Passer au contenu

Internet mobile, c’est “ enfin ” parti !

Avec les nouveaux forfaits proposés par les grands opérateurs, naviguer sur le Web et recevoir tous ses mails hors de chez soi est maintenant financièrement accessible. Mais les limitations ne manquent pas. Entre coûts cachés et utilisations balisées, la rédaction fait le point sur le phénomène.

Surfer sur Internet et recevoir ses mails sans limites avec son mobile, voilà la tendance du moment. Tous les nouveaux forfaits proposés par les opérateurs de téléphonie mobile tournent autour de ce concept. Une vision commune en partie liée à la sortie surmédiatisée de l’iPhone chez Orange. L’arrivée du téléphone d’Apple a en effet précipité les choses, notamment chez SFR, déjà positionné depuis quelques mois sur le secteur : forfait illimité (Illimythics) plus riche en contenu que celui d’Orange, téléphone Nokia N95 (équipé de la connexion 3G et 3G+) plus complet et plus rapide que l’iPhone… Mais SFR a beau avoir mis le paquet sur son offre, la bataille est loin d’être gagnée ! Bouygues Telecom, lui, annonce le lancement de son réseau 3G, et cela même si son téléphone phare lié à son offre d’Internet mobile, le Blackberry Pearl, ne peut exploiter cette connexion rapide et se voit relégué à la 2,75G (appelée Edge). Un défaut majeur partagé aussi par l’iPhone ! Qui aurait pensé que la révolution de l’Internet mobile viendrait d’un téléphone dépourvu d’une connexion 3G ?

Attention aux sirènes de l’illimité

Une fois de plus, le secteur de la high-tech est en effervescence. Et comme toujours, il suffit qu’un concept ou qu’une technologie innovante séduisent pour que le marché s’emballe. Dès lors, c’est la foire d’empoigne, avec à la clé un véritable casse-tête pour le consommateur. Car malgré les grandes annonces, toutes ces offres d’Internet illimité ne sont pas si révolutionnaires. Entre coûts cachés et limitations d’utilisation, ces forfaits font à peine mieux que leurs prédécesseurs. Tous ne répondent pas non plus à l’ensemble des besoins. En marge des annonces majeures, d’autres solutions, plus discrètes mais tout aussi efficaces, sont disponibles. Et si le remède idéal était une connexion 3G exploitable sur l’ordinateur portable ? Une question qui mérite réflexion tant il n’est pas aisé de surfer depuis un mobile. Si dans ce dossier nous avons décortiqué les offres d’Internet mobile, nous nous sommes aussi interrogés sur l’usage de telles solutions. Autant d’informations primordiales pour comprendre et pouvoir choisir l’offre la mieux adaptée à vos besoins.Mais pour bien comprendre, il faut regarder un tout petit peu en arrière. Car si la mode bat son plein, la démarche n’est pas nouvelle. Il y a près de dix ans, avec une connexion GPRS (dite 2G) et un téléphone équipé d’un navigateur adapté, il était déjà possible de consulter des pages Web ou de recevoir des e-mails. Mais la vitesse limitée de la connexion GPRS (171 kbit/s de débit théorique maximal, 50 kbit/s en pratique) et l’absence de forfait adapté rendaient la pratique contraignante et prohibitive. Ces problèmes ont été en partie résolus il y a deux ans avec la sortie de la téléphonie de troisième génération (3G, appelée aussi UMTS, et son débit théorique de 2 Mbit/s, 384 kbit/s en pratique) : télévision illimitée, visiophonie, rien n’était trop beau pour rentabiliser ce coûteux réseau ! Pourtant, les contenus et les services n’ont pas réellement séduit. Et pour cause : il est difficile de regarder confortablement une émission de télévision sur un écran minuscule autant qu’il est impossible de partager une conversation en visiophonie si son correspondant n’est pas équipé d’un mobile compatible et d’un forfait adapté. De telles limites ont vite poussé les opérateurs à reléguer ces fonctions au second plan : elles figurent dorénavant dans les dernières lignes des forfaits.

Rien à voir avec l’accès illimité du PC

L’innovation aujourd’hui, ce n’est donc plus le contenu mais l’abondance. Quel bonheur que ce terme “ illimité ” ! Après la réussite de l’ADSL, les opérateurs recyclent la formule sur le mobile d’autant plus facilement que certains sont aussi fournisseurs d’accès à Internet (Orange, bien sûr, et SFR, déjà propriétaire de Télé2 qui vient de racheter totalement Neuf Cegetel). Mais à la différence de l’accès Internet de nos ordinateurs, le concept d’illimité est tout relatif avec les forfaits mobiles.Avec l’iPhone d’Orange ou les Illimythics de SFR, dépasser les 500 Mo de transfert de données par mois risque de vous poser problème ! Dans ses conditions générales, SFR annonce : “ Le réseau 3G étant mutualisé entre tous ses abonnés, SFR se réserve la possibilité, afin de leur en permettre l’accès dans des conditions optimales, de limiter les débits des utilisateurs procédant à plus de 500 Mo d’échanges de données par mois, usage non entendu comme raisonnable, dès lors que cet usage dégrade la qualité du réseau pour les autres utilisateurs. ” Pas mieux chez Orange qui communique sur son site dédié à l’iPhone : “ Afin de maintenir une qualité de service optimale sur son réseau pour l’ensemble de ses clients, Orange pourra limiter le débit au-delà d’un usage de 500 Mo par mois. ” Même son de cloche chez Bouygues Telecom. Sur la page de souscription au forfait lié au téléphone Blackberry, il n’hésite pas à cumuler, dans la phrase “ Option Blackberry illimité (dans la limite de 50 Mo, au-delà 0,52 euro/Mo) ”, le concept étonnant d’illimité totalement limité. Précisons que le protocole de compression utilisé par Blackberry pour le transfert de données, et particulièrement pour les e-mails, est beaucoup plus efficace que sur les autres mobiles. Ainsi, les 50 Mo proposés sont pratiquement équivalents à la limite des 500 Mo mis en place par les deux autres opérateurs. Interrogés sur ces limitations, Orange et SFR assurent qu’il n’y a pas de véritable plafond et que seuls les abus constatés après étude et analyse au cas par cas seront réprimés. Une position qui rassure sans ôter totalement le doute d’un éventuel réajustement de l’offre. Du côté des opérateurs virtuels (les MVNO), Ten propose une alternative intéressante aux trois mastodontes de la téléphonie mobile. Avec le forfait Easy Ten, vous pouvez accéder de manière illimitée à votre e-mail, Windows Live Messenger (WLM) et à la navigation Internet. Là encore, les limitations existent. Pour profiter de l’offre, vous devrez acheter obligatoirement un des mobiles fournis et configurés pour ne pas surcharger son réseau. Pour souscrire un des forfaits de l’opérateur, comptez entre 12 et 82 euros par mois.

Musique : avantage SFR

Côté contenu, le forfait le plus prometteur est l’offre Illimythics de SFR. Avec un Nokia N95 ou un HTC Dual Touch, vous disposez tout d’abord de la vitesse de la 3G+ (appelée HSDPA, environ 3 Mbit/s théoriques). Pour la réception des e-mails ou le téléchargement de musique, cette connexion fait toute la différence. A partir du forfait 3 h, la musique est illimitée, gratuite et accessible partout. Comptez à peine quelques secondes pour récupérer un titre avec la connexion 3G, une vraie différence comparée à l’iPhone ! Car si Apple possède la plus grande plate-forme de téléchargement de musique en ligne avec iTunes Music Store, celui-ci n’est malheureusement pas accessible depuis un iPhone sans connexion Wi-Fi. C’est seulement chez vous (si vous êtes équipé d’une box ADSL ou d’un routeur sans fil), voire dans certaines villes (si vous trouvez un hot-spot) que vous pouvez enrichir votre bibliothèque de musique à l’aide de votre mobile. La démarche est peu pratique et, de surcroît, payante : le forfait Orange n’intègre aucun titre gratuit.L’offre vidéo pénalise également Orange. Alors que les Illimythics donnent accès à une sélection de chaînes TV (20 chaînes pour les forfaits 3 h et 50 chaînes pour le forfait 5 h), le forfait iPhone ne propose aucune chaîne de télévision ! Contrairement aux offres Orange Intense, il n’aurait en effet aucun sens sur l’iPhone : faute de connexion 3G, et donc de débit suffisant, impossible de regarder la télévision dans de bonnes conditions…Là encore, c’est sur iTunes et en Wi-Fi que vous trouverez du contenu. Films et émissions payantes ne manquent pas. Pour les vidéos gratuites, il faut aller voir du côté des podcasts vidéos, des émissions hélas trop souvent en langue anglaise. Reste que tous ces contenus n’exploitent pas la bande passante de la connexion mobile. Vous devez donc les récupérer à partir de votre ordinateur.

Interface : avantage iPhone

Vendre une promesse de connexion illimitée tout en évitant de surcharger leur réseau, voilà l’exercice périlleux que les différents opérateurs tentent de réaliser. Tous refusent, par exemple, l’utilisation du forfait en mode modem : impossible d’utiliser le téléphone relié à l’ordinateur pour surfer en déplacement, ou en vacances, sans payer un surcoût de connexion. C’est 1 euro la minute chez SFR ! Vous devez donc tout consulter à partir du mobile.Sites Internet, mails, météo, plans de villes… Sans écran de grande taille et une bonne vieille souris, tout doit être facilement accessible pour ne pas être rébarbatif. Les opérateurs l’ont bien compris et proposent des portails spécialement conçus. Orange World pour Orange, Vodafone Live pour SFR, iMode pour Bouygues Telecom sont parfaitement adaptés aux écrans des mobiles. Mais avec l’Internet illimité, on veut aller plus loin et s’ouvrir la porte des milliards de pages accessibles avec son ordinateur. Et là, la pratique est moins simple, rien n’est adapté à l’affichage des téléphones. L’iPhone reste le terminal qui réussit le mieux dans cet exercice. C’est un vrai régal tant le navigateur est intuitif. En mode paysage, il s’adapte parfaitement à la visualisation des fenêtres. Le contrôle au doigt est aussi très pratique. Une vraie différence pour trouver rapidement une information. Face à l’iPhone, le Nokia N95 pèche par une interface plus complexe. La richesse de l’appareil s’opère au détriment de l’accessibilité. Mais le navigateur sauve les choses. Avec son zoom, une page très chargée en texte reste lisible. Toutefois, le déplacement dans la page se réalise à l’aide du bouton multidirectionnel, moins pratique qu’un simple toucher de doigt. Rien de tel aussi qu’un clavier pour saisir les adresses ou faire des recherches. Là encore, c’est l’iPhone qui gagne la partie. Même si le clavier numérique disponible est petit et peu exploitable avec le doigt, il se révèle plus efficace que le clavier de téléphone du Nokia. Faire défiler les lettres façon SMS pour rechercher une information sur Google, c’est trop long et peu pratique.Croisé entre les deux mondes, le HTC Dual Touch que propose SFR avec son offre Illimythics. Ce téléphone sous Windows Mobile 6 intègre, lui aussi, une interface tactile. Un premier essai pour contrer l’iPhone qui mériterait tout de même quelques améliorations : les possibilités sont bien en dessous de l’appareil d’Apple. Surtout, le navigateur Internet fourni par Microsoft qui est très loin d’égaler les solutions concurrentes. Sans zoom, une page chargée de texte est illisible. Quant au défilement avec le doigt, il est trop peu précis pour être véritablement efficace.

Wi-Fi et clé 3G en outsiders

Exploiter Internet sur un mobile n’étant pas toujours très simple, il est intéressant de se poser la question des solutions alternatives. Car il en existe d’autres, avec en premier lieu le Wi-Fi. Les plus grandes villes de France se tournent vers le développement de ces réseaux et les appareils équipés sont de plus en plus nombreux. Ordinateurs portables, téléphones, baladeurs multimédias… on ne compte plus les dispositifs compatibles ! Reste que se connecter en Wi-Fi demeure une pratique aléatoire. Même si le nombre de hot-spots croît de jour en jour, la couverture est loin d’être parfaite. Hors des grandes agglomérations, difficile de trouver un point d’accès gratuit. Autre contrainte de taille : une fois connecté, vous devez rester au même endroit si vous ne voulez pas perdre le signal. Pour couper totalement le fil à la patte de votre ordinateur, la solution parfaite, c’est la clé 3G. Allier ergonomie de l’ordinateur et mobilité de la connexion cellulaire, voilà sans doute le véritable Internet mobile. Ne vous attendez toutefois pas à remplacer votre connexion ADSL par cette solution. Le tarif pratiqué est tout d’abord bien trop élevé. Chez SFR, comptez par exemple 60 euros par mois pour seulement 1 Go de données transférées. Chez Bouygues Telecom, c’est seulement 100 Mo pour 25 euros par mois auquel le particulier peut avoir accès. Une autre offre incluant du transfert illimité à 61 euros est seulement disponible pour les professionnels pouvant se prévaloir d’un numéro de société Siret.Reste le pack Hyper@ d’Auchan. Une véritable bonne affaire pour garder un œil sur ses mails ou sur Internet lors de ses vacances ou ses déplacements. Sans abonnement, cette carte prépayée permet de bénéficier de 1 heure de connexion ou de 10 Mo de données transférées et de 20 heures ou de 200 Mo de données pour un tarif compris entre 7 et 75 euros. Là encore, pas question de remplacer son abonnement ADSL avec de tels tarifs, mais une solution pour étendre son bureau à l’extérieur.Notez que sur ce créneau spécifique alliant forfait ADSL et clé 3G, c’est SFR qui se démarque. L’opérateur, qui est aussi fournisseur d’accès à Internet, inclut dans son offre mensuelle ADSL Triple Play à 29,90 euros, une clé 3G avec 10 Mo de trafic. Envoyer une cinquantaine d’e-mails et surfer une heure par mois à l’extérieur de la maison sans surcoût, voilà une pratique qui, avec la généralisation des ordinateurs portables, est bien appréciable. Et si c’était ça l’élément déclencheur de l’Internet mobile ? Un abonnement qui permet de surfer à la maison comme à l’extérieur, quel que soit l’appareil utilisé. Une offre globale qui arrivera bien sur le marché un jour ou l’autre, et qui mettra sans aucun doute tous les utilisateurs d’accord.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jérôme Granger