance des interrogatoires : il est possible d’utiliser un point pour interroger la communauté des inspecteurs qui ont déjà passé cette épreuve. On se connecte et on sait alors combien ont choisi quelle réaction… Un coup de pouce, mais pas forcément dans la bonne direction. Mieux vaut être prudent, parce que ce n’est pas en commettant des erreurs que je verra mon grade progresser au fil de l’enquête, comme cela arrive parfois quand je trouve un indice important… Un peu sur le principe du système d’honneur d’un de ces vieux aventuriers de l’Ouest, genre John Marston et autres héros de livres pour enfants.

Bredouille, je décide d’aller voir le mari de la défunte. Je suis tellement agacé que je prétexte la nécessité d’étudier le dossier pour laisser mon partenaire conduire la voiture. Ça passe plus vite… Arrivé devant la porte, le détective Galloway préconise l’attaque par surprise : on entre pistolet à la main en défonçant la porte. Pour se retrouver face à deux jeunes Hispaniques qui savent utiliser leurs poings : le mari et son frère. Du coup, on doit les calmer aux punchs. Mes collègues m’ont dit que ce combat donnait l’impression d’être plus efficace, plus précis et plus pêchu que ceux de Nico Bellic, un dur de Liberty City… Connais pas ce type. Une fois menottés, les deux gars sont embarqués par les renforts qu’on a demandés par téléphone. En fouillant l’appartement, on trouve notamment une chemise ensanglantée – et on interroge les voisins, qui ont bien entendu une dispute entre la victime et son mari le soir du crime, aux environs de minuit…

Affaire classée

Je ne vais pas vous raconter ma journée par le menu, même si j’aimerais, tant j’adore ce métier et tant le temps file sans que je m’en rende compte. Mais, après quelques interrogatoires serrés et réussis, nous avons débarqué, Galloway et moi-même, dans une boutique où la victime serait venue passer un coup de fil peu avant sa mort.

Pris d’une soudaine inspiration, nous fouillons une pièce remplie d’alcool – pas vraiment légal comme commerce – et y trouvons un scalpel plein de sang mais surtout un des bijoux manquants de la victime… Vraiment pas légal comme commerce… Clem Feeney, le gérant du magasin, s’enfuit alors. Dans un bel effort, nous sautons en voiture et le poursuivons. Moi au volant et Galloway au pistolet, comme dans les films de gangsters. Sirène hurlante, pour que les voitures nous laissent passer, nous filons derrière le pick-up de Feeney. Voyant que mon coéquipier ne fait pas vraiment mouche, je décide de jouer un peu du pare-chocs. Feeney part en tonneau au milieu de la rue, j’ai dû donner un coup de volant un peu trop enthousiaste. Nous l’arrêtons. Tout indique que c’est l’auteur du crime. Affaire classée…

La nuit et ses fantômes

Pour autant, je ne peux m’empêcher de penser que c’était un peu trop évident. Qui laisserait l’arme du crime même pas lavée et des pièces compromettantes en évidence, comme ça ? Est-ce que Clem Feeney n’aurait pas été sacrifié par quelqu’un d’autre ? Par le Dalhia Noir ? Des questions qui gâchent un peu la joie d’avoir été félicité par mon capitaine. J’ai l’impression de m’enfoncer dans l’ombre, au cœur des ténèbres, dans une ville de lumières bien plus sombre qu’il n’y paraît… Et pourtant, je n’ai aucune envie d’arrêter.

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Pierre Fontaine