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Jean-Michel Cornu, directeur scientifique de la Fondation pour l’internet nouvelle génération (Fing) : ” Je me bats pour plus de diversité “

Pour le militant de Wi-Fi, peu importe la solution. L’important est qu’elle réponde à tous les besoins, que l’internaute soit en ville ou à la campagne.

Au sein de la Fing, vous militez pour Wi-Fi. Pourquoi ce choix technologique ?Je ne me bats pas pour que les réseaux radio-électriques et que le standard Wi-Fi s’imposent ; je me bats pour la diversité des solutions. Si la 3G [réseaux de téléphonie mobile de troisième génération, dont l’UMTS, ndlr] était aujourd’hui dans la même situation que Wi-Fi, je me battrais pour la 3G ! On ou- blie vite les intérêts des utilisateurs. Qu’est-ce que j’attends aujourd’hui d’internet ? Qu’il me permette d’accéder à qui je veux ?” c’est fait ?” mais aussi que je puisse envoyer à mon interlocuteur autant que je veux, ce que je veux et où je veux. Haut débit et mobilité sont les mots clés qui expriment les attentes des usagers. Pourquoi est-il si important de faire coexister les technologies ?Pour pouvoir répondre à tous les besoins, que l’internaute se trouve en centre ville comme en zone rurale. Si Wi-Fi fait beaucoup parler de lui, c’est parce qu’il touche des communautés animées par des objectifs différents. Les opérateurs télécoms s’y intéressent en complément des réseaux 3G et voient là une opportunité de densifier leurs réseaux. Les sociétés veulent développer facilement leurs réseaux sans fil internes. Et les communautés alternatives saisissent ici une opportunité pour maîtriser leur propre réseau.Le débat serait donc culturel et pas technologique…En partie, oui. L’UMTS est issu de la culture télécoms, qui souhaite ouvrir son marché de la voix à celui des données et d’internet. Le standard Wi-Fi est issu de l’informatique et d’internet, qui s’ouvrira progressivement au transit de la voix. À cet historique technologique inversé s’ajoute une approche stratégique opposée. Les opérateurs télécoms ont planifié leur démarche : bordé par l’obtention de licences, le marché des applications potentielles de l’UMTS a été programmé et maîtrisé par les fournisseurs. Les réseaux locaux radio-électriques, dont Wi-Fi, se développent spontanément et localement. Ils apprivoisent l’imprévisible.Pour vous, quel serait le pire des scénarios pour les mois à venir ?La construction de véritables forteresses conçues par les opérateurs de mobiles 3G, avec des services créés spécifiquement pour leur propre réseau, sans lien possible avec l’internet ouvert. J’espère, bien sûr, que c’est un autre scénario qui s’imposera : idéalement une stratégie du ” sans couture “, transparente pour l’utilisateur, qui passerait d’un réseau à l’autre sans s’en rendre compte, qu’il s’agisse d’un réseau local radio-électrique, une liaison UMTS ou une connexion satellitaire.Techniquement, est-il possible que les fréquences utilisées par Wi-Fi soient exploitées en même temps par différents acteurs ?Tout à fait. Wi-Fi peut utiliser deux fréquences ?” la 2,4 gigahertz [GHz] et la 5 GHz, bientôt exploitée ?” qui comptent à elles seules une quinzaine de canaux. Même si la décision est prise, par exemple, de réserver un ou deux canaux pour un acteur, il resterait encore de la place pour plus de 10 réseaux ! Le débat réglementaire avec l’ART se cristallise en ce moment sur la liberté d’exploitation de la fréquence des 5 GHz. La plus grande catastrophe serait quelle soit réservée à un seul acteur donc à un seul usage.

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Propos recueillis par Laure Deschamps