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Innovation rime avec externalisation

Il faut des produits nouveaux et à fort contenu techno. La pression à la créativité est de plus en plus forte. Les sociétés spécialisées dans la R & D externalisée en bénéficient.

Bien rares sont les entreprises du secteur des nouvelles technologies qui peuvent se targuer de chiffres d’affaires et de résultats 2001 en forte croissance… Pourtant, il en existe quelques-unes. Ainsi Altran Technologies, Alten, Brime Technologies ont traversé effrontément les remous de l’an dernier, et confirment la tendance au cours du premier trimestre. Altran a annoncé un résultat net de 134,3 millions d’euros, en progression de 44,2 % par rapport à l’année précédente. Brime Technologies a enregistré un résultat net de 9,19 millions d’euros en 2001, plus de deux fois supérieur au résultat comparable de 4,42 millions d’euros présenté l’année précédente.Leur point commun ? Ces sociétés exercent dans le domaine de la recherche et développement (R&D) externalisée. “Nous ne travaillons pas sur le système d’information. Notre mission est d’aider les entreprises à embarquer de l’informatique dans leurs produits”, explique Bernard Huvé, PDG de SII. Donc pas d’installation d’un énième progiciel intégré ; il s’agit d’inventer la voiture de demain, ou de créer des robots qui fabriqueront les nouvelles générations de médicaments. Une activité qui fait fi des ralentissements économiques. “Nous réfléchissons sur les technologies qui vont sortir d’ici à deux ans, et même en période difficile, les sociétés ne peuvent hypothéquer leur avenir en faisant l’impasse sur les produits de fin de crise”, affirme Richard Salabi, président du directoire de Brime Technologies. La tendance, dans ce contexte, est à externaliser davantage, car les entreprises cherchent à réduire leurs coûts fixes.En Europe, la dépense en R&D a ainsi atteint 161 millions d’euros (1,9 % du PIB) en 2000, dont près de 42 millions ont été externalisés. En France, ce montant était de quelque 30 millions d’euros (soit 2,15 % du PIB) dont 5,7 millions d’euros proviennent de l’externalisation. Et la tendance s’accélère encore. Le Syntec, syndicat qui regroupe notamment les SSII et les éditeurs de logiciels, a observé que le chiffre d’affaires généré par le conseil en techno- logies avait augmenté de 20 % l’an dernier, et devrait garder une croissance de 14 % cette année, laissant les autres spécialités loin derrière.De plus en plus, les nouveaux produits intègrent des technologies avancées, quel que soit le secteur d’activité. “On trouve désormais des kilomètres de réseaux dans les véhicules”, cite en exemple Bernard Moulène, directeur général d’Alten. En effet, la part des nouvelles technologies dans le budget R & D des véhicules passera de 20 % en 2000 à quelque 30 % en 2005. Ce qui demande des compétences que les entreprises n’ont pas toujours en interne. “En choisissant l’externalisation, elles ont accès aux meilleurs savoir-faire développés par les prestataires”, confirme Jérôme Barthélémy, professeur adjoint au département stratégie internationale d’Audencia Nantes (ESC) et auteur de Stratégies d’externalisation (Dunod, 2001).

Le temps, valeur d’usage

Mais le facteur clé du choix de ces partenariats reste le temps. “Comme il s’est beaucoup raccourci, il est quasiment devenu une valeur d’usage”, martèle Bernard Moulène. Les géants industriels sont de ce fait devenus de friands consommateurs de R & D externalisée. PSA représente 10 % du chiffre d’affaires d’un des acteurs du secteur, Thalès arrivant second à 5 %. Une autre entreprise travaille étroitement avec Alcatel qui, en 2001, a externalisé au total plus de 20 % de sa R & D. Mais pour ces groupes, il n’est pas rare de voir des ratios de l’ordre de 25 à 50 % d’externalisation. Et tous les secteurs sont concernés : les TMT en tête, suivis par l’automobile, l’aérospatiale, la pharmacie, le transport, l’assurance. Les ingénieurs doivent ainsi plancher sur des sujets aussi divers que la conception de voitures sans clé, de simulateurs de contrôle aérien, de tronçons de gros porteurs, etc. Et la créativité prime. “Nous recherchons des projets innovants, de réels challenges”, insiste Bernard Moulène. Des projets qui, de plus en plus, vont au-delà des compétences en nouvelles technologies. Ainsi, chez Altran, le ” modèle ” du secteur, près de la moitié des ingénieurs ont des spécialités aussi diverses que la thermodynamique, l’ergonomie, le contrôle-qualité, la physique…Car la matière première de ces entreprises est la compétence de leurs ingénieurs. Pour se développer, deux modèles entrent en concurrence. Certaines, comme SII, ouvrent des antennes régionales. D’autres, telles Brime Technologies ou Altran, avalent des sociétés existantes. Brime a ainsi englouti 8 entreprises en 2001. “Une stratégie qui nous paraît indispensable pour avoir directement accès à des fichiers clients”, explique Richard Salabi. Si les contrats sont de longue durée, entrer dans ce secteur est loin d’être aisé. Nous touchons là au c?”ur de l’expertise des entreprises.

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Agathe Remoué