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Interview de Hasso Plattner, coprésident et cofondateur de SAP

Après le ralentissement subi en 1999 et le lancement de MySAP.com, SAP a consacré l’an dernier lessentiel de son énergie à se restructurer. Hasso Plattner, son coprésident et cofondateur, explique comment son entreprise entend relever le défi.

Après le ralentissement subi en 1999 et le lancement de MySAP.com, SAP a consacré l’an dernier l’essentiel de son énergie à se restructurer. Création des entités SAP Markets et SAP Hosting, introduction en Bourse de SAP SI, réorganisation des équipes de développement, reprise en main de la filiale américaine, accord avec Commerce One : les chantiers n’ont pas manqué.Cependant, malgré ces bouleversements, l’éditeur a présenté de bons résultats pour son exercice 2000, avec un chiffre d’affaires de 6,3 milliards d’euros, en hausse de 23 %. Mais les critiques restent vives. Car les nouvelles stars des logiciels d’entreprise ne sont plus les progiciels de gestion intégrés (PGI) à tout faire, mais les outils spécifiques de commerce électronique ou de gestion de la relation client.Hasso Plattner, son coprésident et cofondateur, explique comment son entreprise entend relever le défi.Est-ce la conjoncture, ou la restructuration de l’année dernière, qui explique vos bons résultats ? La restructuration n’a pas encore eu d’impact. Pour l’instant, nos bons résultats sont essentiellement dus à la vente de plus en plus nombreuse d’applications spécifiques, comme des outils de gestion de la relation client ou de la chaîne logistique.Désormais, les progiciels s’ouvrent et leur intégration est facilitée : ne craignez-vous pas que les utilisateurs optent pour plusieurs progiciels spécialisés plutôt que pour un énorme à tout faire ? Je ne le pense pas vraiment. Vous direz que c’est du parti pris, qu’à la manière d’Oracle je veux pousser les gens à s’équiper chez un seul éditeur… qui serait SAP de préférence. Mais de manière générale, les utilisateurs préfèrent n’avoir affaire qu’à un seul fournisseur, qu’à une seule équipe. C’est avant tout une question de fonctionnalités et d’intégration.D’aucuns rétorqueront néanmoins qu’un fournisseur unique freine l’innovation… Nous avons plus de six cents développeurs. Nous n’avons donc rien à envier côté innovation. Mais quand on me parle d’intégration, j’ai la conviction qu’elle se fera au niveau du poste de travail, du portail d’entreprise où l’utilisateur devra pouvoir passer d’une application à l’autre. On est en train de quitter le monde des icônes, et cela fait de Microsoft un de nos plus sérieux concurrents.C’est une idée avancée par les chantres de l’ASP. Pourtant Pandesic, votre coentreprise lancée en fanfare avec Intel sur ce terrain, a été un fiasco retentissant… Je reconnais que c’était un échec. Nous avons fait une erreur en nous concentrant totalement sur le commerce électronique de détail (B to C). Les gens n’achètent pas autant qu’on le souhaiterait par ce biais. Et comme pour nos clients, toute l’infrastructure était prépayée et que nous ne prenions que 2 % sur les transactions, il était difficile de faire des bénéfices. Il a fallu se rendre à l’évidence et fermer la filiale.MySAP.com est un nom générique pour vos produits. Que recouvre-t-il exactement ? C’est à la fois un portail d’entreprise et un ensemble d’outils de front-office : achat de fournitures, gestion des ressources humaines, de la relation client, des centres d’appels ou de la chaîne logistique. Tous ces modules ont des portions communes.Vos partenariats conclus l’année dernière avec Clarify et Commerce One ont surpris. Quel bilan en tirez-vous ? L’accord avec Clarify ne fonctionne pas très bien. Nos offres se recoupent et il n’y a quasiment aucune demande pour des solutions Clarify/SAP.Et pour Commerce One ? C’est très différent, nous n’avons aujourd’hui aucun recouvrement des offres, et nous développons des produits en commun. Sans vouloir minimiser leur portée, il faut noter que ces accords représentent moins de 3 % de nos revenus.Les applications collaboratives intéressent fortement la plupart des éditeurs de PGI. Est-ce une voie que vous suivrez seul ? Oui. C’est un secteur que nous suivons avec beaucoup d’attention. Nous y avons une grosse activité et nous développons de nouveaux produits. Les entreprises ont jusqu’à présent privilégié l’efficacité interne.Pour quelles raisons avoir choisi de nommer Martin Homlish à la tête du marketing de SAP, qui vient de chez Sony, donc d’un univers très différent ? Nous avions besoin de changer notre image. SAP était synonyme de PGI… et les PGI sont morts. Il est difficile de sortir d’un domaine où vous avez du succès. Même si nous vendons plus d’outils de commerce électronique que Commerce One et Ariba confondus, tout le monde a dit que SAP avait raté le virage internet.

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Anicet Mbida et Jean-Baptiste Dupin