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Internet sur la télévision : un nouveau marché ?

En France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, des téléviseurs capables de se connecter au Net et d’envoyer des e-mails débarquent. Mais, plutôt que d’Internet, on préfère parler de ” télévision interactive ” : services accessibles sur un portail simplifié, interaction avec l’émission en cours ou publicités à tiroirs…

Confortablement installé devant son téléviseur, l’internaute-téléspectateur tapote sur son clavier infrarouge. Peut-être est-il en train d’envoyer un e-mail, de consulter un site Internet ou bien encore de répondre à une question posée par le présentateur de l’émission qu’il est en train de regarder. Tout cela n’est plus une fiction.

En septembre 2000, apparaissait AOL TV aux Etats-Unis, tandis qu’en Grande-Bretagne, OnDigital, un opérateur de télévision numérique britannique, lançait OnNet. Alors qu’en France, quatre sociétés sont déjà sur les rangs.

Des services et des prix très variés

Depuis le début du mois de février, Thomson Multimédia, allié à Microsoft, commercialise une gamme de douze téléviseurs, les Tak, capables de se connecter à Internet par une ligne téléphonique classique, sans aucun abonnement, pour le prix d’une simple communication. Extérieurement, les Tak ne se distinguent pas des autres modèles, mais ils valent 10 % de plus, ce qui les place dans une fourchette de 5 500 à 15 000 francs.

Au même moment, la jeune société Net-Up, fournisseur d’accès proposant une formule de PC en leasing, sort son E-pack TV, un boîtier à brancher sur un téléviseur quelconque, lui aussi vendu en location-vente. Pour 129 francs ttc par mois sur trois ans, soit 4 644 francs au total, l’acheteur bénéficie de 3 heures de connexion mensuelle. Avec un téléviseur-magnétoscope Daewoo, l’addition mensuelle monte à 199 francs, soit 7 164 francs en trois ans.

Ces deux sociétés ont été devancées par Walawa, une start-up qui a créé le premier Profilo (une marque turque), dont les prix débutent à 2 500 francs.

Le quatrième français de l’histoire est Netgem, le plus discret mais pas le moins actif. Cette société vend sa technologie, sous la forme de licences pour le logiciel et le matériel. Elle fournit Walawa, mais aussi des opérateurs étrangers, comme OnDigital en Grande-Bretagne ou Freedomland en Italie.

Des technologies diverses

Techniquement, l’opération consiste à greffer sur le téléviseur, à l’intérieur ou dans un boîtier externe (parfois appelé set-up box), des éléments d’ordinateur : un processeur, de la mémoire vive, de la mémoire Flash, un modem, un système d’exploitation et un navigateur Internet, mais pas de disque dur.

Dans les détails, les solutions diffèrent. Thomson Multimédia utilise Windows CE et le navigateur Internet Microsoft TV. Netgem, quant à lui, a préféré Linux, plus léger, et Netscape.
Quant à Net-Up, il a fait appel à la société allemande Imatec, qui a concocté une version spéciale de Linux, associée à Netscape. Mais sur son site, Imatec présente un autre système, JNT (Java Networks Technology). Côté matériel, les processeurs sont tous différents et les quantités de mémoire, vive et Flash, varient beaucoup : de 8 à 64 Mo. On est donc encore loin d’une normalisation.
” Mais le standard, c’est Internet !, explique Lionel Haour-Penez, responsable produits chez Netgem. Vous intéressez-vous au système d’exploitation de votre mobile ? “

La TV interactive pour tous

De fait, un téléviseur n’est pas un PC, même s’il permet effectivement de surfer et d’échanger des e-mails. L’utilisation d’Internet qu’il permet évoque plutôt le WAP. On y rencontre par exemple le principe du waplock tant décrié : quand le téléspectateur lance la connexion (en appuyant simplement sur un bouton de la télécommande), il se retrouve toujours sur le portail de son opérateur puisqu’il est impossible de changer la page d’accueil.

Le format de l’écran pose également problème car le téléviseur ne peut pas afficher des pages Web aussi bien qu’un PC. Le logiciel interne du téléviseur doit recomposer l’écran et même agrandir les caractères pour le téléspectateur, en général installé à 2 ou 3 mètres de l’écran. Ce travail n’est plus nécessaire sur les sites adaptés (on parle de format ” friendly TV “), mais encore rarissimes.

Mais le surf sur Internet n’est pas la destinée de ces téléviseurs. Comme pour le WAP, il s’agit aussi de proposer des services fournis par l’opérateur ou des prestataires extérieurs. Les modèles français (Netgem, Net-Up, Tak, Walawa), grâce à une touche spécifique de la télécommande, se connectent directement à leur portail, affichant un menu copieux. Les utilisateurs de Tak, par exemple, bénéficent des programmes de télévision de Télérama, des résultats sportifs de L’Equipe ou encore des informations économiques des Echos.
” Internet n’est qu’un moyen technique, résume Lionel Haour-Penez. Le but, c’est la télévision interactive pour tous. ” Le mot est lâché et évoque un marché d’une grande ampleur.

Internet au secours des chaînes de télévision

La télévision interactive existe déjà, mais elle se limite aux bouquets de chaînes numériques par satellite. Cependant, les services proposés (gestion de compte bancaire, achat en ligne, etc.) ne sont accessibles qu’aux abonnés. De plus, TPS et CanalSatellite utilisant des systèmes informatiques différents, un même service ne pourra jamais être porté d’un bouquet à l’autre. Une des conséquences à cela : un prestataire extérieur, une banque par exemple, se trouve liée à l’opérateur du bouquet.

Internet pourrait mettre tout le monde d’accord. Le prestataire construira son service comme un site Internet et pourra choisir de passer un accord avec un portail ou plusieurs ou même aucun. Dans ce dernier cas, son site sera accessible par une adresse Internet depuis n’importe quel téléviseur Internet.

Les chaînes de télévision souhaitent également se servir de la télévision interactive pendant leurs émissions pour faire participer les téléspecteurs, par exemple pour un vote ou un achat en ligne. On peut imaginer un Téléthon interactif mais aussi, comme en Grande-Bretagne sur OnDigital, de la publicité interactive : en surimpression du paquet de lessive apparaîtrait un ” Cliquez ici pour en savoir plus “. Tandis que le WAP patauge encore, la télévision pourrait bien tirer d’Internet un profit d’une toute autre dimension…

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Jean-Luc Goudet