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Hollywood a ses raisons que la micro ignore

L’industrie du cinéma voudrait des barrières légales pour préserver ses produits avant l’essor du haut débit. L’informatique, elle veut débiter du bit. Cornélien…

Lorsque George W. Bush lui-même annonce en août qu’il faut “amener les promesses de la technologie du haut débit à des millions d’Américains”, Hollywood s’inquiète. Normal. Si les films, comme la musique, pouvaient jusqu’ici être téléchargés au mépris des droits de copyright, ce n’était qu’avec difficulté compte tenu des connexions bas débit toujours majoritaires au pays de l’Oncle Sam. Hollywood et ses acteurs ont donc utilisé leur puissance financière pour convaincre les législateurs que sans des mesures législatives appropriées au haut débit, leur survie serait menacée.Le danger concerne les facilités conjointes offertes par le haut débit et les indispensables logiciels de compression de type DivX (qui compte déjà 65 millions d’usagers), qui permettent à eux deux de télécharger un film de près de deux heures en trente minutes seulement, c’est-à-dire trois fois plus vite qu’avec une connexion internet ordinaire.

Contradiction légale

Or la problématique actuelle est qu’aux États-Unis existe une contradiction d’ordre législatif. En 1984, la Cour suprême dans un jugement sur le Betamax de Sony avait reconnu aux usagers le droit de copier des CD ou des programmes de télévision du moment qu’il s’agissait d’un usage raisonnable (fair use). Mais le Digital Millenium Copyright Act de 1998 a fait tout simplement de toute copie d’un produit numérique un crime. Sachant que tout ce qui était analogique en 1984 est devenu aujourd’hui numérique.Mais côté informatique, la situation est différente. Bill Gates, le président de Microsoft, se félicite des propos de Bush. Son intérêt est clair : la X-Box, plateforme multimédia, peut être connectée au réseau et enregistrer de longs fichiers vidéos. Par ailleurs, très récemment, Zoe Lofgren, une parlementaire de San Jose, dans la Silicon Valley, a déposé une loi étendant le concept d’usage raisonnable aux produits numériques. À la croisée des chemins, les technologies placent les sociétés de contenus, les fabricants d’outils de diffusion (PC, plateformes de jeux, etc.) et les fournisseurs d’accès devant des choix cornéliens. Le haut débit et ses logiciels périphériques facilitent le business et les usages… déraisonnables. Ce qui fait dire à Sally Pipes, présidente du Pacific Research Institute de San Francisco, évoquant la proposition de loi Lofgren, que lorsque les points de vue de la “Silicon Valley et ceux de Redmond [siège de Microsoft], font mine de se rapprocher, c’est sûr, le problème est réel.” On dirait du Audiard.* à San Francisco, avec PHB

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Francis Pisani*