Passer au contenu

IBM prépare la fin des PC

IBM tente de rendre de nouveau profitable sa division PC. Il met en place une stratégie, baptisée EON, axée sur les machines connectables au réseau. Le constructeur espère ainsi conquérir de nouveaux segments de marché.

Le créateur du PC semble n’avoir aujourd’hui qu’un souhait : dépasser son invention. Lou Gerstner, PDG d’IBM, avait annoncé la mort du PC au profit de l’avènement du réseau. Dont acte : IBM concrétise cette vision en dévoilant le programme Edge of Network (EON), qui place le réseau à la pointe (edge) et marque aussi l’entrée dans l’ère (age) du réseau ” partout et pour tous “. “EON sera notre stratégie pour l’ère post-PC, explique Jean-Manuel Jenn, directeur du marketing de la division micro-informatique. EON n’est pas une offre de produits, mais un nouveau positionnement de notre activité micro-informatique.” Bien que la société s’en défende, EON recouvre bien une gamme de produits, dont une partie appara”tra au printemps prochain.

Des produits innovants

Ainsi, dès le mois de mai, IBM proposera un PC tout-en-un (nom de code Luxor), avec écran LCD intégré et lecteur de DVD placé derrière l’écran. Cet écran surplombe l’unité centrale. Les obsolètes ports parallèle et série sont abandonnés au profit de l’USB et des connecteurs PC-Card. Luxor s’inspire en droite ligne du très en vogue PC legacy free (lire Décision Micro & Réseaux nö 402). Suivra un terminal Internet (baptisé iCruiser), qui sera, lui, proposé par les opérateurs télécoms et autres fournisseurs d’accès. “L’un des axes stratégiques d’EON consiste à favoriser les partenariats. Nous fournirons un produit simple, du type terminal d’accès Internet ou PC simplifié, à des opérateurs télécoms ou FAI, qui y intégreront leurs propres solutions et les optimiserons pour une fonction précise. Le tout à partir de technologies IBM. Au final, notre marque n’appara”tra même pas “, explique Laurent Rocabois, directeur de la communication de la division micro-informatique.
De fait, IBM a déjà signé une multitude d’accords, dont un avec France Télécom l’année dernière, visant à développer ce type de terminal, et un autre avec 3Com, pour la fourniture de son PDA vedette, enrichi de nouvelles applications verticales signées IBM. Idéalement, dans le plan d’IBM, les PC standards dispara”tront au profit de clients dédiés au réseau. “Avec ce programme, nous voulons séduire un nouveau type de client, recruté, par exemple, parmi les PME ou des groupes professionnels spécifiques. On peut très bien imaginer qu’une confédération professionnelle élabore son portail et dote ses affiliés d’un terminal d’accès mobile, qui peut être un assistant personnel ou une ardoise. Tous deux, bien sûr, pourvus d’un accès Internet “, explique Jean-Manuel Jenn. Cette verticalisation de l’offre ira jusqu’à la fourniture de PC wearable (au format baladeur), pour des professions comme mécanicien d’aéroport, technicien de maintenance électrique…
Conséquence de cette diversification, les plates-formes matérielles et logicielles proposées seront multiples, faisant la part belle à Linux comme système d’exploitation, et à des processeurs autres que ceux d’Intel. “Nous n’entendons pas nous désolidariser du couple Wintel, précise Jean-Manuel Jenn, mais il est surtout présent sur les PC. Or, le PC n’est qu’un des moyens, parmi d’autres, d’accès à l’information.” De fait, cette stratégie a pour but de pallier les déficits récurrents générés par les seules ventes de PC. Bien que Laurent Rocabois s’en défende, le marché des PC représente encore 20 % du chiffre d’affaires d’IBM. “En un an, nous avons divisé par deux le déficit sur ce segment, passant de 1 milliard de dollars (0,94 milliard d’euros) de pertes, à seulement 500 millions (468 millions d’euros).”Et d’affirmer que ces piètres résultats tiennent principalement à un jeu comptable. “Les frais de recherche et développement, de marketing et autres sont financés par la division Personal System Group, mais si IBM Financing ou IBM Global Services effectue la vente d’un certain nombre de PC, les bénéfices leur en reviennent. Dans les faits, le PC génère des revenus connexes, qui ne nous sont pas affectés.”

Le PC traditionnel n’est pas mort

De toute façon, il n’est pas question pour IBM de cesser l’activité PC traditionnel : “ Il faut que la division micro-informatique devienne de nouveau une activité profitable”, assène Jean-Manuel Jenn. Qui ne cache pas que, pour ce faire, IBM est prêt à aligner ses prix et son niveau d’équipements sur ceux de Dell. Opération déjà réalisée sur le site de vente directe du fournisseur aux États-Unis. Et il conclut : “Le PC traditionnel reste dans nos plans produits, mais nous sommes à l’écoute des nouvelles demandes engendrées par l’extension des réseaux.”IBM est peu novateur. HP et Compaq proposeront, sensiblement à la même période, des produits comparables. Mais, à l’inverse de ses concurrents, IBM possède un vaste panel de technologies, ce qui lui permet de proposer des solutions clés en main et des services afférents. Un moyen pour lui d’accro”tre ses revenus. En dernier ressort, IBM espère aussi, avec EON, sortir d’une logique de déficit structurel du marché du PC (faibles marges, prix bas, volume).

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


RENAUD BONNET et LAURENT SOUNACK